Les ventes sont discrètes, et Mercedes-Benz espère que l'avènement du moteur diésel à technologie Bluetec en 2009 relancera la carrière de son excentrique véhicule.

Pourtant, la solution ne passait pas nécessairement par la diésélisation. En effet, si les stylistes avaient osé lui greffer dès ses débuts, en 2006, deux portes coulissantes à l'arrière, la Classe R aurait sûrement passé à l'histoire. Il ne fait aucun doute qu'elle serait devenue l'«Autobeaucoup» des gens riches et célèbres, pour aller reconduire les enfants à l'aréna, au terrain de soccer ou à l'école privée.

Retouches extérieures

Avec sa calandre redessinée, ses nouveaux optiques ovoïdes et son petit pli qui remonte sur les flancs, sa tête d'enterrement a fait place à une bouille plus souriante et plus sympathique à regarder. Derrière ses immenses portières (attention aux espaces restreints, notamment dans les stationnements) nous attendent des baquets individuels.

Confortables mais un peu trop fermes pour les longs trajets, les sièges de la deuxième et de la troisième rangée peuvent s'escamoter en un tournemain pour augmenter le volume de chargement à 2366 litres, soit le plus grand espace de chargement de tous les véhicules de promenade Mercedes-Benz. Cependant, lorsque tous les baquets sont occupés, la soute à bagages ne peut contenir que 295 litres, soit l'équivalent d'une sous-compacte...

Vos bagages seront peut-être à l'étroit, mais rassurez-vous, vos passagers, eux, voyageront comme s'ils étaient à bord d'une limousine. Sauf ceux qui se trouveront complètement derrière, où l'accès est problématique et où le dégagement est compté. Pour les yeux et le toucher, le nouvel habitacle est un régal: tableau de bord revêtu de matériaux légèrement moussés, volant en cuir multifonction, boiseries en peuplier, compteurs fuselés, etc. Bref, tout respire la qualité et le raffinement. On se sent d'autant mieux à l'intérieur quand le véhicule est équipé du grand toit ouvrant panoramique, une option de 1200 $. Oui, encore une fois, avec cette Mercedes, les options sont nombreuses et coûteuses et, hélas pour votre portefeuille, parfois indispensables.

Compte tenu du gabarit de la R, la caméra de recul (900 $) est indispensable pour éviter de plisser ses tôles. Qui plus est, il est difficile de dire non à la climatisation arrière (1800 $) pour le bien-être de vos passagers, aux phares bi-xénon (1675 $) pour votre sécurité et au système de divertissement DVD (2800 $) pour votre marmaille.

Origines connues

Même si elle partage ses composantes mécaniques avec les utilitaires de la gamme Mercedes, les ML et GL, la R n'a aucune prétention hors route. La Classe R joue plutôt la carte de l'agrément sur route et pour de longues distances. Côté motorisation, le V6 de 3,5 litres est de retour, alors que le V8 de 5,5 litres prend le chemin des douches. Quant à l'obscure et rarissime version AMG à moteur V8 de 6,2 litres et 503 chevaux, sa carrière n'aura duré qu'un printemps (en 2007). Hormis le V6 de 3,5 litres, l'autre motorisation est le V6 turbodiésel de 3 litres. En 2009, il profite de la technologie Bluetec, qui, grâce à l'injection d'urée, permet de neutraliser les émissions polluantes via un catalyseur d'oxydation combiné à un filtre à particules.

Même s'il n'est pas dénué de volonté, le silencieux et doux V6 de 3,5 litres éprouve un peu de difficulté à faire décoller la R de sa position statique lorsque tous les sièges sont occupés. Pour déplacer son poids dépassant les deux tonnes, le moteur turbodiésel est le meilleur des compromis, puisqu'il consomme moins, alors que son énorme couple ne pose aucun problème lorsque le véhicule est chargé à pleine capacité. Dans tous les cas, la transmission automatique à sept rapports est irréprochable. Sans hésitation, et tout en douceur, cette boîte s'adapte au style de conduite du conducteur. Le seul reproche est la manipulation malaisée et incertaine de son levier de vitesses, monté sur la colonne de direction, aux positions «D», «R» ou «P».

Lourde et incapable de braquer court, la Classe R déteste aller en ville. Par contre, dès que l'horizon se dégage, cette Mercedes adore rouler. Toujours efficace avec ses quatre roues motrices permanentes et ses suspensions pneumatiques (oui, une autre option de 2500 $), la Classe R maîtrise admirablement bien ses mouvements de caisse et reste toujours en contrôle. Harmonieuse de ligne et dynamique de comportement, la Classe R a créé une catégorie où aucun constructeur n'a encore osé s'aventurer.

Cet essai est tiré du livre L'auto 2009, disponible à La librairie.

Photo fournie par Mercedes

Mercedes Classe R