Eh bien! Imaginez-vous que je l'ai vu, Batman, en chair et en os, le visage couvert de son masque de cuir, la cape au vent et, tenez-vous bien, au volant de sa Batmobile!
Eh bien! Imaginez-vous que je l'ai vu, Batman, en chair et en os, le visage couvert de son masque de cuir, la cape au vent et, tenez-vous bien, au volant de sa Batmobile!
Non, je ne radote pas, du moins, pas encore. Je l'ai vu. En Floride, il y a à peine quelques semaines. Il était venu pour promouvoir la vente de sa Batmobile (nous avons tous besoin de fric) lors de l'encan organisé par la très canadienne maison RM Auctions. Évidemment, elle s'est vendue, la Batmobile: un collectionneur du Texas l'a acquise pour la coquette somme de 216 000 $. De quoi permettre à notre héros de se refaire une garde-robe.
Le vrai Batman (ce soir-là), celui qui portait le magnifique costume et qui - chanceux - a roulé sur scène au volant de la célèbre voiture, s'appelle Terrance Lobzun et il est relationniste chez RM Auctions. «C'était comme un rêve devenu réalité, raconte-t-il. J'ai porté le costume et j'ai conduit la Batmobile sur scène pour la vente. Ensuite, nous sommes partis vers la plage Fallait voir la tête des gens dans la rue! J'ai encore dans mes vieilles boîtes ma Matchbox Batmobile et la cape de Batman avec lesquels je jouais quand j'étais enfant. Grâce à ce métier, j'ai eu la grande chance de rencontrer George Barris et de bien faire sa connaissance.»
Le phénomène Barris
Un personnage assez intéressant, ce George Barris. Il est né à Chicago dans les années 20, de parents immigrés grecs. Lui et son frère Sam ont déménagé en 1928 en Californie, après la mort de leurs parents. Les deux frères étaient doués pour les arts et George se passionnait pour les maquettes d'avions, un passe-temps qui l'a amené aux maquettes de voitures.
En 1952, la famille a offert aux deux frères une vieille Buick 1925 en piteux état qu'ils se sont chargé de restaurer. Ce fut la première «Barris Brothers Custom Car». Peinte orange avec des bandes bleues, la Buick transformée a cédé rapidement la place à une Ford Model A 1929.
Avec l'adolescence, les frères Barris ont découvert le monde merveilleux de la tôlerie et se sont mis à créer des customs, ces voitures à carrosserie spéciale, souvent extravagante, réalisées à la main. C'est à cette époque que George a créé son Kustoms Car Club, inaugurant ainsi l'usage de la lettre K qui perdure jusqu'à nos jours.
De fil en aiguille, Sam et George ont perfectionné leur art. Sam s'est spécialisé dans le façonnage de la tôle afin de créer les «sculptures» imaginées sur papier par George, qui se chargeait aussi de gérer le «Barris Brother's Custom Shop» et de promouvoir leurs créations.
Vers la fin des années 40, Robert «Pete» Petersen, fondateur du célèbre Hot Rod Magazine, a invité les frères Barris à exposer l'une de leurs voitures à sa première exposition réservée à ce genre automobile si typiquement américain. La réaction favorable du public a suscité l'intérêt de plusieurs publications et procuré aux frères Barris une précieuse publicité.
Au Motorama de 1952, les Barris ont exposé leur fameuse «Hirohata Merc», une Mercury deux portes artistiquement modifiée par abaissement du toit. La voiture a fait sensation, ce qui a incité George à fonder «Kustoms of America». C'est à Hollywood que George s'est fait remarquer. Un cinéaste puis un autre lui a demandé des voitures spéciales et les vedettes ont suivi, souhaitant rouler au volant de voitures «pas comme les autres». C'est ainsi que George Barris est devenu un des noms célèbres d'Hollywood.
Futuriste Futura
Quant à sa Batmobile, ses origines remontent à 1955, à la division Lincoln de la Ford Motor Company. Cette année-là, Ford présente son concept futuriste, la Lincoln Futura. Conçue par les studios de design de Ford, la Futura est entièrement construite à la main chez Ghia, en Italie, pour la coquette somme de 250 000 $. Comme la plupart des concepts de l'époque, la Futura n'aura pas de futur. Et selon la légende, c'est un certain George Barris qui se porte acquéreur de la voiture dans les années 60, pour la somme symbolique de 1 $.
Onze ans plus tard, les producteurs de la série télévisée Batman ont demandé à George de leur construire une Batmobile qu'il se devait de leur livrer en trois semaines! Vous devinez le reste : George a pensé immédiatement à sa Futura et à ses allures de chauve-souris. Bingo, la Batmobile était née, faisant la joie de 20th Century Fox et de millions de téléspectateurs, petits et grands.
La Batmobile récemment vendue est une réplique exacte de l'originale (une «continuation», dans le langage des collectionneurs). Montée sur le châssis d'une Lincoln Continental 1979 animée par un V8 de 6,5 litres, la voiture est confortable et fiable, et compte la multitude de gadgets que notre héros se devait d'utiliser pour combattre le crime à Gotham City : gyrophares, «yeux» au laser, parachutes de freinage, tuyère de réacteur, pare-brise profilé en plexiglas à l'épreuve des balles, dômes transparents en plastique protégeant Batman et Robin, multitude d'interrupteurs dans le cockpit, commandes des accessoires fantasmagoriques, instrumentation type avion, Batphone et Batscanner. Quant à la carrosserie en fibre de verre, elle a été confectionnée à partir de moules issus de la Bat 1.
Voyons si les jeux vidéo d'aujourd'hui auront aussi longue vie...
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DANS L'ÉCRAN RADAR DE LA BATMOBILE 1966
Styliste de la Mercury Futura: William M. Schmidt
Carrossier: Carrozeria Ghia, Turin, Italie
Batmobile 1966
Empattement / Longueur / Largeur / Hauteur / Longueur des ailes, cm (po): 320 (126)/571 (225)/213 (84)/122 (48)/84 (213)
Moteur: V8 Lincoln, 6,4 L (390 po3), suralimenté par compresseur, 500 ch
Transmission: propulsion, boîte automatique Turbo Drive
Roues: 15x7 en alliage
Poids: 2495kg (5500lbs)
Vitesse: illimitée
Propriétaire actuel de Bat 1: George Barris, North Hollywood, CA
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LA MÊME ANNÉE (1966):
» L'Inde subit la pire famine des 20 dernières années et Indira Gandhi, fille de Jawaharlal Nehru, est désignée premier ministre.
» La Chine entre dans la Révolution culturelle.
» Au Québec, présentation du rapport de la Commission d'enquête sur l'Éducation (rapport Parent) qui recommande la création d'un ministère de l'Éducation et une structure qui permette de «faire le pont entre le secondaire et l'université» (les cégeps).
» La Food and Drug Administration déclare que la «pilule» ne présente pas de danger à la santé.
» Un homme et une femme, de Claude Lelouch, est primé au Festival de Cannes.
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Pour joindre notre chroniqueur : alain.raymond@lapresse.ca