C'est fou: avec un V6, la TSX d'Acura élargit son auditoire, mais dissipe aussi le flou entourant la Maxima. Et pour cause. Depuis sa refonte, l'an dernier, la Nissan échappait à toute comparaison directe avec tout ce qui roule sur le marché.

La Maxima et la TSX sont des tractions et sont vendues dans la même fourchette de prix. En revanche, l'Acura défend les couleurs d'une marque en quête de noblesse, comme en fait foi notamment sa garantie plus généreuse (quatre ans/80 000 km comparativement à trois ans/60 000 km) et repose sur une «acurisation» de la Honda Accord européenne; pour sa part, la Maxima adopte le châssis éprouvé (et modifié) de l'Altima.

 

Consultez la galerie complète du match du mois entre la Nissan Maxima et la Acura TSX V6.

 

Même si elle a forci de partout, cette deuxième mouture de la TSX ne parvient pas à offrir un habitacle aussi spacieux que celui de la Maxima. La Nissan prend l'ascendant sur sa rivale dans tous les domaines de comparaison, notamment à l'arrière où elle se révèle suffisamment vaste pour accueillir confortablement deux adultes. À l'avant, on apprécie aussi le moelleux des sièges et l'arrondi des dossiers, mais le conducteur de taille moyenne a du mal à trouver une position de conduite correcte. Les commandes du siège sont difficilement accessibles, le «cou de girafe» de la colonne de direction ne semble jamais se recroqueviller suffisamment, et il y a ce tableau de bord dont la hauteur gênante invite à transformer le baquet du conducteur en chaise haute. On finit par s'adapter, mais la Maxima plaira davantage aux gens de grande taille.

 

À bord de la TSX, on apprécie immédiatement la qualité de fabrication irréprochable, le soin apporté aux détails. On se désole néanmoins que les stylistes n'aient fait que du conventionnel, une fois de plus. Soulignons tout de même le plaisir de découvrir une position de conduite irréprochable, des baquets joliment sculptés (mais fermes et comme ceux de la Maxima, difficiles à ajuster) et une instrumentation à la fois complète et facile à consulter. On ne peut en dire autant de certaines commandes (celles de la stéréo, notamment) d'une complexité sans nom. Même si son blason est moins noble, la Nissan affiche, elle aussi, une présentation intérieure valorisante. Les ajustements sont précis et la texture des matériaux (de la mousse dans la partie supérieure du tableau de bord) est de son temps. En revanche, le dessin du tableau de bord n'est pas très réussi et est inutilement complexe.

 

La Maxima propose un plein catalogue d'accessoires. Plusieurs groupes sont coûteux (2050$ à 2800$). C'est donc dire que la plus équipée des Maxima coûte presque aussi cher qu'une Infiniti! La TSX en beurre épais, elle aussi. À ce sujet, jetez un oeil sur les frais exigés pour le transport et la préparation du véhicule; ça frise l'indécence!

 

 

Une question d'adhérence

 

Comme c'est souvent le cas chez Honda (pardon, Acura), la mécanique séduit par son brio et sa souplesse. Preuve qu'il y a toujours une exception à la règle, le six-cylindres de 3,5 litres de la TSX se révèle moins tonique et moins volontaire que le moteur de la Maxima. Coiffé de deux arbres à cames en tête (un seul dans l'Acura), le 3,5 litres de Nissan affiche un tempérament plus musclé qui, contre toute attente, se traduit aussi par une consommation moins élevée.

 

Nissan a recours à une boîte à variation continue (type CVT) dont le rendement déconcerte au départ (l'aiguille du compte-tours demeure stationnaire alors que celle de l'indicateur de vitesse poursuit son ascension); cependant, son rendement ne prête flanc à aucune critique particulière. Chez Acura, on mise sur une boîte semi-automatique à cinq rapports efficace et sans histoire, mais qui aurait sans doute grandement bénéficié d'un rapport supplémentaire pour abaisser à la fois la consommation et le niveau sonore.

 

La mince avance de la Maxima au chapitre des performances et de la consommation ne suffira pas à contenir la TSX au terme d'un essai sur route. En fait, la Maxima ne manque pas de coeur, mais de jambes. Malgré des efforts bien sentis, le train avant éprouve toujours beaucoup de difficulté à canaliser l'énergie d'une telle cavalerie sur une mauvaise chaussée. Il suffit de clouer brusquement l'accélérateur au plancher et les roues avant amorcent un semblant de dérive aussitôt bloquée par des aides électroniques. En revanche, sur une chaussée sèche, la Maxima ne laisse pas deviner l'emplacement de ses roues motrices, si ce n'est dans les virages serrés négociés rapidement, seuls endroits où la motricité est mise en mal. Globalement, la TSX fait mieux et, sur le plan dynamique, elle peut pavoiser. Son châssis, habilement réglé, la rend particulièrement agréable au quotidien. Saine, équilibrée, prévisible: autant de qualificatifs qui collent au comportement routier de cette Acura. En revanche, elle se révèle un brin moins agile que sa rivale en ville en raison de son diamètre de braquage élevé.

 

Photo Robert Mailloux, La Presse

Tableau de bord de la Acura TSX V6.

Si elle ne demande qu'à être amenée à bonne allure, la TSX se garde bien, contrairement à la Maxima, de nous faire vivre pleinement les sensations qui vont avec. Mais peut-on véritablement reprocher à l'Acura son tempérament plus effacé à une époque où la tendance est aux voitures hyper assistées et plus faciles à conduire? Dans ce domaine, le dispositif de stabilité électronique de l'Acura fait de l'excellent travail et chaque intervention se fait avec souplesse et rapidité. Pour plus d'émotions, il est toujours possible de mettre cet «ange gardien» hors d'usage en appuyant sur une touche au tableau de bord ou de prendre le volant de la Maxima...

 

Même si la direction de la TSX permet de prendre les virages avec précision, elle ne transmet guère les informations qui permettraient de bien sentir l'adhérence; elle demeure toutefois plus sensible que celle de la Maxima dont la direction, à démultiplication rapide, procure un toucher de la route moins assuré. En revanche, les éléments suspenseurs de la Nissan sont correctement réglés et le véhicule offre un meilleur compromis entre confort et tenue de route que l'Acura.

 

Au fil d'arrivée

 

La Maxima grimpe en tête dans la dernière étape de ce match, mais se fait coiffer au fil d'arrivée par la TSX qui, sans être vraiment supérieure comme en font foi les points attribués par nos essayeurs, offre une garantie plus étoffée, une valeur résiduelle plus élevée, un rapport prix/accessoires plus avantageux et une fiabilité légèrement supérieure. En fait, l'Acura doit sa victoire à sa plus grande homogénéité. La Maxima, plus capricieuse sur une chaussée à faible adhérence en raison des errances de son train avant, se fera surtout apprécier pour son caractère et sa plus grande fonctionnalité (habitabilité et coffre). En revanche, malgré d'indéniables qualités intrinsèques, son prix est trop élevé, à notre avis. Comme quoi une roturière ne peut, du jour au lendemain, frayer avec l'aristocratie.

 

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L'auteur tient à remercier Jean-François Guay de sa précieuse collaboration à ce match.

Photo Robert Mailloux, La Presse

Tableau de bord de la Maxima.