Les constructeurs automobiles grand public trouvent que développer des super-voitures, c'est super cher, super compliqué et un super paquet de troubles. Mais ils reconnaissent aussi que les autos sport de haute performance attirent une attention unique sur la marque et ses technologies de pointe. Surtout si sa technologie est verte.

C'est peut-être pourquoi Ford n'a jamais démenti les rumeurs persistantes qui, depuis plus d'un an, annoncent une deuxième renaissance de la Ford GT. Les nouvelles autos exotiques de Ford seraient des voitures hybrides, une version semi-écolo et entièrement redéfinie des 4038 GT construites entre 2004 et 2006.

La plus récente indication d'un renouveau de la GT arrive d'Angleterre, où le magazine Auto Express a dévoilé des images synthétisées par ordinateur, qu'il présente comme la prochaine GT. Le magazine américain Jalopnik avait indiqué le 13 janvier dernier que la Ford GT de troisième génération serait hybride, ce que Auto Express reprend, avec quelques détails.

Construire l'ancienne GT: tout un aria



Mettre un moteur hybride de haute performance dans une voiture exotique ajouterait encore un niveau de complexité à la GT, qui était équipée à l'époque d'un V8 à turbocompression modulaire fabriqué à l'usine de moteurs de Romeo, au Michigan. Les carrosseries étaient à montées en sous-traitance chez Mayflower Vehicle Systems, de Norwalk, en Ohio, la  peinture était aussi sous-traitée à l'atelier de peinture du préparateur Saleen, à Troy, au Michigan, puis l'assemblage et la finition étaient faits à une quatrième usine, celle de Ford à Wixom, au Michigan. Chaque voiture impliquait 376 km en déplacements avant même l'assemblage final et l'expédition aux concessionnaires.

Construire une Ford GT était l'affaire de quatre usines de trois compagnies différentes, dans deux États différents. On comprend pourquoi Ford a arrêté d'en faire après seulement deux ans. Les patrons de Ford essaieront sans doute de se simplifier la vie s'ils lancent une nouvelle GT. De toute façon, ils n'ont pas le choix, ils ont fermé l'usine d'assemblage de Wixom,, tandis que les sous-traitants Saleen et Mayflower ont mis la clef sous la porte.

Si le prototype révélé cette semaine par Auto Express est vraiment la prochaine Ford GT, c'est  une rupture avec le langage stylistique de la GT de 2005, qui reprenait de nombreux éléments de la GT40 des années 60.

L'image de face montre une voiture dotée d'une gueule béante et de prises d'air sur capot et sur les flancs, qui donnent un look plus moderne au «missile de Detroit». Les phares sont très anguleux, inspirés du kinetic design, la nouvelle identité visuelle de Ford, qui vise à créer une impression de mouvement même quand le véhicule est à l'arrêt.

«La nouvelle GT concurrencera Ferrari, Lamborghini et McLaren, mettant à profit la technologie la plus avancée et une puissance massive sur les accélérations en ligne droite», écrit Auto Express. Rien n'est moins sur. Si le passé est garant de l'avenir, cette concurrence sera marginale et visera surtout les États-Unis.

À part les tous premiers exemplaires produits, qui se sont envolés à des prix de fou, les GT d'antan ont toujours été moins chères que les voitures exotiques européennes et la concurrence visée par les patrons de Ford est probablement les Corvette ZR3 et Z06. Seulement un dixième (442) des 4038 Ford GT produites de 2004 à 2006 ont été vendues hors des Etats-Unis, dont un bon pourcentage au Canada. Bien peu ont roulé en Europe. Les Italiens peuvent dormir tranquille à Maranello et Sant'Agata Bolognese.

600 chevaux-vapeur et un gros risque



Enfin, rappelons que l'investissement dans une voiture exotique est risqué. Juste après le lancement, la demande excède de beaucoup la capacité de production. Mais le cycle de vie des exotiques est relativement court et les grands constructeurs trouvent souvent vexant d'intégrer de la production de petite série à leurs activités. La GT des années-modèles 2005 et 2006 devait être produite à 5500 exemplaires, mais Ford a arrêté la production après en avoir construit 1462 de moins. Le prix de détail suggéré du fabricant était d'entre 140 000 $ et 150 000 $. Dieu sait combien une hybride coûtera.

C'est pourquoi Ford ne le ferait probablement pas si la nouvelle GT hybride n'était pas une façon de mettre en valeur ses technologies vertes, qui font partie d'une initiative commerciale majeure. On en a vu une partie au dernier Salon de l'auto de Detroit et au Consumer Eletronics Show de Las Vegas, en janvier : Ford y a dévoilé deux C-Max hybrides et la Focus tout électrique, trois voitures que l'«Ovale bleu» veut utiliser pour réussir une tête de pont dans le marché naissant de l'auto entièrement ou partiellement électrique. Ces voitures s'ajoutent à la Fusion hybride et au Escape hybride déjà sur le marché.

Le magazine Auto Express spécule que la nouvelle Ford GT hybride aurait un moteur V8 central (comme toute auto sport de luxe qui se respecte) épaulé par un moteur électrique exerçant sa force sur l'essieu avant ; il évoque une puissance totale de 600 chevaux-vapeur. Du côté carrosserie, on suppose des emprunts à la voiture-concept Ford GT90 présentée au salon de Detroit de 1995 : la GT serait faite surtout d'aluminium et de matériaux composites. On avance un poids de 1400 kg, 200 de moins que la GT de la génération précédente.

Reste à savoir quand Ford dévoilera la nouvelle GT. Si la compagnie annonce de nouveaux véhicules hybrides ou tout électriques au prochain Salon de l'auto de Genève, ne soyez pas surpris d'y voir aussi la nouvelle GT réincarnée en hybride.

Source :

Auto Express

Cleveland Ohio Business News



Autoblog

Ford et Wikipedia.