Même si les ventes de Chevrolet Volt ont connu un regain important durant le mois de février aux États-Unis, General Motors va interrompre la production de sa voiture hybride vedette pour cinq semaines.

C'est ce que révèle le quotidien Detroit Free Press, citant des employés de l'usine de l'usine GM Detroit-Hamtramck, où la Volt est assemblée. Les 1300 employés ont été avisés de la fermeture temporaire à partir du vendredi 16 mars après le quart de travail. General Motors, qui a confirmé la nouvelle à la fin de l'après-midi vendredi, dit qu'elle doit ajuster l'offre à la demande et que l'usine reprendra la production le 23 avril.

Le travail venait tout juste de reprendre à l'usine, le 6 février, après que le congé des fêtes eut été prolongé.

GM a 6300 Volts en stock, soit assez d'autos pour alimenter le marché jusqu'en septembre au rythme actuel des ventes. GM a vendu 1023 Volt en février, 70 % de plus que les 603 vendues au mois de janvier. Mais c'est bien en deça du sommet de 1529 ventes, en décembre 2011.

Enquête et politique

La demande pour cette hybride essence-électrique a baissé durant une enquête de la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) américaine sur les risques d'incendie post-impact sur les Volts accidentées. La batterie d'une Volt utilisée par la NHTSA durant un test de collision avait pris feu spontanément, plusieurs semaines après le test. Aucun incident du genre n'a eu lieu sur la route.

À la fin janvier, la NHTSA a conclu qu'il n'y avait pas de risque. Par précaution, GM a décidé d'ajouter de renforcer le caisson qui protège la batterie dans les nouvelles Volt, mais n'a pas caché sa frustration devant ce qu'elle a appelé «la mauvaise publicité exagérée» autour de cet enjeu.

GM s'est fait aspirer --à son corps défendant-- dans la campagne électorale américaine qui se terminera aux élections présidentielles de novembre prochain. Durant la campagne pour l'investiture du Parti Républicain, la Volt et ses subventions fédérales sont devenues la tête-de-turc de la frange orthodoxe de ce parti de droite, qui la dénonce comme un symbole de l'interventionnisme gouvernemental du président démocrate Barack Obama.

Les ultras-conservateurs reprochent au gouvernement Obama d'avoir investi des milliards de dollars pour sauver GM et Chrysler de la faillite. Selon les analystes, le sauvetage de ces deux constructeurs a protégé environ 1,5 million d'emplois directs et indirects et se soldera par une perte nette de 15 milliards de dollars, sur les 82 milliards investis.

Le mois dernier, le président de GM, Glen Akerson, s'est plaint devant une audience fédérale que la Volt était devenu « un ballon de football politique », qui reçoit des coups de pied non mérités. L'ancien vice-président de GM Bob Lutz, lui-même républicain affiché, a dénoncé le traitement injuste et les allégations inexactes sur la Volt, faites par son parti.

La Volt plus populaire que la Leaf en février

Ironiquement, la fermeture temporaire de l'usine survient alors que la Volt, pour la première fois, a eu de meilleures ventes mensuelles que sa principale rivale, la Nissan Leaf tout électrique, qui s'est vendue à 478 exemplaires en février, en baisse de 41 % par rapport aux 676 de janvier.

GM s'était donné comme cible la vente de 10 000 Volts en 2011, mais n'en a vendu que 7700 (2000 de moins que la Leaf). De plus, GM a abandonné la cible de 60 000 ventes (dont 45 000 aux États-Unis) qu'elle s'était fixée pour 2012, et a indiqué qu'elle produirait seulement les Volt qu'elle pourrait vendre.

GM n'a pas pour autant lancé la serviette au sujet de la Volt. Durant la pause des Fêtes, la compagnie a modifié la chaîne de montage pour produire une version produisant encore moins de CO2 que la version ordinaire. Cette nouvelle mouture se qualifie pour une subvention additionnelle de 1500 $ de l'État de la Californie (en plus des 7500 $ du gouvernement fédéral). Mais surtout, cette Volt plus verte a désormais accès aux voies réservées aux autobus et au covoiturage dans les grandes villes congestionnées de Californie et ce, même si le conducteur est seul dans sa Volt (la Nissan Leaf confère le même privilège).

Les cadres de GM disent que cela sera un argument de vente très puissant dans cet État très environnementaliste.

En janvier, GM a lancé aux États-Unis une campagne de publicité vantant le taux de satisfaction extrêmement élevé des propriétaires de Volt, ainsi que la sécurité du véhicule.

La hausse du prix de l'essence aidera

Par ailleurs, la hausse récente du prix de l'essence aidera certainement les ventes de Volt, tout comme celles de la Nissan Leaf.

L'engouement initial pour la Leaf semble s'être émoussé récemment : il s'en est vendu 954 en décembre dernier, 676 en janvier et 478 en février aux États-Unis.

Au Canada, le lancement de la Leaf se poursuit à petite vitesse en raison d'un approvisionnement restreint. « Nous avons vendu 30 Leaf en janvier et 18 en février, et il y en a environ 240 sur la route à ce jour au Canada depuis le lancement l'été dernier », a dit Didier Marsaud, de Nissan Canada. Les clients peuvent réserver des Leaf depuis décembre dernier et 28 Concessionnaires VÉ (véhicules électriques) canadiens dont 8 au Québec, ont le savoir-faire et l'équipement pour vendre et entretenir des Leaf. La plupart de ces Concessions VÉ ont au moins un modèle de démonstration et Nissan pourra approvisionner à volonté son réseau vers la fin 2013, quand une usine de Leaf ouvrira à Smyrna, au Tennessee. En attendant, toutes les Leaf sont importées du Japon.

Chez GM Canada, où le lancement canadien de la Volt se fait aussi de façon graduelle, on rapporte 293 de ces voitures sur les routes canadiennes, a indiqué Adria McKenzie, de GM-Canada. Il s'est vendu 18 Volts en janvier et les chiffres de février n'étaient pas encore divulgués vendredi. Les livraisons ont repris en février après que l'usine de Hamtramck-Detroit procède à des changements sur la ligne de montage. La Volt sera disponible partout au Canada d'ici la fin de 2012.