La Presse a appris qu'un regroupement citoyen appelé S.O.S. Radio-Canada se formera aujourd'hui pour convaincre le gouvernement fédéral de soutenir le diffuseur public.

Le site www.sosradiocanada.org doit être lancé ce matin. Des actions surprises et des appels à la mobilisation, notamment sur l'internet, sont prévus dans les prochaines semaines. «Un peu comme avec la culture aux dernières élections fédérales, on veut lancer le mouvement et laisser ensuite le public se l'approprier. Il faut montrer au gouvernement notre attachement à Radio-Canada pour ne pas qu'il l'abandonne», lance l'acteur Emmanuel Bilodeau, porte-parole du groupe. D'autres porte-parole pourraient se joindre à lui.

 

S.O.S. Radio-Canada naît quelques jours après le cri du coeur lancé par Bernard Derome à l'Assemblée nationale.

Le groupe dénonce l'abolition de 805 postes à la SRC, dont environ la moitié au service français, pour compenser un manque à gagner estimé à 171 millions de dollars l'année prochaine. Des actifs ont aussi été vendus ou le seront bientôt.

Rappelons que la SRC, qui ne peut pas recourir au financement privé, avait aussi demandé une marge de crédit au gouvernement fédéral pour lui permettre d'affronter la crise, ce qui lui a été refusé. «Nous ne critiquons pas la direction de Radio-Canada. Elle fait ce qu'elle peut dans les circonstances, explique Emmanuel Bilodeau. Ce qu'on dénonce, c'est le manque de soutien des conservateurs. On dirait presque qu'ils utilisent la crise économique comme excuse pour régler des comptes. Ce n'est pas loin de ressembler à du sabordage.»

S.O.S. Radio-Canada demande l'application des principales recommandations du rapport du Comité permanent du patrimoine canadien: hausser le financement annuel de 33$ à 40$ par Canadien, l'accorder sur une base de sept ans et rendre permanent l'ajustement annuel de 60 millions des crédits parlementaires.

«Des 18 pays examinés par le Comité, le Canada se classe 16e pour le financement du diffuseur public. Quarante dollars, ce ne serait vraiment pas beaucoup si on compare», avance Emmanuel Bilodeau.

Un enjeu pour l'automne

Il comprend que le gouvernement doit se montrer prudent en temps de crise. «Mais est-ce qu'abolir des emplois, c'est bon pour l'économie? Et est-ce qu'investir 5,2 milliards dans l'industrie automobile, c'est mieux pour l'économie et l'environnement que d'investir un peu dans Radio-Canada?» lance-t-il.

S.O.S. Radio-Canada souhaite faire de ces questions des enjeux électoraux. «Il pourrait y avoir des élections d'ici à l'automne prochain. Si c'est le cas, il faudra qu'on en parle. Notre pouvoir, c'est notre vote. Mais il faut agir rapidement, car il pourrait bientôt y avoir des décisions très néfastes et peut-être irréversibles pour l'avenir de Radio-Canada.»

Selon lui, le rendement d'un investissement dans Radio-Canada ne doit pas s'évaluer seulement en chiffres. «Même si c'est difficilement quantifiable, il y a quelque chose de très important là-dedans pour notre fierté, notre culture et notre identité. Quand j'étais petit, les émissions jeunesse et les bulletins d'information de Radio-Canada, c'était sacré», raconte celui qui a travaillé comme journaliste à Radio-Canada à Windsor avant de se réorienter vers une carrière d'acteur.