L'offre de véhicules dits «verts» - électriques, hybrides ou diesel propre - n'a jamais été aussi abondante. Et les consommateurs commencent à se poser des questions: sur quelle technologie miser? Quels sont les meilleurs modèles? Ma future voiture sera-t-elle dépassée dans deux ans? Stop! Rassurez-vous, il n'y a pas de quoi en perdre son latin. Pas pour l'instant.

L'avènement de nouvelles technologies de propulsion dans l'industrie automobile peut-il perturber le consommateur au point de l'amener à repenser sa démarche d'achat? Certains sont déjà tentés de répondre oui.

«Les gens devraient tenir compte des technologies et faire leur recherche au même titre qu'ils le font pour choisir des bons pneus», croit Éric Brassard, comptable agréé et planificateur financier, auteur de Finance au volant.

L'arrivée de véhicules plus économiques et plus écologiques oblige le consommateur à réfléchir davantage à l'utilisation quotidienne d'une voiture et sur l'économie d'essence qu'il peut réaliser sur une longue période.

On observe que les adeptes des véhicules «propres» ont tendance à affiner leur recherche au moment de l'achat, à se documenter beaucoup plus et à avoir des critères qui ne sont pas d'abord et avant tout financiers. «Pourquoi on achète une voiture hybride aujourd'hui? Par souci de l'environnement, pour les économies ponctuelles et parce qu'on est influencé par les autres - ce dernier facteur ayant été identifié aux États-Unis», explique Yan Cimon, professeur à l'Université Laval et spécialiste de l'industrie automobile.

L'acheteur d'un véhicule vert ne serait donc pas un consommateur ordinaire. «Nos acheteurs agissent dans l'optique de garder la Leaf longtemps, affirme Didier Marsaud, directeur des communications de Nissan Canada. Une Leaf se gère différemment d'une autre voiture. Et une voiture qui fait plus de 30 000 km par année, il faut penser rapidement à la changer. Pas une voiture électrique.»

Interrogations

Même si elles ne sont pas à la portée de tous les portefeuilles, les voitures vertes suscitent une certaine curiosité. Au point où le commun des mortels s'interroge à présent.

Sur la technologie d'abord. «Il n'y a pas de technologies sur le marché qui peuvent susciter de grandes craintes», dit Patrick Bonin, directeur climat-énergie à l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique. Présentes depuis 13 ans sur le marché canadien, les voitures hybrides ont fait leurs preuves et sont reconnues pour leur longévité et leur fiabilité. Elles représentent une option plus que crédible. La Chevrolet Volt et la Toyota Prius branchable, deux véhicules permettant la recharge électrique, confèrent un avantage supplémentaire à cette catégorie.

Technologie éprouvée, le diesel propre séduit légitimement en raison de la consommation d'essence (surtout sur grande route) et des progrès environnementaux réalisés. Ses voitures ont un avantage sur les hybrides: elles offrent plus de couple et de puissance, leur conduite est incomparable. Elles ont deux faiblesses: leur dépendance au pétrole est plus grande et leur prix d'achat plus élevé que celui des hybrides.

La voiture électrique? Chacun connaît ses vertus écologiques. Économiquement, on sait de quoi elle nous affranchit, à un coût d'électricité très raisonnable. Mais elle a deux grandes limites: son autonomie et son prix.

Le meilleur choix

Faut-il alors acheter un hybride branchable cette année au risque de voir sa technologie dépassée dans deux ou trois ans? Ce souci d'une dépense pour une technologie rapidement désuète est inutile. Une voiture n'est ni un ordinateur ni un téléviseur. Il n'y aura pas de percées technologiques à court terme.

«On ne sait pas à quelle vitesse les constructeurs vont proposer des véhicules électriques et des hybrides branchables plus performants qu'aujourd'hui. Dans l'automobile, le processus est très, très lent. Je ne pense pas que d'ici cinq ans il y aura une offre révolutionnaire au point où des véhicules seront devenus obsolètes», affirme Pierre Lavallée, directeur du Centre national du transport avancé.

«Un produit comme un hybride n'a pas un cycle de vie très court sur le marché», rappelle Yan Cimon. Il faudra d'ailleurs attendre 2015 avant de voir Toyota doter sa gamme d'un nouveau groupe motopropulseur hybride «plus compact, plus léger, plus économique et plus puissant».

Combien?

Reste la question financière. Il ne faut évidemment pas s'attendre à une chute des prix des véhicules verts demain matin. «Les prix vont commencer à diminuer quand nos usines vont commencer à produire en quantité industrielle. Les prix ne vont pas chuter de façon considérable», avertit Didier Marsaud, de Nissan Canada, qui souligne que la Leaf sera produite à un rythme annuel de 150 000 exemplaires en Amérique du Nord à partir de 2013. Le rythme annuel mondial est actuellement de 50 000.

«Pour quelqu'un qui veut un contenu vert poussé, c'est à dire qui veut accéder à la toute dernière technologie et économiser à l'achat, il vaut mieux se tourner vers l'hybride et plus particulièrement l'hybride branchable», milite Jesse Caron, responsable de la section automobile à Protégez-Vous.

Selon le magazine, le meilleur compromis actuel sur le marché du véhicule neuf reste une sous-compacte à faible consommation d'essence. «Le prix d'un hybride a diminué, mais il y a encore un supplément à payer. Il faut vraiment être convaincu de son affaire», ajoute M. Caron.

Le choix d'un véhicule reste très subjectif. Qu'il soit vert ou non. «C'est une question de valeur et de valeurs», résume Yan Cimon.