La tension monte chez GM et Chrysler. Dans quelques heures, ces deux sociétés automobiles sauront si elles ont convaincu ou pas le gouvernement Obama qu'elles méritaient «une nouvelle chance» et les quelques milliards de dollars supplémentaires qu'elles réclament.

La réponse est «sans doute», mais reste à voir les conditions fixées par l'État fédéral avant d'ouvrir une nouvelle fois ses goussets.

 

Rappelons que General Motors réclame une enveloppe totale d'aides publiques de 30 milliards de dollars (13,4 milliards ont déjà été versés) pour éviter de devoir se placer sous la protection du régime de sauvegarde prévu par la loi sur les faillites. Chrysler a, de son côté, demandé cinq milliards de dollars supplémentaires aux quatre milliards déjà obtenus.

Selon plusieurs analystes, le plan des deux sociétés s'avère «un pas dans la bonne direction», mais tout de même fort incertain, car basé sur une hypothèse d'une reprise économique prochaine. Un avis notamment partagé par les porteurs d'obligations de General Motors qui, dans une lettre ouverte adressée aux deux coprésidents du groupe spécial chargé de l'automobile, sont d'avis que «l'entreprise croit trop à un retournement économique, à court terme, qui ramènerait les ventes d'automobiles à leurs niveaux d'avant la crise. Nous ne sommes pas sûrs que ce plan parviendra à éviter au groupe de sombrer dans la faillite».

Par ailleurs, il y a quelques jours, dans une entrevue qu'il a accordé au quotidien Detroit Free Press, le conseiller spécial du président américain sur la restructuration de l'industrie automobile, Steven Rattner, a souligné que la date du 31 mars n'est pas gravée dans le marbre. «Il est tout à fait possible (...) que l'on n'assiste pas à une annonce unique à un moment donné (...), mais plutôt à une série de mesures s'étalant sur une période raisonnablement longue pour résoudre ce problème.»

Signe de cette ouverture, le soutien fédéral de cinq milliards de dollars accordé la semaine dernière aux sous-traitants de l'industrie automobile démontre que le gouvernement n'est guère désireux de pousser les deux constructeurs à la faillite. Mais cette mesure, aussi encourageante soit-elle, n'est que la pointe de l'iceberg. General Motors et Chrysler pourraient avoir besoin d'une aide publique «considérablement» supérieure aux montants demandés jusqu'ici, a indiqué Steven Rattner sur la chaîne de télévision Bloomberg.

«Nous n'avons pas terminé d'analyser ces plans et je ne suis pas ici pour me prononcer à ce sujet. Mais, comme toutes les équipes de direction, elles ont tendance à retenir une vue raisonnablement optimiste - plutôt optimiste peut-être - de leur activité», a-t-il ajouté. «Donc cela pourrait être plus, je ne peux pas l'exclure, et je ne sais pas quand les contribuables récupéreront leur argent», a dit M. Rattner.

Et voilà ce qui inquiète le président américain qui sait trop bien que beaucoup de ses commettants sont favorables à la mise en faillite pure et simple de ces deux constructeurs. Un scénario susceptible de s'écrire un jour, mais pas demain, qui sera sans doute consacré à de nouvelles suppressions d'emplois ainsi qu'à d'autres fermetures d'usines et - dans le cas de GM - à la cession de certaines marques.