La hausse du dollar canadien par rapport au dollar américain et une réglementation trop sévère à l'égard des petites voitures électriques sont en train de tuer cette industrie au Canada.

Après le rachat par une société pakistanaise de Dynasty Electric Car, une entreprise de Colombie-Britannique, la société ontarienne Zenn, qui assemble ses véhicules à Saint-Jérôme, au nord de Montréal, est menacée du même sort.

Pour Saint-Jérôme, qui possède une forte concentration d'entreprises spécialisées dans les technologies de transport avancé, ce serait une douloureuse nouvelle.

Surtout à une époque où le prix élevé du carburant pousse de plus en plus d'automobilistes à chercher des options au moteur à essence et où la voiture électrique, même si elle ne peut atteindre que 50 ou 60 km/h, ferait plaisir à plusieurs consommateurs.

Il y a environ six mois, le président de Dynasty Electric Car, Danny Epp, a annoncé que son entreprise désirait cesser sa production au Canada et songeait à déménager outre-mer. Déjà à ce moment, il était excédé par le manque de volonté du gouvernement canadien de réviser sa loi concernant les voitures électriques à basse vitesse. «Nous n'avons droit à aucun soutien de la part du gouvernement fédéral», a-t-il confié à l'époque à un reporter de la CBC.

Dynasty a été coincée dans un contexte plutôt difficile, puisque ses ventes s'effectuaient aux États-Unis. Un dollar à parité a changé la donne. «On ne fabrique que 30 ou 40 voitures par an et vous ne pouvez pas faire beaucoup d'argent avec ça», a déclaré M. Epp.

De son côté, le fondateur de Zenn, Ian Clifford, en a jusque-là des manigances d'Ottawa à l'égard de ses produits: «Chaque fois c'est une nouvelle histoire. Ils nous envoient des bâtons dans les roues à chaque nouvelle tentative de faire homologuer une voiture électrique pour les routes canadiennes.»

Relancer l'industrie automobile

Si la Zenn tente toujours de percer le marché canadien, la Dynasty, elle, ira plutôt voir du côté du Pakistan, puisque l'entreprise a été rachetée par un constructeur pakistanais du nom de Karakoram Motors. Spécialisée dans la fabrication de petits camions, l'entreprise estime qu'elle devrait pouvoir générer des profits rapidement, elle qui compte faire grimper à 5000 unités par an sa production de voitures électriques.

À ce train-là, elle pourra vendre à un coût moindre des voitures aux États-Unis, en Europe et dans des pays d'Asie qui sont davantage ouverts à ce type de véhicule, comme la Chine et la Thaïlande.

En Thaïlande, une réglementation plus qu'invitante pour les fabricants de voitures moins énergivores est en train de donner naissance à une industrie automobile nationale. Le gouvernement thaïlandais a annoncé l'été dernier qu'il réduirait l'impôt de tout constructeur qui ouvrirait une usine capable d'assembler des voitures consommant moins de 6 L/100 km, et émettant moins de 192 grammes de CO2 par kilomètre. Honda, General Motors et Tata Motors ont démontré de l'intérêt et songent à construire des usines en Thaïlande.

La Thaïlande exige pourtant qu'on y construise des usines d'une valeur d'au moins 150 millions de dollars, qui produiront au bas mot 100 000 véhicules par an, au plus tard cinq ans après leur mise en activité.

Pendant ce temps, le Canada refuse d'autoriser les voitures électriques à basse vitesse sur ses routes secondaires, faute d'avoir une définition claire de ce que signifie cette expression. Les constructeurs, qu'ils n'emploient que 16 personnes, comme Dynasty Electric Car, ou des dizaines de milliers, comme General Motors, ferment leurs usines. Et les automobilistes n'ont d'autre choix que de payer de plus en plus cher pour faire le plein.