Ford semble en train de perdre le sous-traitant qui électrifiait jusqu'à maintenant les fourgonnettes commerciales Ford Transit Connect.

Azure Dynamics, une compagnie qui a un centre de recherches au Canada et son atelier près de Detroit, manque d'argent et s'est placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Elle a mis à pied ses 120 employés et interrompu la production à son atelier dans la banlieue de Detroit. Depuis son lancement en 2010, Azure avait converti environ 500 Transit Connect à l'électricité. Dans son communiqué, Azure affirme qu'elle va tenter de se restructurer et de s'entendre avec ses créanciers. Un porte-parole a estimé que «la compagnie a encore un brillant avenir», mais personne ne sait si la production reprendra ni combien des 120 employés conserveront leurs emplois à Burnaby, en Colombie-Britannique, et à Detroit.

Ce nouveau coup dur pour l'électrification survient après les problèmes techniques et organisationnels de Fisker Automotive, la fermeture temporaire de l'usine GM qui assemble les Chevrolet Volt, le ralentissement des ventes de la Nissan Leaf en Amérique du Nord et d'autres douches froides du même genre qui causent des préoccupations sur la viabilité de cette technologie.

Ford n'a pas de participation financière dans Azure, seulement une entente la reconnaissant comme sous-traitant désigné et lui fournissant des véhicules complètement assemblés, mais sans le moteur à essence qui équipe les fourgonnettes normales. D'un point de vue affaires, Ford n'a pas voulu prendre le risque de produire des Ford Transit Connect électriques. L'essentiel du risque a été assumé par le sous-traitant.

Azure convertit aussi la Ford E-450 (une grosse fourgonnette de la Série E) en véhicules hybrides essence-électricité. Il est clair que Ford ne croit pas tellement à l'hybridation de la Série E comme voie d'avenir immédiate.

L'avenir des Séries E: le diesel?

La déclaration d'insolvabilité d'Azure a suivi de 24 heures l'annonce par Ford qu'elle offrira une version diesel de la nouvelle génération de Série E qui s'en vient l'an prochain sous le nouveau nom de Transit (à ne pas confondre avec Transit Connect, plus petit). On pourra aussi choisir un moteur à essence EcoBoost 6 cylindres de 3,5 litres plus économique qu'un V8. «C'est très important», a dit au sujet du moteur diesel de la Série E Kevin Koswick, le directeur nord-américain des ventes et locations aux entreprises. «Nos clients nous ont dit qu'ils en veulent un, et nous les avons écoutés», a-t-il ajouté mardi, lors d'une entrevue l'émission de télé internet First Shift, du magazine Automotive News.

Il n'y a pas de lien de cause à effet direct entre cette annonce de Ford, mardi, et la fermeture d'Azure mercredi. Mais la coïncidence a valeur de symbole.

Un véhicule très cher

Le problème d'Azure était probablement plus simple : les coûts et le prix. L'an dernier, Azure disait avoir 2200 commandes de Transit Connect Électriques. Si ces commandes tiennent toujours, il y avait chez Azure un problème de gestion des coûts. Le prix d'un Transit Connect électrique est de 65 000 $ (57 500$ en tenant compte d'une subvention fédérale pour les acheteurs américains). C'est très cher. Si Azure n'était pas capable de faire un profit à ce prix, elle n'avait pas la possibilité d'augmenter ce prix. Un Transit Connect Électrique Azure est est déjà le double de la version conventionnelle vendue par Ford. Le Transit Connect à moteur à essence, en version de base, se vend 27 900$ au Canada et 22 000$ aux États-Unis.

Azure avait besoin de nouveaux investissements et voulait se financer en Bourse et c'est là qu'elle a frappé un mur. Azure voulait émettre de nouvelles actions à la Bourse de Toronto, mais la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario a refusé d'autoriser cet appel aux investisseurs. La CVMO estime, après examen du bilan d'Azure, que l'émission de nouvelles actions ne serait «pas dans l'intérêt public».

Ford a indiqué hier au quotidien Detroit News qu'elle va «soutenir les clients» qui ont acheté des Transit Connect électriques. Mais Ford n'a pas dit si elle essaierait de trouver un autre sous-traitant électrique si Azure ne peut reprendre ses activités.

Azure s'est aussi placée sous la protection de la Loi sur la faillite américaine, pour son atelier d'Oak Park, une banlieue de Detroit. L'implantation à Oak Park avait été rendue possible par une subvention de l'État du Michigan et un abattement fiscal de la municipalité, rapporte le quotidien Detroit News, qui a publié la nouvelle de la fermeture un page une de son édition papier d'hier matin.