En cet âge d'or des téléséries, La Presse décortique chaque semaine une série qui vaut le coup d'oeil.

L'histoire

Avec El Chapo, un véritable thriller ultraviolent (et captivant!) se passant en bonne partie au Mexique, Netflix raconte l'histoire de la montée fulgurante et de la rapide descente aux enfers du baron de la drogue Joaquín El Chapo Guzmán. Vorace et voulant à tout prix devenir l'un des plus efficaces et riches trafiquants de drogue du monde, il est piégé par son propre entêtement, éliminant tour à tour ses alliés, tant dans le monde des cartels de la drogue que dans celui des agents gouvernementaux corrompus. Arrêté en 1993 au Guatemala, alors qu'il tentait d'échapper à l'armée mexicaine qui le pourchassait, il est écroué dans une prison à sécurité maximale, où on le torture en isolement.

De la corruption endémique

Dans les premières secondes d'El Chapo, Netflix se dédouane : certains personnages ont été ajoutés à la vie (sur)réelle de ce baron de la drogue, qui a réussi à s'échapper de prison à deux reprises au cours des dernières décennies. La trame narrative respecte toutefois les grandes lignes de sa vie, qui nous fait à plusieurs fois frissonner. Les autorités mexicaines, corrompues jusqu'au plus haut niveau, négocient elles-mêmes avec les cartels de la drogue afin de séparer les régions du pays entre les différents barons. La Drug Enforcement Administration américaine - communément appelée la DEA - n'est pas non plus totalement propre, loin de là! Là aussi, on cherche à faire des gains politiques aux États-Unis en effectuant certaines arrestations clés. Tout dans l'histoire d'El Chapo a de quoi remettre en question nos institutions politiques et leurs intérêts dans la lutte contre la drogue.

Très violent

El Chapo n'est pas une série destinée à un jeune public. Plusieurs scènes sont d'une violence inouïe et de multiples meurtres sanglants ponctuent l'histoire. Netflix ne pouvait toutefois pas se censurer, ce qui aurait dénaturé la vraie violence qui règne dans le monde des trafiquants de drogue. Ces scènes sont donc essentielles, mais elles demeurent effroyables. Dans la première partie de la série, qui se déploie sur neuf épisodes, on voit notamment Joaquín Guzmán ordonner qu'on fusille les travailleurs qui ont creusé son premier tunnel, celui-ci lui permettant de réaliser un exploit de rapidité pour une livraison de drogue qui lui donne ses lettres de noblesse. On comprend plus tard que tuer n'a jamais été un problème pour l'homme, qui a gratuitement assassiné (alors qu'il était encore adolescent) un homme de son village pour pouvoir entrer dans la «business».

Trop similaire à Narcos?

La question se pose: alors que Netflix a déjà à son actif deux saisons de l'excellente Narcos, qui raconte la vie et la mort d'un autre baron de la drogue, Pablo Escobar, cette nouvelle série mettant en vedette l'acteur Marco de la O (autrement inconnu du public nord-américain) dans le rôle d'El Chapo est-elle de trop dans son catalogue? Loin de là. Le thriller, qui flirte à quelques reprises avec l'épouvante, notamment lorsque le trafiquant de drogue est incarcéré dans une prison à sécurité maximale, se regarde d'un trait. Certes, les ressemblances avec Narcos sont nombreuses, puisqu'on traite ici d'un univers similaire, mais la vie de Joaquín Guzmán est en soi une histoire fascinante. La première saison se termine d'ailleurs avant que celui-ci ne parvienne à s'échapper de prison pour la première fois (ce qui arrivera, on le sait, puisque la vie de l'homme est connue). On attend toujours de savoir quand la deuxième saison débutera, et surtout, sur quelle période de temps elle s'échelonnera.

Photo fournie par Netflix

La date de sortie de la deuxième saison n'a pas encore été dévoilée.