Les constructeurs automobiles n'ont pas eu le temps de s'ajuster, l'automne dernier, lorsque le dollar canadien s'est apprécié face à la devise américaine. Pour les modèles 2008, toutefois, c'est une autre affaire, et on ne voit toujours pas à l'horizon de signes comme quoi les fabricants ont l'intention d'ajuster les prix à la baisse au nord du 45e parallèle.

Pas d'ajustement de prix en vue

Les constructeurs automobiles n'ont pas eu le temps de s'ajuster, l'automne dernier, lorsque le dollar canadien s'est apprécié face à la devise américaine. Pour les modèles 2008, toutefois, c'est une autre affaire, et on ne voit toujours pas à l'horizon de signes comme quoi les fabricants ont l'intention d'ajuster les prix à la baisse au nord du 45e parallèle.

«Les fabricants devraient réajuster leurs prix, ne serait-ce que pour conserver la valeur de leurs franchises et la confiance de leurs clients. Malheureusement, au lieu de mettre de la pression sur les constructeurs pour qu'ils réduisent les prix, les concessionnaires mettent de la pression pour fermer la frontière. C'est dommage», ajoute M. Iny.

L'APA estime avantageux pour le consommateur d'acheter outre-frontière si la valeur de la voiture convoitée est supérieure à 25 000$. Mais avant de procéder à un tel achat, l'APA recommande de bien comparer le véhicule désiré à un modèle vendu ici.

M. Iny explique que le consommateur peut négocier son véhicule en ligne ou au téléphone avec un concessionnaire américain qui, une fois l'achat conclu, livrera l'auto à la frontière canado-américaine. Certains concessionnaires américains s'occupent de toute la paperasse, évitant de longues attentes aux douanes, car la ligne d'exportation est bien souvent plus courte que celles réservées aux voyageurs. «L'importation d'un véhicule des États-Unis est simple lorsque l'on sait ce qu'on achète», ajoute M. Iny.

Par ailleurs, l'Office de protection du consommateur recommande à l'acheteur éventuel de s'assurer que la garantie du véhicule qu'il convoite aux États-Unis soit applicable et honorée au Canada.»Le consommateur sera lésé s'il ne peut pas faire réparer son véhicule en vertu de la garantie parce que le manufacturier canadien refuse d'honorer la garantie émise aux États-Unis», précise Jean-Jacques Préaux, porte-parole de l'OPC.

Le CAA Québec, qui compte quelque 900 000 membres, invite lui aussi les consommateurs à être prudents et à bien s'informer avant d'acheter. Sophie Gagnon, sa directrice des relations publiques, note une augmentation importante des questions des consommateurs à ce sujet. Le club automobile, qui est mandataire de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) pour faire l'inspection mécanique des véhicules provenant de l'étranger, constate depuis le début de l'année une augmentation du nombre de vérifications techniques.

Du point de vue consommation, le CAA comprend le souhait de ses membres de vouloir économiser à l'achat d'un véhicule, mais apporte un bémol. Mme Gagnon rappelle que la différence de prix d'un véhicule neuf au Canada et aux États Unis peut être plus au moins importante, dépendant du segment auquel appartient la voiture. La différence est plus grande sur un véhicule haut de gamme. Or, les Québécois sont les champions au pays pour l'achat de petits véhicules économiques. Dans cette catégorie, les économies sont moins importantes.

«Si la différence est moindre à l'achat, les quelques centaines de dollars que le consommateur devra débourser ici et là, pour rendre son véhicule conforme aux normes canadiennes, pourraient annuler l'économie réalisée. Il y aura aussi le stress d'acheter un véhicule aux États-Unis. Mais plus le véhicule est cher, plus le calcul devient intéressant», explique la porte-parole, qui précise qu'il faut bien comparer les modèles afin de s'assurer qu'on a vraiment la même chose. De façon générale, un modèle de base au Canada sera mieux équipé qu'un modèle similaire aux États-Unis.

Et les garanties

Un autre point à surveiller consiste en la reconnaissance de la garantie. Il faut prendre le temps de bien s'informer et s'attendre à ce que ce soit un peu plus ardu chez le concessionnaire canadien lors du service. La question des rappels est aussi non négligeable: il faut s'assurer que le concessionnaire américain fasse suivre au Canada l'avis de rappel.

Le CAA soutient que l'achat d'un véhicule aux États-Unis peut être intéressant, mais qu'il faut bien calculer l'économie que l'on pense réaliser. Le club automobile souhaite lui aussi que les constructeurs ajustent les prix à la baisse au Canada en tenant compte de la remontée de notre devise. «Si les constructeurs persistent à vendre leurs véhicules plus chers au Canada, le phénomène de l'achat outre-frontière pourrait prendre de l'ampleur et la pratique pourrait affecter notre économie», conclut Mme Gagnon.

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Sans aller jusqu'à recommander l'achat d'une voiture aux États-Unis, l'organisme de protection des automobilistes soutient que le consommateur a le droit de payer moins cher s'il le peut, et a décidé de lui faciliter la tâche.

George Iny, de l'APA, explique que l'organisme travaille déjà en Ontario avec un courtier en automobiles qui importe des voitures des États-Unis. Le courtier s'assure notamment que les rabais du manufacturier soient remis aux consommateurs lors de l'achat d'un véhicule neuf. Au Québec, ce service n'existe pas encore, mais l'APA a conclu des ententes avec des dépositaires américains des marques Subaru, Audi, Volkswagen et Infiniti.

Ces concessionnaires fournissent un service presque clés en main aux Canadiens. Ils connaissent les rouages de la vente outre-frontière et refusent de vendre un modèle qu'on ne peut pas importer. Ils s'occupent aussi d'obtenir les documents nécessaires à l'exportation du véhicule.

Le porte-parole de l'APA ajoute que la garantie américaine du manufacturier est honorée au Canada pour ces marques. Jusqu'à maintenant, l'organisme a reçu de nombreux appels relativement à l'achat d'un véhicule outre-frontière, mais très peu de gens passent à l'acte en dépit de tout le battage médiatique sur le sujet.

Pourtant, il y a de bonnes économies à faire sur certaines marques. Ainsi, sur une Subaru Impreza WRX, l'économie est de 8000$. Sur la Rabbit de Volkswagen, elle est de 5500$; de plus, la Rabbit américaine est mieux équipée que la version canadienne, car elle a de série le régulateur électronique de stabilité, une option de 450$ chez nous. Par ailleurs, sur une Chevrolet Cobalt, l'écart n'est que de 1800$ et il est de quelques centaines de dollars sur une Toyota Corolla.