Pour arriver à produire la Model S, Tesla embauche à une vitesse vertigineuse. L'entreprise comptait 400 employés à l'automne 2010, contre 1400 actuellement. Environ 1000 autres employés doivent être embauchés en 2012 pour travailler à l'usine que Tesla est en train d'aménager, à Fremont, en Californie, dans une ancienne usine occupée par Toyota.

Tesla a beau être un constructeur d'automobiles, son bagage génétique est celui d'une entreprise en démarrage de la Silicon Valley. On s'en rend compte rapidement en visitant l'immense pièce à aire ouverte, à l'étage, où s'activent les employés des différents services.

Ingénierie, communications, service à la clientèle, ressources humaines, finances: tout le monde travaille dans la même pièce. Un visiteur non initié qui débarquerait au coeur de Tesla pourrait jurer se trouver dans la salle de rédaction d'une société en démarrage ou d'un réseau social.

«Travailler dans la même salle permet à l'entreprise de bouger très vite, dit Mme Ricketts. Quand un client appelle pour nous donner une suggestion, la personne qui prend l'appel est littéralement à 10 mètres du responsable de l'ingénierie. Les interactions entre les différents départements sont constantes.»

Photo Nicolas Bérubé, La Presse

Les bureaux de Tesla à Palo Alto. Tous les employés travaillent dans la même pièce.

Au centre de l'îlot de l'équipe des ventes se trouve un gong japonais. À chaque fois qu'un client achète une Roadster quelque part dans le monde, quelqu'un sonne un coup de gong et la salle applaudit. «Nous lisons un bref mémo avec le nom de la personne qui a acheté la voiture, son lieu de résidence, etc. Tout le monde est content quand on vend une voiture.»

En prévision de la mise en vente de la Model S, Tesla a mis sur pied un réseau de 20 boutiques dans le monde: on en trouve 11 aux États-Unis, 8 en Europe et 1 au Japon. Bien d'autres verront le jour dans les prochains mois.

Tesla a décidé d'adopter une stratégie qui s'apparente à celle d'Apple: ouvrir des boutiques dans les quartiers centraux et dans les centres commerciaux, où les piétons pourraient arrêter jeter un coup d'oeil, par simple curiosité. Plus petites que des salles d'exposition traditionnelles, les boutiques Tesla misent beaucoup sur la haute technologie et les écrans tactiles, histoire de communiquer un maximum d'info de façon élégante et succincte.

De plus, Tesla a annoncé son intention d'installer des «super bornes» de chargement le long de divers grands axes routiers, en commençant par l'autoroute 5, entre San Francisco et Los Angeles. Avec une recharge de 30 minutes, ces bornes de 90 kilowatts peuvent fournir l'énergie nécessaire pour franchir 250 kilomètres.

La majorité des acheteurs de la Tesla Model S habitent en Californie, et à peine 10% d'entre eux sont des propriétaires de la Roadster. La compagnie voit cela comme le signe que le grand public est prêt à passer au tout-électrique.

Vous l'aurez sans doute déjà compris: Tesla a misé tous ses jetons sur le succès du Model S. L'entreprise compte faire beaucoup de bruit en 2012, et attirera bien des regards.

Et le patron de Tesla, Elon Musk, sait que sa marge de manoeuvre est pratiquement nulle. «Nous devons nous assurer que chaque voiture qui quitte notre usine est impeccable, a-t-il signalé récemment. Nos clients vont nous juger très rapidement sur la qualité initiale du véhicule. Chaque voiture doit être parfaite.»

Photo Nicolas Bérubé, La Presse

Un gong japonais souligne chaque vente d'une Roadster.