Cette promesse-là est en voie d'être tenue. Même les plus farouches adversaires de la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, le reconnaîtront. Ses mesures pour rendre les routes québécoises plus sures et moins meurtrières commencent à payer. En témoigne le bilan routier des cinq premiers mois de l'année, publié la semaine dernière par la Société de l'assurance automobile du Québec.

La conduite automobile fait l'objet de toutes les attentions. Depuis quelques mois, on ne compte plus les publicités sur l'importance du port de la ceinture de sécurité, la dangerosité de l'ivresse au volant et de la vitesse. Et à ces campagnes s'ajoute - naturellement - la répression. Cette fois, ça marche, à en juger par le bilan routier des cinq premiers mois de l'année 2008.Impossible d'évoquer des «bons» chiffres en matière de sécurité routière. Mais il n'est quand même pas interdit d'afficher une réelle bonne humeur face à ces données statistiques à l'évidence très satisfaisantes: 198 personnes ont perdu la vie sur nos routes entre janvier et mai, contre 230 au cours de la même période l'an dernier. Le nombre, tout dramatique qu'il soit, est tout de même moindre. Le nombre de blessés graves est également en baisse et de manière plus spectaculaire encore, avec 779 hospitalisations contre 1082 un an auparavant (-28%). Grâce à quoi? À un meilleur respect du port de la ceinture et une amplification de la lutte contre l'alcool et la vitesse. Sans doute, mais nous pourrions également invoquer le prix élevé de l'essence comme facteur. Tous ceux qui sont sur nos routes le remarquent: les automobilistes roulent moins vite, nettement moins vite depuis plusieurs mois. On s'en apercevra encore dans les prochaines heures, les prochains jours, les prochains mois avec les départs liés aux congés et l'installation des premiers radars automatiques. Oui, mais voilà, tout n'est pas gagné.

L'année avait pourtant mal débuté. Au 31 janvier, l'aiguille de ce compteur un peu macabre s'était arrêtée sur 59 victimes de la route, une hausse de 9,3% par rapport à l'année précédente. Après, on a eu quatre mois consécutifs de baisse. Mais ces résultats seront évidemment à confirmer au cours des prochains mois. La sécurité routière est en effet un âpre combat qui se livre jour après jour et se gagne vie sauvée après vie sauvée. Le plus difficile reste encore à faire: remporter le pari lancé par les pouvoirs publics qui consiste à réduire de 30% d'ici quatre ans le nombre de morts sur les routes. Cela voudrait dire 435 décès. L'objectif est à portée.

Mais aussi encourageant soit-il, ce bilan provisoire a tout de même un petit goût amer. Le renforcement des contrôles des forces de l'ordre et l'aggravation des sanctions pour les infractions routières ont certes prouvé leur efficacité, mais la peur du policier (et de ses méthodes parfois douteuses comme contrôler les ceintures en pleine heure de pointe) commence à irriter de nombreux automobilistes. La baisse du nombre de victimes est bien réelle, mais les autorités doivent aussi prendre des mesures de fond qui responsabiliseront les conducteurs pour accompagner celles, répressives, qui sont indispensables mais pas suffisantes pour réussir ce travail au long cours. Où sont-elles?

La sécurité toujours

«Pour apprécier les bienfaits d'une bonne posture au volant, il faut procéder par étape. Assurez-vous d'abord de bien plaquer le bas de votre dos contre le dossier. Pour déterminer la bonne inclinaison du dossier, vous devez, les épaules appuyées, être en mesure de poser la paume de vos mains sur la partie supérieure du volant (interdit de s'étirer!). Cela fait, en plaçant vos mains en position «9h15», vos coudes devraient former un angle approximatif de 120 degrés». Ce court extrait est tiré d'une leçon de conduite qui n'a visiblement pas été apprise de tous. Des jeunes automobilistes surtout qui, depuis le retour des beaux jours, confondent le baquet de leur véhicule avec une chaise longue. Dossier pratiquement couché sur l'assise de la banquette arrière et une main - une seule - sur la partie inférieure de la jante du volant. Une position de conduite pour le moins singulière et dangereuse (comment le conducteur pourra-t-il exécuter une manoeuvre en cas d'urgence?) qu'aucune loi ne sanctionne. «Rien n'est inscrit dans le Code de la route à cet effet», confirme un policier consulté sur cette nouvelle tendance. «L'important, dit le Code, est qu'il soit attaché.» À quoi bon? En cas d'impact, le coussin gonflable balaiera de l'air et le conducteur risque de glisser sous sa ceinture.

Bilan routier des cinq premiers mois de l'année

Victimes décédées 2007: 239 2008: 198

Victimes blessées grièvement (nécessitant une hospitalisation) 2007: 1082 2008: 779

Victimes blessées légèrement 2007: 16 719 2008: 15 588 (Source SAAQ)

Nombre de décès sur les routes par 100 000 habitants (2007)

Italie: 9,6

Espagne: 9,4

Portugal: 9,2

Québec: 8,1

France: 7,5

Ontario: 6,5

Grande-Bretagne: 5,6

(Compilation La Presse)