La saison 2 de The Handmaid's Tale est certainement l'une des productions les plus attendues de l'année au petit écran. Comment cette série incroyablement sombre a-t-elle réussi à obtenir un succès autant critique que populaire, et que nous réserve la société totalitaire de Gilead, alors que le scénario s'éloigne du roman de Margaret Atwood? La Presse s'est entretenue avec l'un des producteurs délégués de The Handmaid's Tale, Warren Littlefield.

Histoire d'un succès

Une critique unanime, un record de 13 nominations aux Emmys avec une récolte de 8 prix (dont celui de la meilleure série dramatique de l'année), deux Golden Globes et quantité d'autres prix ont couronné la première saison de The Handmaid's Tale, qui a frappé le petit écran dans le contexte particulier de l'élection de Donald «grab them by the pussy» Trump. Personne n'aurait pu deviner le succès d'une série dystopique aussi terrifiante, basée sur les enjeux féministes actuels. Pour Warren Littlefield, producteur délégué de la série, que nous avons joint en Californie, c'était précisément le défi. «Je crois que malgré tout ce que ce monde dystopique fait subir aux personnages, nous avons quand même un sens de l'espoir, incarné dans la lutte d'Offred, brillamment interprétée par Elisabeth Moss. Nous sentons que si elle n'abandonne pas, nous ne pouvons pas abandonner non plus.» Selon Warren Littlefield, le contexte politique a bien sûr aidé, mais il est persuadé que l'histoire aurait été puissante de toute façon. «Je crois que l'effritement des droits humains et féministes est éclairé dans le monde de Trump, ce qui nous fait sentir encore plus pertinents, mais nous ne nous collons pas obligatoirement à l'actualité.»

Extension du monde d'Atwood

Ce qui rend tous les fans curieux, c'est que cette deuxième saison commence là où le roman de Margaret Atwood se termine. L'écrivaine canadienne continue d'être consultante pour cette suite, dit Warren Littlefield. «Margaret est très enthousiaste, elle commente tous les scénarios, elle ne se gêne pas et nous donne des feedbacks. Elle soutient beaucoup notre matériel.» Et c'est pourquoi toute la production a le souci de préserver le monde imaginé par Atwood, même si, pour l'an 2 de la série, on va s'en éloigner et explorer d'autres zones. «Nous avons essayé de répondre à la question de comment tout cela est-il arrivé, explique-t-il. Comment sommes-nous passés des États-Unis d'Amérique à Gilead? Par le regard des personnages, nous en saurons un peu plus, avec des flash-backs. Dans le roman, Margaret fait référence aux colonies, et nous avons pensé que nous devions les créer, ce qui ouvre le territoire. L'expansion est le nouvel élément de la deuxième saison.»

Rester à la hauteur des ambitions

Un tel accueil, critique et public, donne bien sûr des ailes à toute la production. «C'est merveilleux et ce que ça nous dit, c'est que nous devons aller plus loin, estime Warren Littlefield. La saison deux est beaucoup plus ambitieuse. Nous sentons que nous devions offrir au public, qui a tellement de choix incroyables à la télé, quelque chose qu'il a eu l'an dernier, mais en mieux. Nous ne voulions pas simplement répéter quelque chose.» Nous avons vu les deux premiers épisodes de cette nouvelle saison, et on peut dire que le producteur ne nous baratine pas. Le premier épisode, qui nous montre les conséquences de la rébellion d'Offred et des autres servantes écarlates, qui ont refusé de lapider l'une des leurs, atteint un sommet dans l'horreur du système totalitaire de Gilead. «Je ne veux pas avoir l'air trop mielleux, mais je dois dire qu'on s'est surpassés», note-t-il. Pour Warren Littlefield, dans le domaine de la télé depuis 20 ans (il est aussi l'un des producteurs de Fargo, et a été le président de NBC Entertainement, qui a donné des séries comme SeinfeldFriendsWill & Grace ou The West Wing), The Handmaid's Tale constitue un sommet dans sa carrière. «C'est excitant pour moi de faire partie de la résistance, à un moment difficile pour l'humanité et les droits des femmes. C'est très satisfaisant de faire autant partie de la discussion.»

La presse américaine s'emballe

Plus sombre, encore plus poignant et visuellement époustouflant, le premier épisode réalisé par Bruce Miller, créateur de la série, qui sera diffusé ce soir sur Hulu (et dimanche au Canada sur Bravo), nous présente une séquence hallucinante où les servantes écarlates rebelles, entourées de gardes et de chiens comme dans les pires mises en scène nazies, sont traînées vers d'immenses échafauds où les attend la terrible Tante Lydia (Ann Dowd) pour les punir, sur la chanson This Woman's Work de Kate Bush. On ne vous dévoilera pas la suite, mais effectivement, la série prend une autre dimension, avec des histoires parallèles, où nous entrons dans les colonies - lieux atroces de travail forcé de décontamination des sols bourrés de produits toxiques où sont envoyées les indésirables, en plus de faire de nombreux retours dans le passé pour expliquer l'établissement du régime brutal de Gilead. Le ton est donné, et la presse américaine s'emballe. «The Handmaid's Tale est devenue plus complète», note Variety, «toujours aussi oppressante», selon Entertainement Weekly, et «toujours incroyablement belle» selon le Hollywood Reporter. Il est clair que cette deuxième saison fera encore l'événement et Warren Littlefield nous confirme que d'autres saisons sont prévues, sans préciser combien, tant que la qualité sera au rendez-vous.

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The Handmaid's Tale, saison 2, ce soir sur Hulu.

Le 29 avril sur Bravo.

Le 30 avril sur CraveTV.

Photo George Kraychyk, fournie par Hulu via Associated Press

Le premier épisode de la deuxième saison de The Handmaid's Tale nous montre les conséquences de la rébellion d'Offred et des autres servantes écarlates, qui ont refusé de lapider l'une des leurs.