Dans une catégorie (celle des compactes) dominée par le classicisme, les 5 portes font le bonheur des automobilistes qui veulent rouler de façon différente, mais elles rendent aussi heureux ceux qui apprécient la polyvalence que leur procure une carrosserie à hayon, concept développé il y a plus de 40 ans par Renault. Vous vous rappelez la R16? C'est elle qui a donné naissance à l'ère du fonctionnalisme en Europe.

Ce type de carrosserie alliant l'esthétique de la berline aux avantages de la familiale n'a pas connu jusqu'ici beaucoup de succès en Amérique du Nord, sauf au Québec. À l'extérieur des frontières de la Belle Province, la carrosserie bicorps a toujours été considérée comme la robe des automobiles bon marché ou, au mieux, marginales.

Voyez les notes

Depuis quelques années déjà, plusieurs constructeurs planchent sur la carrosserie à hayon, mais plus seulement pour vêtir des automobiles bas de gamme. Par exemple, BMW nous présentera sous peu sa 5 GT, alors que Porsche enrichira sa gamme d'une Panamera cinq portes à l'automne.

Jolies et fonctionnelles ?

C'est bien connu, on ne change pas une formule gagnante. Cependant, les retouches apportées à la Mazda 3 Sport pour 2010 suffiront-elles à repousser les attaques de ses deux concurrentes d'un jour? Rien n'est moins sûr et les Subaru Impreza et Mitsubishi Sportback que nous lui opposons dans le cadre de ce match pourraient très bien jouer les trouble-fêtes?

La présentation intérieure de la 3 Sport marie design italien (la forme des compteurs rappelle ceux des Alfa Romeo), équipements de pointe (essuie-glace avec capteurs de pluie, phares au Xénon, etc.) et une finition visiblement inspirée des normes allemandes. L'effort porté sur la qualité saute aux yeux. Le grain des plastiques et le soin apporté à l'assemblage en font aujourd'hui l'une des références dans la catégorie des compactes, en matière de qualité perçue.

La Mitsubishi Sportback n'éprouve aucun mal à tenir tête à ses rivales sous plusieurs rapports. En fait, elle fait mieux au chapitre de l'habitabilité, du volume du coffre (et de sa modularité). Toutefois, la qualité de sa finition se trouve à la remorque de ses deux concurrentes. Les accostages des plastiques (et des tôles aussi) ne sont pas aussi soignés que sur les deux autres. En revanche, sur le plan pratique, la Sportback éclipse (sans jeu de mots) ses rivales. Son aire de chargement est, de loin, le plus vaste de tous. Faisons de cette fleur un bouquet et ajoutons que la Mitsubishi est la seule à nous faire bénéficier de tirettes afin de basculer les dossiers de la banquette de l'intérieur du coffre et d'un plancher modulable en hauteur qui n'est pas sans rappeler la valise rouge des soeurs Lévesque. À trop vouloir privilégier l'harmonie de ses lignes, la 3 Sport sacrifie le volume de son coffre alors que celui de l'Impreza souffre d'une faible hauteur utile en raison d'un plancher juché trop haut (rouage intégral oblige).

Pas très pratique l'Impreza ne dégage pas non plus une impression très flatteuse en raison de la qualité des plastiques qui habillent son habitacle. D'autant plus que ceux-ci se rayent facilement. De plus, à l'exception d'une bande de plastique qui tente sans succès d'imiter le métal, l'habitacle de l'Impreza ne prend hélas des couleurs que la nuit, avec le rétro-éclairage des instruments et des commandes.

De trois, c'est la Mazda qui propose la position de conduite la plus agréable. Elle bénéficie de tous les réglages indispensables (colonne de direction pivotant sur deux axes, assise réglable). Le tableau de bord et la console centrale offrent des espaces de rangement pratiques et s'avèrent très bien agencés. À l'exception de la radio, toutes les commandes sont un modèle de simplicité et de précision. Pénalisée par une colonne direction inclinable seulement, la Mitsubishi colle la Mazda de très près. Quant à l'Impreza, il y en a long à dire sur le sentiment de confinement ressenti à l'avant, surtout pour l'occupant du baquet de droite, qui ne s'élève pas, contrairement à celui de gauche. Ce siège fait face à un tableau de bord aux allures de gratte-ciel. Les personnes de petite taille y verront un inconvénient, et les plus grands pesteront contre le dégagement réservé à leurs jambes. Les espaces de rangement ne sont pas légion.

Dynamisme et pneumatiques

À ce stade-ci de notre confrontation, nos trois protagonistes font pratiquement jeu égal. Aucune ne parvient à se détacher du peloton. La Sportback pointe en tête du classement provisoire devant la 3 Sport et l'Impreza 2,5i. Un avantage qu'elle ne saura pas préserver au terme de nos essais sur route. En effet, malgré sa cylindrée inférieure (2,4 litres), le moteur de cette Mitsubishi est en partie pénalisée par son poids. Les accélérations et les reprises en souffrent, la consommation aussi comme en fait notre tableau. On se console cependant avec la boîte manuelle à l'étagement précis et à l'embrayage agréable. À ce sujet, nous vous invitons à privilégier cette boîte à l'automatique à variation continue (CVT) offerte en option.

