Hyundai ne plaisante pas. Le géant coréen de l'automobile avait promis de s'attaquer aux «grosses pointures» de l'industrie de l'automobile. Promesse tenue. Depuis peu, la marque ne fait plus seulement dans le prêt-à-porter, mais aussi dans la haute couture, comme en fait foi cette Genesis, qui s'invite à la table de la très sélecte famille Mercedes-BMW-Audi-Lexus. Reste à voir si la clientèle du haut de gamme, plus attachée qu'elle ne le prétend parfois au prestige du blason, suivra.

La Genesis, c'est l'histoire d'un constructeur généraliste qui voulait concurrencer les spécialistes. En lançant cette offensive dans le grand bal des berlines de la haute, la marque Hyundai pèche-t-elle par orgueil?

 

Cela reste à voir. Chose certaine, sur papier, cette luxueuse berline n'a véritablement rien à envier au beau linge de l'industrie: architecture à roues arrière motrices, fortes cylindrées, généreux catalogue d'accessoires.

Bref, cette première incursion de la marque dans le segment haut de gamme ne manque pas d'alimenter les discussions et fera certainement - comme Lexus à ses débuts - réfléchir les consommateurs sur le prix exigé par les marques spécialisées.

Débarrassée de l'image «bon marché» qui collait à ses tôles, la marque coréenne cherche, comme Volkswagen, à s'attaquer aux segments supérieurs dont les perspectives de croissance sont satisfaisantes. Pourquoi pas? Pendant que l'élite automobile tente d'élargir son auditoire vers le bas en multipliant les modèles d'entrée de gamme (Mercedes B, BMW Série 1, Audi A3, Volvo S40), Hyundai prend la route opposée.

Chose certaine, toute la difficulté du pari lancé par Hyundai réside essentiellement dans le manque de prestige de son blason. Rouler en BMW ou en Mercedes vous classe forcément parmi l'élite, alors que circuler en Genesis... Snobisme peut-être, mais en Amérique du Nord, la réussite s'affiche fièrement. Encore aujourd'hui.

Le style de la Genesis n'a rien de très original (elle imite plusieurs codes esthétiques de la concurrence), mais l'essentiel n'est-il pas que les prestations offertes en matière de contenu technologique, de confort, voire de services, soient à la hauteur des références établies?

Même si elle n'innove en rien à proprement parler, la Genesis dégage tout de même une impression d'opulence: qualité superbe, sièges qui ne manquent pas de moelleux, liste d'accessoires presque infinie... Y compris la molette centrale d'inspiration BMW (I-drive) qui permet d'accéder à tous les menus et sous-menus de l'ordinateur de bord.

À ces qualités, il convient d'ajouter une habitabilité remarquable et un vaste coffre. Confortable et décorée avec goût, la Genesis nous fait oublier, comme sa carrosserie d'ailleurs (aucune inscription de la marque, hormis son logo sur le coffre et sur le volant), que nous nous trouvons à bord d'une Hyundai.

Est-ce bien une Hyundai?

Sobre et raffinée, la Genesis se hisse à première vue au niveau de ses rivales les plus prestigieuses

Reste à le faire savoir car, sur la route, il lui manque un soupçon d'exclusivité pour être en mesure d'attirer l'attention. C'est une Lexus? Une BMW alors? Non, une Hyundai.

Pour frayer avec le beau linge, Hyundai n'a pas manqué - une fois de plus - de calquer son offre sur celles de la concurrence. Ainsi, deux mécaniques se disputent le droit de la mouvoir de sa position statique, dont un V8 de 4,6 litres inédit. Baptisé «Tau» ce moteur intègre tous les ingrédients modernes (calage variable des soupapes, alliage en aluminium pour le bloc et la tête, culasse à double arbre à cames en tête), mais nous prive notamment d'un dispositif de désactivation des cylindres qui nous aurait sans doute permis de réaliser de plus grandes économies à la pompe.

De plus, bien que ce moteur accepte de l'essence ordinaire, son constructeur recommande de l'alimenter en super pour en tirer toute la quintessence. Ce n'est pas vraiment nécessaire. Puissante et habilement secondée par une boîte semi-automatique à six rapports, cette mécanique parvient - essence super ou pas - à signer des performances à faire pâlir une étoile, une hélice, voire des anneaux. Accélérations solides, reprises toniques, ce 4,6 litres offre un rendement étonnant et une consommation somme toute raisonnable compte tenu de sa cylindrée. Mais ce huit-cylindres entend d'abord et avant tout se distinguer pour sa disponibilité et sa souplesse d'utilisation. Toutefois, la présence de ce moteur vise avant tout l'image. Hyundai estime que les consommateurs lui préféreront le V6 de 3,8 litres (290 chevaux), plus économique à l'achat comme à l'usage.

