Il y a eu The Voice qui a cassé la baraque cet été sur les ondes de NBC et cette vague d'émissions à thématique musicale continue de déferler chez nous avec Ils dansent à Radio-Canada, Les auditions de Star Académie et On connaît la chanson à TVA. Pourquoi ces productions mettant en scène des participants repêchés dans le public passionnent-elles autant les téléspectateurs? Tentative d'explication.

Pour Dominique Chaloult, ex-patronne du secteur des variétés à Radio-Canada, l'attrait des émissions musicales s'illustre très simplement: «Dans la vie, tout le monde aime danser, tout le monde aime chanter. Les gens se reconnaissent dans ces productions-là, car ils peuvent s'identifier aux participants. Les téléspectateurs se sentent interpellés. Ils se disent que ça pourrait être eux à la télévision», confie celle qui a mis en ondes L'heure de gloire et Le match des étoiles à la SRC.

Une théorie qui tient bien la route. Pensez à toutes les fois où vous avez encouragé une vedette de ces shows-là parce qu'elle faisait pitié ou parce qu'elle vous rappelait une cousine éloignée.

«Ce qu'il y a de plus difficile aujourd'hui, ce sont les émissions où il n'y a que des performances musicales comme celles que l'on retrouve sur des CD, ajoute la productrice. À moins d'avoir une formule comme En direct de l'univers, ça passe difficilement maintenant.»

Cet automne, Dominique Chaloult produit Ils dansent pour Radio-Canada, un docuréalité piloté par Nico Archambault qui suivra pas à pas 10 danseurs amateurs pendant 13 semaines. Tout comme les karaokés télévisuels, les émissions de danse explosent partout au petit écran, ce qui réjouit Nico Archambault, grand vainqueur de So You Think You Can Dance en 2008.

«Les téléspectateurs apprennent enfin à connaître la danse. C'est un mélange parfait entre une performance d'athlète et une performance artistique. Avant, on ne voyait jamais de danse à la télévision. Et la télévision peut renverser l'image qu'on se fait de la danse comme étant un art élitiste. Les gens ont tendance à ridiculiser ce qu'ils ne connaissent pas. Les danses de rue ont beaucoup contribué à défaire les idées préconçues», explique Nico Archambault, 26 ans.

Ils dansent braque les projecteurs sur des artistes dont l'âge oscille entre 18 et 26 ans. Certains excellent dans le hip-hop, d'autres dans le contemporain. Certains ont une formation en ballet, d'autres pas. «Ils sont motivés, ils sont bons, ils sont beaux et ils ont envie d'apprendre», note Nico Archambault, qui assiste à tous les tournages depuis trois semaines déjà.

Fait inusité: aucun des danseurs de la SRC ne passera à la guillotine tous les mercredis soir. Les 10 resteront jusqu'à la toute fin. «Nous sommes là pour les aider. Jusqu'à présent, ils ont tous eu leur moment de découragement», se souvient Nico Archambault.

Fan fini de musique et de karaoké, Mario Tessier savoure présentement son nouveau rôle d'animateur d'On connaît la chanson, l'adaptation québécoise de Don't Forget the Lyrics. «J'ai toujours aimé chanter. Je m'amuse à dire que je suis un chanteur frustré. Chez nous, il y a toujours de la musique qui joue. J'ai été élevé comme ça. Je suis un maniaque de musique», révèle Mario Tessier, la moitié du duo comique Les Grandes Gueules.

Selon lui, le pouvoir des émissions musicales se justifie aussi par le bonheur qu'elles procurent aux téléphiles. «On aime ça être heureux. Pendant une heure, nous aurons juste du fun. C'est un moment qui fera du bien. Les participants proviennent du public, on se reconnaît là-dedans», dit Mario Tessier.

On connaît la chanson repose sur un concept très simple: les paroles défilent à l'écran, le joueur s'époumone comme dans un karaoké et des trous percent le texte. Le candidat doit remplir les cases vides avec les mots exacts de la ritournelle. Et ça peut être autant une pièce de Lady Gaga, de Raymond Lévesque que des BB.

S'il se rend jusqu'au bout, le chanceux pourrait empocher jusqu'à 200 000$. Le répertoire se composera à 70% de chansons francophones, le reste étant en anglais. Exemple de catégories de ce jeu? Années 80, musique de film, etc.

Ce karaoké géant, dont l'indicatif musical a été composée par Fred St-Gelais, s'enregistrera dans le studio F de TVA devant 150 personnes. Le band sera dirigé par David Laflèche, qui a été le chef d'orchestre de Pénélope McQuade tout l'été.

«J'ai beaucoup de plaisir à animer ça. L'émission repose sur les candidats et nous avons de très bons candidats. On s'attache vraiment à eux. Ça sera un gros party pour tout le monde», s'enthousiasme Mario Tessier.

Le cas de Star Académie est différent, croit le concepteur et juge Stéphane Laporte. «Star Académie, cela va au-delà d'une émission de télévision. Ça lance vraiment des carrières. On ne fait pas juste un casting. Il s'agit vraiment d'une porte d'entrée pour le show-business», glisse Stéphane Laporte, qui évaluera les futurs Wilfred et Marie-Mai, cet automne, aux côtés de Gregory Charles et Patrick Huard dans Les auditions de Star Académie.

Pour sélectionner les 50 finalistes qui lutteront pour leur place à l'académie, Stéphane Laporte et sa collègue Esther Teman en ont entendu près de 5000, un peu partout au Québec et au Nouveau-Brunswick. Ça fait beaucoup de Je t'aime de Lara Fabian et de Si Dieu existe de Claude Dubois dans les oreilles tout ça.

«Nous avons vu beaucoup d'auteurs-compositeurs-interprètes. Et beaucoup de jeunes ont chanté du country, qui gagne en popularité», constate Stéphane Laporte.

Les auditions de Star Académie permettront aux fans de fouiner dans les coulisses de cette immense machine de musique pop. «Tout le processus va se faire dans la transparence, devant le public», assure Stéphane Laporte

Et quelle chanson Stéphane Laporte n'est-il plus capable d'entendre en audition? Aucune, jure-t-il. «Ce sont plutôt les pièces mal chantées qui dérangent», rigole-t-il.