Certains achètent des voitures de collection pour échapper à l'ennui de parcourir les routes aux commandes d'une voiture moderne. D'autres s'offrent, 20, 30 ou 40 ans après, l'objet détonnant de leurs rêves d'adolescents. D'autres enfin bricolent d'improbables bagnoles pour conserver le souvenir de l'odeur de l'huile et le son du moteur. Pour moi? Toutes ces réponses sont bonnes: j'aime les vieilles!

Au risque d'être mal compris, je confesse que, depuis quelque temps, la voiture moderne ne me fait plus autant rêver. Ses formes et ses technologies embarquées me laissent de glace et me lassent. Par chance, il y a les voitures anciennes. Elles me font de plus en plus vibrer. Et pas seulement la Ur-Quattro que je restaure avec soin et une étonnante patience depuis plus de trois ans maintenant.

La preuve, depuis quelques semaines, je suis de toutes les enchères sur eBay dans le but d'ajouter à ma collection une italienne (Alfa Romeo ou Lancia), voire une anglaise (Lotus) qui me fera oublier que la neige et le froid sont postés devant la porte de mon garage, transformée en cette période en véritable caverne d'Ali Baba. Mon coeur balance, mon portefeuille grimace.

Je vous préviens tout de suite, je ne suis pas nostalgique ni à la recherche d'une jeunesse enfuie. Seulement déprimé par le statut de passagers passifs que nous impose la voiture moderne.

Pour retrouver ses sens, rien de mieux que de prendre le volant d'une sportive des années 60, 70 ou 80, suffisamment performante pour s'insérer sans difficulté dans le trafic actuel et en même temps assez vivante pour procurer du plaisir (et quelques sueurs froides) aux allures légales en vigueur aujourd'hui.

Comment expliquer un tel engouement? D'abord, il faut relever une contradiction : alors que les performances des voitures modernes ne cessent de s'accroître, l'interdiction de les exploiter se fait de plus en plus pressante et engendre des frustrations de plus en plus grandes. Respecter scrupuleusement les limitations de vitesse au volant d'une voiture actuelle s'apparente davantage à un mauvais plan sadomasochiste qu'à un exercice de maîtrise de soi. Non seulement parce qu'on utilise qu'une fraction du potentiel disponible, mais en raison du caractère de plus en plus aseptisé des voitures modernes.

Côté pratique

Naturellement, d'un point de vue strictement pratique, ces dernières s'adaptent de mieux en mieux aux conditions de circulation contemporaine et répondent aux attentes de la majorité des automobilistes en matière de confort, de facilité de conduite ou de sécurité. Et comprenons-nous bien, il serait absurde de s'opposer par principe à l'innovation et au progrès. Mais voyager dans une bulle insonorisée, isolé de la mécanique et de la route par une multitude de systèmes d'assistance qui gomment la perception de la vitesse, ne pousse pas à perfectionner sa conduite. Cela risque au contraire de provoquer des erreurs de jugement et un manque de vigilance.

C'est sans doute de cette prémisse qu'est née ma fascination - encore bien jeune, je le reconnais - pour les voitures plus âgées. Pour le plaisir de les conduire, mais aussi celui de les restaurer. D'accord, restaurer, sans bricoler soi-même est un exercice dispendieux. Je peux en témoigner. Une restauration, c'est parfois payer deux fois le prix de la voiture. Financièrement, cela n'a pas beaucoup de sens et c'est pourquoi certains «sages» recommandent de consacrer plutôt temps et économies à un produit élitiste.

La logique? Le prix de revente élevé d'une «perle rare» permet d'amortir le coût des travaux, contrairement à une AMC Pacer, par exemple, qui, elle, ne se revendra jamais très cher.

Mais cette logique correspond davantage à celle d'un marchand qui compulse frénétiquement les catalogues de ventes aux enchères de Christie's ou de Barrett-Jackson qu'à celle du passionné qui fouille les fonds de garage et les granges en quête du «trésor» avant que celui-ci ne soit expédié à la ferraille ou passe de longues heures à rechercher ce boulon, ce manuel ou encore cette photo qui lui permettra de restaurer l'objet de sa passion dans le moindre de détails.

Pour le passionné, la valeur sentimentale d'une voiture qui, parfois, est dans la famille depuis longtemps, prime tout le reste. Une forme de patrimoine familial, si vous voulez. Dans cette perspective, partagée par plusieurs passionnés, on est heureux de refaire toute belle une voiture qui raconte une histoire, notre histoire, et qu'il nous sera possible par la suite de transmettre aux générations suivantes...

À Noël, par exemple.