Le rendement du quatre cylindres à plat de 2,5 litres de l'Impreza n'a guère impressionné nos essayeurs. Reconnu pour sa robustesse et sa puissance, ce «boxer» manque de vélocité, de souplesse et de caractère. Bien entendu, la boîte manuelle permet le mieux de tirer la quintessence de cette mécanique, mais sa commande caoutchouteuse et imprécise nous fait rêver de la boîte automatique. Elle n'est pas parfaite, elle non plus, mais sa programmation permet de soutirer le meilleur de la mécanique et du rouage intégral qui l'accompagne. On lui reprochera toutefois de ne pas compter un rapport additionnel (seulement quatre), ce qui aurait permis de ré-étager la boîte pour améliorer à la fois les accélérations, les reprises et surtout l'économie de carburant qui, sans être catastrophique, demeure en deçà des attentes des acheteurs de compactes.

Même s'il n'a jamais été reconnu comme un grand motoriste, Mazda glisse sous le capot de la 3 Sport, une évolution de son 2,3 litres. Cylindrée accrue (200 cc), ce «nouveau» 2,5 litres monte en régime avec enthousiasme et signe les meilleures accélérations et reprises de ce match. De plus, la transmission manuelle, qui l'accompagne de série, est correctement étagée et le levier est d'une irréprochable précision. De plus, des trois, c'est elle qui offre la boîte automatique la plus efficace.

À défaut de nous séduire par son groupe motopropulseur, la GTS s'est rachetée à nos yeux sur la route. Saine, équilibrée, cette Lancer a les qualités dynamiques voulues pour faire jeu égal, sinon de l'ombre à ses concurrentes. Surtout dans sa livrée GTS, qui profite d'une barre stabilisatrice à l'arrière et de pneus de dimensions généreuses. Tenue de route solide, comportement prévisible (même sous la pluie), cette Lancer s'inscrit avec précision dans les virages. Sans broncher. Même si cela n'est qu'une observation purement subjective, ce châssis figure assurément parmi les plus rigides de cette catégorie. Toutefois, il importe de préciser que la monte pneumatique de la Sportback est, de loin, la plus performante des trois véhicules essayés. Et la plus coûteuse aussi à remplacer, ne manqueront pas de souligner les plus pragmatiques.

L'Impreza ne soulève pas les mêmes passions, loin de là. Sa direction précise, son assistance bien dosée et son court rayon de braquage rendent cette Subaru particulièrement agile. Ses éléments suspenseurs sont également bien calibrés. Ils limitent au minimum les mouvements de caisse, mais ne parviennent pas cependant à lisser les imperfections de la chaussée avec autant de succès que les deux autres. En d'autres termes, «ça porte un peu plus dur». L'expérience nous a cependant appris que pour pleinement apprécier une Subaru, il faut la sortir un jour de tempête. Dès lors, il est clair que dans quelques mois, lorsque ses rivales zigzagueront, patineront et valseront sous les intempéries, l'Impreza, aidée par son excellent rouage intégral, triomphera.

Les liaisons au sol de la Mazda privilégient le dynamisme et la précision. Un brin plus sèche au passage des bosses, la 3 Sport offre des sensations de conduite beaucoup plus enthousiasmantes: train avant incisif, châssis équilibré et mouvements de caisse mieux contrôlés. De plus, la direction permet de tailler les virages avec force et précision. En revanche, le freinage manque de dents par rapport aux deux autres et la 3 s'immobilise moins rapidement que les deux autres.

Passons à la caisse

La Mazda 3 Sport remporte non seulement la deuxième manche de ce match, mais prend la tête du classement provisoire. Position qu'elle conservera jusqu'au fil d'arrivée en signant, une autre victoire, dans cette section budget. Ses tarifs plus économiques jumelés à un plus grand nombre d'accessoires et à une consommation moindre lui assurent la victoire.

Cependant, contrairement à son ancêtre, la nouvelle 3 Sport ne domine pas aussi outrageusement ses concurrentes. D'ailleurs, la Sportback, loin de démériter, se classe deuxième à seulement 0,6 point de la gagnante. Plus polyvalente, plus pratique et mieux garantie, la Mitsubishi pêche notamment par une qualité de fabrication inégale et un service après-vente qui l'est tout autant.

Quant à l'Impreza, son prix élevé, son sens pratique peu développé et son agrément de conduite moyen (sur chaussée sèche) expliquent sa troisième place au classement général. Reste qu'elle demeure la plus sérieusement construite des trois et, de loin, la plus agréable et la plus sûre à conduire en toutes saisons.

L'Auto tient à remercier Jean-François Guay, Claude Rémillard et Daniel Charrette pour leur contribution à la réalisation de ce match. Nos remerciements à Isabel Larivière et l'équipe du Lieu historique national du Canada du Fort-Chambly.