La multiplication des contrôles fiscaux en Italie pousse de plus en plus de propriétaires de voitures de luxe à restituer leur véhicule par crainte d'attirer l'attention des autorités, a rapporté le journal Corriere della Sera jeudi.

Les Italiens sont de plus en plus nombreux à se débarrasser de leurs coûteuses et voyantes grosses cylindrées, les échangeant contre des véhicules plus discrets, pour éviter les contrôles surprises du fisc, qui se sont accélérés depuis janvier un peu partout dans la péninsule.

Dans le Corriere, un concessionnaire de voitures de luxe à Milan confirme: «Depuis décembre une trentaine de propriétaires se sont présentés chez nous pour nous demander de reprendre leurs voitures car il craignaient de subir des contrôles approfondis de la part du fisc.»

En début de semaine, Domenico Minervini, commandant de la police financière de l'Emilie-Romagne (Italie du centre), a clairement évoqué le phénomène en affirmant: «Le fisc commence à faire vraiment peur».

«Beaucoup de citadins rapportent leurs prestigieuses cylindrées en invoquant la crise mais en fait ils ont peur et commencent ainsi à éliminer les traces de leur profil de gros contribuables alors qu'ils ont probablement déclaré des revenus beaucoup plus bas jusqu'à présent», a-t-il expliqué.

«Cette semaine, je me suis fait arrêter deux fois par la police. Désormais je roule avec ma déclaration d'impôts, ainsi je peux leur montrer que je peux me permettre ma Lamborghini», a témoigné un riche automobiliste dans le Corriere della Sera.

«Après avoir infligé en vain plusieurs contraventions à de grosses voitures garées sur nos pistes cyclables, nous avons menacé de transférer au fisc leur numéro de plaque d'immatriculation pour «vérifications». Cela a suffi à les faire définitivement disparaître», racontait récemment à la presse étrangère le maire de Milan, Giuliano Pisapia.

En 2011, 110 855 voitures de luxe ont été immatriculées en Italie. Suite à 2806 contrôles croisés avec la déclaration d'impôts des propriétaires, le fisc a pu effectuer des redressements pour plus de 68 millions d'euros, indiquait l'hebdomadaire Panorama dans une enquête publié récemment sur ce sujet.

Le gouvernement de Mario Monti a fait une priorité de la lutte contre l'évasion fiscale, fléau évalué en Italie à quelque 120 milliards d'euros par an.

Les contrôles se sont accélérés, démarrant début janvier dans la prestigieuse station de ski de Cortina, où les inspecteurs du fisc ont notamment contrôlé les propriétaires de près de 250 voitures de luxe de grosse cylindrée.