Deux ans plus tard, on entend encore parler du « dieselgate », l'affaire des moteurs truqués qui a forcé Volkswagen à se retirer de ce marché. Flairant la bonne affaire, d'autres constructeurs ont décidé de lancer leurs propres véhicules à moteur diesel. Un pari risqué à l'heure où cette technologie n'a jamais eu aussi mauvaise réputation, malgré des progrès colossaux pour la rendre plus efficace. Qui va en sortir gagnant ?

Sur les talons du scandale des moteurs diesels truqués ayant permis à Volkswagen de déjouer les tests d'émissions polluantes du gouvernement américain, en 2015, l'Environmental Protection Agency (EPA) a resserré ses mesures. Et encore aujourd'hui, même si la demande semble à peu près inchangée, les marques vendant des véhicules diesels sont touchées, n'ayant pu ajouter un seul modèle diesel à leur catalogue en ce début 2017.

Pas en voie de disparition... pour le moment. Photo: Reuters

Demande inchangée malgré le scandale

Les constructeurs canadiens ne publient pas les chiffres de ventes exacts en fonction de la motorisation.

Mais comme aux États-Unis, on peut imaginer que c'est l'hécatombe : alors qu'il s'était vendu 4500 véhicules à moteur diesel chez l'Oncle Sam en janvier 2016, un an plus tard, ce total a chuté à... 222.

Dans un marché de 7 millions de véhicules vendus par an, c'est une valeur absolument négligeable.

Qu'est-ce qui motive tous ces constructeurs, hormis le groupe Volkswagen, à se relancer dans l'aventure, alors ? La réponse est étonnante :

Le X5 xDrive35d, toujours offert en version diesel. Ça ne date pas d'hier : le X5 diesel ci-haut est un 2009. Photo: BMW

Au début de 2017, la marque bavaroise a été la première à se sortir indemne des tests de l'EPA. Sa berline de Série 3 ainsi que le gros VUS X5 sont donc à nouveau offerts en version à moteur diesel.

Et les ventes ont repris le rythme d'avant le scandale Volkswagen, dit M. Belcourt. Il ajoute que certains acheteurs, déçus de ne pas pouvoir se procurer un des fameux modèles TDI d'Audi, ou même un diesel BlueTec signé Mercedes-Benz, migrent chez BMW. 

Ce mouvement de la clientèle pourrait faire une différence, à plus long terme : de 2009 à 2015, il s'est vendu tout près 20 000 véhicules TDI par an, au Canada. Environ le quart des Golf et des Jetta vendues par Volkswagen Canada étaient d'ailleurs à moteur diesel.

Un choix pro-pétrole étonnant mais logique

Outre BMW, Chevrolet et Mazda comptent aussi combler le vide laissé par Volkswagen.

La marque américaine mettra en marché avant la fin de l'été une berline compacte, la Cruze Diesel, dont la consommation sur l'autoroute sera particulièrement faible.

Son rival japonais opte plutôt pour une version diesel du CX-5, un petit VUS fort apprécié des automobilistes québécois.

À l'ère de l'électrification des voitures, ces nouveautés étonnent les observateurs.

Chevrolet Cruze diesel 2017. Photo: GM

L'expert en marketing automobile ajoute : « C'est probablement une question de coût. La technologie diesel n'exige pas la même prime que la technologie électrique, par rapport à un véhicule à essence. »

Ça permet de vendre un modèle moins énergivore (les moteurs diesels consomment entre 20 et 30 % moins de carburant qu'un moteur à essence comparable), à un prix de détail moins élevé que celui d'une hybride.

Quant à Mazda, ça fait des années que ses ingénieurs vantent les mérites de leur technologie Skyactiv-D. Le CX-5 est la finalité d'un long processus de développement qui n'aurait pas pu être interrompu si près du but. « J'ai de la misère à imaginer leur stratégie à long terme », conclut M. Arbour, qui croit que Mazda devra tôt ou tard lorgner du côté de la technologie électrique d'un concurrent afin d'équiper ses véhicules.

Entre-temps, et comme c'est le cas depuis une vingtaine d'années, le diesel continue de se tailler une place entre les véhicules à essence et les hybrides...

Le nouveau moteur diesel 2,2 litres du Mazda CX-5. (Photo : Mazda)