Sur la route, on retient la remarquable aisance avec laquelle la Genesis avale les kilomètres. Silencieuse, stable et rassurante, elle file droit, comme un train sur ses rails. Une sacrée bonne routière, d'accord, mais sur un parcours sinueux, on déchante plutôt vite. Est-ce l'assistance mal dosée de la direction, le poids du véhicule ou la trop grande détente de la suspension (une combinaison des trois, sans doute)? Elle a un comportement sinon empesé, du moins peu sportif. Sans doute que la version V6, qui bénéficie d'une répartition de poids plus équilibrée, se révélerait plus agile.

La rigidité du châssis, combinée aux réglages de la suspension, limite les mouvements de caisse et procure à cette Hyundai une efficacité remarquable. Seul bémol, les trépidations persistantes et parfois sonores (était-ce le propre de notre véhicule d'essai?) du train avant sur une chaussée déformée. À cela s'ajoute une autre déception: l'absence d'un rouage intégral, même en option.

En effet, compte tenu de la puissance disponible et de la tendance du marché, comment Hyundai pouvait-il logiquement priver son vaisseau amiral d'un tel dispositif, qui ajoute une plus-value inestimable en matière de sécurité active? Les béquilles électroniques traditionnelles et le différentiel autobloquant tenteront tant bien que mal de contrer la glisse, mais ils n'offriront jamais la même efficacité. Le manque est d'autant plus regrettable que ce mode est aujourd'hui le plus recherché par les consommateurs de cette catégorie.

Compte tenu du prix demandé, cette Hyundai a de quoi jeter des paillettes dans les yeux de ceux pour qui la qualité d'une automobile se mesure à la quantité de ses accessoires et à l'espace qu'elle occupe sur la route. Mais si le credo de la nouvelle Genesis est de proposer un «luxe abordable», il lui manque toujours l'image pour s'imposer face à des rivales réputées. La Genesis est une première étape (oubliez les tristes et insipides XG et Azera) dans l'univers du «luxe automobile», et cela se sent.

Pour plaire au plus grand nombre, en particulier aux Américains, le design est sans aspérité. Quant aux sensations derrière le volant, elles sont comptées. Ici, on se contente de bien freiner et de respecter le confort (suspension toute douce) et la sécurité de tous dans un décor agréable et bien fini. C'est tout, mais sera-ce suffisant pour créer le désir? Le luxe se nourrit aussi de caractère...

Mais gardons-nous de tout jugement hâtif: la marque Lexus (filiale luxe de Toyota) s'est vu reprocher ces mêmes manques de caractère durant sa jeunesse, sans que cela gêne le moins du monde une ascension fulgurante jusqu'à éclipser Mercedes et BMW aux États-Unis. Mais d'ici là, cette grande Hyundai peut avantageusement se frotter les portières face à de luxueuses américaines (Buick Lucerne, Chrysler 300) et japonaises (Toyota Avalon).

 

On aime

La qualité de l'assemblage

L'habitabilité

Le confort de roulement

On aime moins

L'image à défendre

La direction étourdie

L'absence d'un rouage intégral

Ce qu'il faut retenir

Fourchette de prix : 37 995$ à 43 995$

Frais de transport : 1610$

Consommation moyenne obtenue au cours de l'essai : 12,3 L/100 km

Concurrentes : Buick Lucerne, Chrysler 300, Lexus GS

Pour en savoir plus : www.hyundaicanada.com

Moteur : V8 DACT 4,6 litres

Puissance : 375 ch à 6500 tr/mn

Couple : 368 lb-pi à 6500 tr/mn

Poids : 1820 kg

Rapport poids/puissance : 4,85 kg/ch

Accélération 0-100 km/h : 6,34 secondes

Mode : propulsion (roues arrière motrices)

Transmission de série : semi-automatique à six rapports

Transmission optionnelle : aucune

Direction/diamètre de braquage (mètres) : crémaillère/11

Freins (av/arr) : disque/disque

Pneus (av-arr) : 235/50R18

Capacité du réservoir de carburant/carburant recommandé: 77 litres/ordinaire