Un «Jedi cowboy», des sabres laser, un peu de technologie et beaucoup de gomme numérique: avec Star Wars Rebels, les studios Lucasfilm tentent d'adapter la recette de la célèbre saga au goût de futurs fans.

Le style Star Wars, c'est une «histoire qui peut être très noire mais doit inspirer l'espoir, ça doit être amusant et il faut de l'aventure», énumère Dave Filoni, producteur exécutif du dessin animé, qui sortira en octobre sur la chaîne Disney XD.

«Au début, on savait seulement qu'il y avait cinq personnages qui vivaient dans un vaisseau spatial», raconte Killian Plunkett, directeur artistique du nouveau dessin animé.

Les nouveaux personnages, Kanan, Ezra, Hera, Zeb et Sabine «sont des archétypes qui forment une famille», comme Luke Skywalker, sa soeur Princesse Leia et leur ami Han Solo avant eux, mais ces personnages sont adaptés au XXIe siècle, poursuit-il.

«Luke Skywalker était très traditionnel, il vivait avec son oncle dans une ferme. Ezra est orphelin, il survit par lui-même», détaille Dave Filoni pour qui cet enfant solitaire et bravache évoque «les gamins modernes qui passent beaucoup de temps seuls parce que leurs parents travaillent».

Le héro Kanan, lui, est un Jedi d'un nouveau genre, «un peu cowboy», à la démarche chaloupée, qui va affronter un nouveau méchant impitoyable, le Grand Inquisiteur, ajoute-t-il.

Ordinateurs et bouts de ficelle

Inventer des personnages bien définis ne se fait pas sans quelques errements. Sur les premières esquisses, Hera, pilote et figure maternelle aux cheveux verts tentaculaires, a ainsi d'abord ressemblé à une petite fille boulotte à couettes, et Kanan a d'abord été blond avant de tourner brun ténébreux à bouc et catogan.

Depuis que le père de la série, George Lucas, a vendu sa société à Disney et pris sa retraite, les créateurs de Star Wars Rebels se réfèrent comme à un livre sacré aux archives de l'épopée et à une esthétique un peu années 70.

«À l'époque de La menace fantôme (1999), nous étions ivres de technologie. Maintenant on aspire à une allure un peu plus vieille école», fait valoir Joel Aaron, qui supervise les effets spéciaux.

Ainsi, le dos des personnages qui court reste-t-il un peu figé à l'inverse des technologies de capture de mouvement en vogue, et les graphistes passent les dessins numérisés à la gomme électronique pour des contours moins nets.

Les navettes spatiales ont des formes géométriques assez peu conformes aux lois aérodynamiques, et les nuages doivent être bien cotonneux: «il faut que ça fasse dessin animé», juge Keith Kellogg, directeur de l'animation.

À l'inverse, un saut pas assez amorti des genoux se voit renvoyé à la palette informatique, ajoute Keith Kellogg qui dit passer ses journées à mimer les gestes et expressions des personnages pour aider ses graphistes.

Pour aller plus vite, ces derniers recyclent des mouvements déjà enregistrés pour chaque personnage, mais en changeant un mouvement de tête ici ou là, pour qu'ils aient l'air nouveaux. De même, la même pièce déjà programmée est réutilisée à l'infini mais simplement redécorée sur palette informatique.

Star Wars ne serait pas Star Wars sans les sabres laser des Jedi, et Joel Aaron s'est passé en boucle le célèbre combat du maléfique Darth Vader et du sage Obi-Wan Kenobi dans l'épisode fondateur, quand les effets spéciaux se faisaient encore avec des bouts de ficelles.

«Le premier sabre laser avait été fabriqué avec une poignée rotative et une tige sur laquelle avait été collé du scotch réfléchissant. Ils avaient dirigé un projecteur sur un miroir puis l'avaient fait se refléter sur le scotch. Ça donnait ce halo vibrant», se souvient-il.

Disney est peu intervenu dans le travail de Lucasfilm, assure l'équipe. Killian Plunkett mentionne qu'ils n'ont pas aimé la première mouture de Zeb, la créature musclée rebelle. Gueule de sanglier en uniforme militaire au début, il a fini avec un visage reptilien et un costume spatial.