Est-ce parce que plus de 150 festivals ont réclamé une subvention? Est-ce parce que le gouvernement conservateur étudie chaque dossier à la loupe de peur d'être accusé de financement frivole? La controverse autour des 400 000$ donnés à la Gay Pride de Toronto ralentit-elle la distribution de la manne? Toujours est-il que bon nombre de festivals partout au Canada ont le temps de se terminer avant de savoir s'ils recevront ou non leur subvention d'Industrie Canada.

Dès cette année, Industrie Canada devait distribuer 100 nouveaux millions à différents festivals au Canada.

Le Mondial choral, à Laval, a débuté le 19 juin, et le communiqué annonçant la subvention d'Industrie Canada n'est arrivé que le 9 juillet. Le Mondial des cultures de Drummondville se termine dimanche, et les organisateurs ne savent toujours pas si Industrie Canada leur accordera la subvention qu'ils ont demandée - qui représente le cinquième de leur budget.

«Je n'ai jamais vu des fonctionnaires scruter un budget d'aussi près, explique Marie-France Bourgeois, directrice générale du Mondial des cultures. Il est arrivé que je parle 15 fois dans la même journée à une fonctionnaire, qui était très gentille, au demeurant! Demander une subvention à Industrie Canada, c'est autrement plus exigeant que de traiter avec Patrimoine Canada.»

«Un fonctionnaire m'a même appelé un dimanche matin!» lance pour sa part Paul Girard, l'un des organisateurs de Divers/Cité, une fête gaie qui aura lieu à Montréal du 26 juillet au 2 août.

Malgré cela, la réponse ne vient pas, et M. Girard dépense comme si c'était dans le sac. «Si on nous dit non, ça peut représenter la fin de Divers/Cité.»

Luc Fournier, président-directeur général du Regroupement des événements majeurs internationaux qui regroupe les plus gros festivals d'ici, croit que les organisateurs de Divers/Cité ont bien tort de mettre la charrue devant les boeufs. «Je les ai bien avertis qu'ils devraient attendre leur réponse d'abord.»

À la loupe

Depuis le scandale des commandites, ajoute M. Fournier, Ottawa scrute chaque demande à la loupe «parce que tous les fonctionnaires redoutent la même chose : que Sheila Fraser (la vérificatrice générale du Canada) débarque dans leur bureau».

Puis, ajoute M. Fournier, il y a eu ce changement de ministre.

Ce n'est plus la ministre d'État au Tourisme, Diane Ablonczy, qui gère le Programme des manifestations touristiques de renom, mais bien Tony Clement, ministre de l'Industrie.

Selon ce qu'a initialement révélé le député conservateur de la Saskatchewan Brad Trost au site pro-vie LifeSite News, Mme Ablonczy aurait été remplacée parce qu'elle a eu la mauvaise idée de verser 400 000 $ à la Gay Pride de Toronto. Les contribuables canadiens ne souhaitent pas, selon M. Trost, que leurs impôts servent à financer des activités qui sont plus politiques que touristiques.

Dans des entrevues subséquentes, M. Trost a dit qu'il n'avait jamais voulu critiquer Mme Ablonczy. Il a cependant maintenu que le financement de la Gay Pride n'était pas une bonne idée.

Éric Pineault, l'un des organisateurs du défilé gai montréalais du 16 août (distinct de celui de Divers/Cité), n'a jamais pensé, lui, qu'il serait subventionné. «Avec la controverse que ça a suscité pour le défilé de Toronto, je pense qu'on va devoir attendre un changement de gouvernement.»

Le Festival international de Lanaudière, qui ne donne ni dans la controverse ni dans les revendications mais dans la musique classique, pensait bien, lui, répondre parfaitement aux critères de sélection. «Les autres grands festivals comme le nôtre, eux, ont eu une réponse positive, regrette le directeur général, François Bédard. On ne comprend pas.»

Industrie Canada n'a pas rappelé La Presse.