Des prévisions irréalistes, des pistes de recherche improbables et beaucoup d'inconnu: GTM Research s'est livré à une analyse sans compromis de l'automobile (plus ou moins) électrique. Cette entreprise américaine spécialisée dans l'étude des technologies vertes renvoie certains à leurs chères études.

À commencer par les cabinets d'analyses et de consultants en tous genres qui y vont chacun de leurs prévisions quant à l'essor de la voiture électrique. Selon GTM Research, les J.D. Power & Associates de ce monde ont tout faux. Tout comme les constructeurs automobiles. GTM souligne que leurs fourchettes de prédictions de ventes varient dans un rapport de 1 à 7 à l'échelle mondiale et de 1 à 10 à l'échelle américaine! Pas un seul n'est clairvoyant.

La raison? Les prévisions pour l'industrie se basent sur sa capacité de production. Ce qui est une erreur. «Les prévisions de production reposent seulement sur les premiers producteurs de véhicules électriques ou hybrides, alors que les retardataires, de grands acteurs comme Volkswagen, sont exclus», dit l'un des auteurs du rapport, Dominic Hofstetter. Les prévisions sont donc incomplètes et «sont aussi le plus souvent inexactes». Il y a en effet une différence entre ce qui est annoncé par un constructeur et ce qui sort de l'usine.

Résultat, d'après GTM Research, on estime de manière excessive que la demande en véhicules verts surpassera l'offre.

Convaincus?

Pour l'équipe de GTM Research, s'il y a un bon nombre de convaincus qui attendent impatiemment leur Volt ou leur Leaf, on ignore tout du nombre de consommateurs ordinaires qui feront le saut vers l'électrique.

«Est-ce que cela importe réellement de savoir s'il y aura 3 millions ou 11 millions de véhicules électriques sur les routes en 2015? Nous pensons que non. L'électrification des transports est inévitable, mais cela pourrait arriver à un rythme plus lent que ce que beaucoup imaginent», écrit M. Hofstetter dans le rapport intitulé Véhicules électriques 2011: Technologie, économie et marché.

Avantage hybride

Les raisons sont connues: absence de réseau de recharge comparable aux postes d'essence, faible autonomie des batteries, coût de la technologie. C'est pourquoi les hybrides branchables ont un avantage sur les véhicules tout électriques, selon GTM Research.

«Les hybrides branchables impliquent des coûts inexistants sur les électriques, mais ceux-ci ne sont pas suffisamment élevés au point de dépasser les coûts de la batterie. Résultat, les hybrides sont offerts à des coûts plus bas que des tout électriques comparables», estiment les auteurs du rapport.

 

Pas gagné pour Tesla et cie

Ceux-ci font remarquer que les entreprises indépendantes se concentrent uniquement sur le tout électrique. Parce qu'il leur est plus simple de concevoir et de produire un tel véhicule, et qu'il leur en coûte moins cher comparativement à la mise au point, à la production et à la recherche de capitaux nécessaires à un véhicule hybride branchable. L'absence de culture d'entreprise leur offre plus de souplesse pour s'adapter à la demande.

Mais ce n'est pas parce que Tesla, Fisker ou Coda investissent le marché automobile qu'il y aura une fragmentation de celui-ci, avertit GTM Research: «Réussir à vendre des voitures requiert plus qu'un bon produit. Cela requiert une organisation des ventes et du service, des garanties sérieuses et un bon bilan comptable. Pour survivre et prospérer, les indépendants devront être plus importants, plus rapides, évitant ainsi d'être avalés par un plus gros acteur ou de disparaître.»

Si la partie n'est pas gagnée pour les jeunes constructeurs, elle l'est encore moins pour les entreprises qui se spécialisent dans la recharge. Elle est même perdue pour Better Place, qui a misé sur des stations d'échange de batteries. Automatisé, rapide, le système permet de s'affranchir de la batterie et de son coût. Mais il se heurte à la variété des modèles de bloc-batterie et des châssis. Et aux coûts astronomiques d'infrastructures et d'exploitation. Et à qui appartient la batterie? Qui assume sa perte d'efficacité? Si on fait des progrès sur la batterie au fur et à mesure que ses coûts baissent, ce genre de station n'aura plus de raison d'être.

«Nous pensons que l'échange de batteries sera sérieusement concurrencé presque partout et ne sera disponible que dans un petit nombre de marchés», conclut GTM Research.

Celle-ci ne croit pas non plus que les véhicules électriques serviront de réseau de stockage d'énergie, car c'est trop compliqué à intégrer commercialement et techniquement. Sans compter que cela nuirait aux batteries.

De quoi alimenter bien des débats...

Photo fournie par Tesla Motors

La Tesla Roadster.