Depuis trois semaines, General Motors affirme qu'elle souhaite se restructurer sans se déclarer insolvable, mais elle multiplie les mises en garde qu'elle pourrait quand même se placer sous la protection de la Loi américaine sur les faillites. Fritz Henderson, le patron de GM, a même indiqué que l'insolvabilité de GM est maintenant probable.

Pour parer à cette éventualité, GM a déjà acheté une adresse internet, où elle pourrait afficher la quantité phénoménale de documents juridiques publics qui viendraient s'empiler dans les semaines suivant sa déclaration d'insolvabilité.

GM a acheté le nom de domaine www.gmrestructuring.com révèle le magazine en ligne Jalopnik.com. Si on la tape dans barre d'adresse, on tombe sur une page blanche, mais l'adresse marche.

Une recherche sur WHOIS (une sorte d'annuaire mondial des adresses internet) montre qu'elle a été prise par GM le 6 avril. Comme le font remarquer les rédacteurs du magazine Jalopnik, le contact technique du site est EDS (Electronic Data Systems), l'ancienne filiale de services informatiques de GM, qui est demeurée fournisseur de services internet de la firme de Detroit après avoir été vendue.

Une faillite ou une déclaration d'insolvabilité est un processus qui se passe devant un juge, et comme toutes les procédures judiciaires, c'est très détaillé et tous les documents sont du domaine public : les créanciers et les montants réclamés; la description détaillée des actifs à liquider, les propositions aux créanciers; chaque requête déposée aussi bien par la compagnie insolvable que par les créanciers. Et comme c'est un processus litigieux où un juge doit trancher de nombreux enjeux, on y trouve éventuellement toutes les décisions successives du tribunal de faillite, jusqu'à la fin du processus.

Avec une compagnie aussi énorme que GM, qui attirera des consultations en ligne par milliers, il faudrait plusieurs serveurs internet aussi puissants que celui de La Presse. Juste la liste des créanciers et leurs documents de réclamations prendraient des milliers de pages. Absolument tous les documents ne seront pas nécessairement affichés en ligne, mais l'essentiel y sera.

Si vous voulez voir de quoi a l'air un site de faillite-insolvabilité-restructuration, allez voir www.chryslerrestructuring.com. C'est déjà assez substantiel, et le site n'a que deux semaines.

Durant ce processus, qui semble maintenant inéluctable, GM procèderait à une restructuration : les actifs sans valeur (des usines fermées, des noms de marque comme Oldsmobile ou Pontiac, le cadre avec la photo de l'ancien président Rick Wagoner, peut-être la collection de voitures du musée GM) et les milliards de dettes qu'elle ne peut rembourser seraient mis dans une coquille juridique à part, puis liquidés par encan ou appel public.

Les bons actifs (Chevrolet, Cadillac, Buick, GMC, les usines les plus récentes) seraient regroupées dans une «New GM» sans dette et beaucoup plus petite.

Les créanciers auraient droit à quelques sous dans chaque dollar de créances, probablement sous la forme d'actions de la «New GM» qui émergerait de tout cela, dans un état que personne ne peut tout à fait prévoir.

Un des commentaires affichés après l'article de Jalopnik parie que la nouvelle GM appellera «Phénix» le premier nouveau modèle qu'elle lancera après sa restructuration.



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