La recette d'un festival réussi semble toute simple : mettre à l'affiche des spectacles de qualité qui feront courir les foules. Dans les faits, l'exercice est fort complexe, surtout quand on œuvre en région et qu'on s'intéresse à la note bleue. Après 23 ans de travail, l'équipe du Festi Jazz semble avoir trouvé les bons ingrédients pour assurer la pérennité et la croissance du festival.

Réunis dimanche après-midi pour faire le bilan de la présentation 2008, les organisateurs avaient les traits quelque peu tirés, mais arboraient tous de grands sourires. Jamais autant de gens et jamais autant de publics différents n'avaient encore pris part au festival. En réaménageant son enveloppe budgétaire de 100 000 $ pour proposer une série consacrée aux artistes émergents, le directeur de la programmation, Luc Lavoie, a fait mouche. Pascale Picard a affiché complet, tandis que DJ Champion et The Lost Fingers ont attiré des foules monstres en extérieur. Quant au volet familial, il a permis un achalandage continu le jour. Bien qu'aucun chiffre officiel ne soit encore disponible, on s'attend à ce que l'objectif de 20 000 visiteurs soit dépassé et à ce que le déficit qui avait été accumulé par le passé soit épongé.De toute évidence, il fallait outrepasser les frontières du jazz pour démocratiser l'activité. Si Montréal et Montreux, en Suisse, le font, il est tout à fait normal qu'on le fasse à Rimouski. Cela dit, M. Lavoie se défend bien de trahir la vocation du festival.

«(Le jazz), c'est notre mandat et jamais on abandonnera ça. Mais la diversité est là pour rester. (...) En offrant plus de spectacles grand public, ça permet d'attirer plus de gens et ça nous donne ensuite les moyens pour présenter des spectacles jazz de haut calibre.»

La présidente Diane Vallières souligne pour sa part que, si l'on tient compte du fait que plusieurs genres présentés, comme le blues, sont voisins ou associés au jazz, le festival aura été fidèle à la note bleue à hauteur de 90 % cette année. L'avènement d'un bracelet, qui donnait accès à tous les spectacles en extérieur pour 10 $, est par ailleurs à mettre dans la colonne des bons coups. Il faudra toutefois penser à réaménager la scène sous le chapiteau et à disposer des écrans géants pour permettre à la foule de mieux voir les artistes en action.

Quant à moi, je quitte Rimouski, son fleuve et son festival carburant à l'énergie de bénévoles passionnés avec le souvenir d'une cuvée 2008 relevée. J'ai assisté à des spectacles de jazz variés, ainsi qu'à deux concerts mémorables, dans des registres bien différents : celui de Joe Lovano avec US Five et celui du Cinematic Orchestra.