Ils sont moins d'une dizaine à décrocher chaque année leur diplôme de l'École supérieure de ballet, au terme d'années passées à danser six jours par semaine, plus de six heures par jour. À 18 ans à peine, ils se retrouvent propulsés sur un marché du travail ultracompétitif qui exige d'eux rien de moins que l'excellence. Le réalisateur Christian Lalumière a choisi de suivre sept finissants prêts à basculer dans le palpitant monde de la danse pour sa série documentaire diffusée le mercredi soir à ICI ARTV.

Le chemin qui mène à une carrière de danseur professionnel s'apparente-t-il plus à celui dépeint dans le film Fame ou bien à celui de Black Swan? C'est ce que Danser!, série documentaire de six épisodes d'une demi-heure chacun, propose de montrer en suivant sept finissants de l'École supérieure de ballet du Québec.

«On est plus dans l'esprit amical de Fame, répond Christian Lalumière. Mais l'aspect compétitif n'est jamais loin, même si ce n'est pas comparable à l'histoire d'horreur de ce danseur du Bolchoï qui a jeté de l'acide sur son directeur artistique! On a suivi un groupe très soudé mais, dans les épisodes 3 et 4, on commence à voir que certains ont un travail, d'autres pas. C'est là que la tension s'accentue.»

Au-delà des pas de deux et des exercices à la barre que les élèves répètent sans relâche, le réalisateur a ainsi voulu faire découvrir les destins de Nicholas Bellefleur-Bondu, Claudia Colonna, Marilyne Cyr, Kennedy Henry, Pier-Loup Lacour, Saskya Pauzé-Bégin et Francisco Javier Trejo Vazquez, des adolescents sur le point de basculer dans la vie adulte, mais surtout de danser professionnellement.

«Il y a bien sûr les auditions, mais aussi la peur de quitter l'école et l'encadrement qu'ils y trouvent. C'est un peu comme choisir de partir du nid familial», explique le réalisateur, qui a travaillé près de huit ans à ce projet de série documentaire avec son amie Marie-Ève Fortin.

«À 18 ans, je n'avais pas cette maturité artistique là! À l'époque, Marie-Ève et moi avions fait les auditions de l'École nationale de théâtre ensemble. On a vécu une véritable transformation personnelle et on voulait rendre compte de cette expérience dans un documentaire. On s'est finalement orientés vers la danse pour le faire», se souvient Christian Lalumière. «La grosse différence avec le théâtre, c'est qu'on demande aux finissants en danse d'être au summum d'un point de vue technique. Ce sont des athlètes qui doivent également avoir une sensibilité artistique. Ils doivent d'emblée arriver au top.»

Une distribution de rêve

Après une incursion dans l'univers de la metteure en scène Denise Filiatrault avec le documentaire Filiatrault, le réalisateur a fini par vendre le projet Danser! à ICI ARTV.

C'est au sein de l'École supérieure de ballet du Québec, sous la direction artistique d'Anik Bissonnette, que Christian Lalumière a finalement déniché ses sept finissants.

«J'ai eu de la chance, car la promotion 2014 offrait vraiment un choix. Ce ne sont pas des clones. Je les appelais mon Breakfast Club, avec le sportif, l'optimiste, le petit parfait, le rebelle, l'intello, etc.», s'amuse le réalisateur.

Des bancs de l'école aux auditions, le réalisateur les a suivis pendant 250 heures, jusqu'à leur émancipation de l'établissement. «Sur les sept finissants, six ont été engagés à leur sortie de l'école, que ce soit aux Grands Ballets canadiens de Montréal, aux Ballets jazz, chez RUBBERBANDance ou à Cas public. Un seul danseur n'a pas trouvé d'emploi directement, mais il a appris à s'accepter. Ils ont tous atteint leurs objectifs !», constate Christian Lalumière.

La série documentaire a pu compter sur le soutien des artistes des étiquettes Dare To Care Records/Grosse Boîte, We Are Wolves, Coeur de pirate, Les soeurs Boulay, Fanny Bloom et Malajube, qui ont accepté de prêter leur musique à Danser!.

«Je désirais vraiment utiliser ce genre de musique pour montrer que la danse n'est pas une discipline plate, réservée aux filles en tutu rose. La danse, ce n'est pas juste des pointes à la barre! Aujourd'hui, c'est une discipline beaucoup plus contemporaine», conclut le réalisateur.