Miriodor a trois décennies d'existence. Rémi Leclerc en fait partie depuis 1981, époque Sainte-Foy. On peut en déduire que le batteur a de la suite dans les idées! Discrètement et sûrement, Miriodor a tenu la route au fil du temps; ce groupe inclassable cumule sept albums originaux, dont le tout récent Avanti!, lancé sur l'étiquette Cuneiform.

De cette lointaine adolescence prog traversée par le mouvement européen rock in opposition, restent au poste de Miriodor première mouture Rémi Leclerc et le claviériste Pascal Globensky. Le guitariste Bernard Falaise et le bassiste-claviériste Nicolas Masino se sont joints à la formation dans les années 90. «Chaque musicien de Miriodor, estime fièrement le batteur, a un background différent. Voilà qui rend notre genre de musique difficile à identifier: depuis les débuts, on n'aime pas se faire cataloguer progressif, musique actuelle, avant-rock ou jazz électrique. Ce qu'on fait, c'est un peu de tout ça... J'ajouterais même qu'on peut même identifier un folklore inventé dans la musique de Miriodor.»

Ni jazz, ni avant-rock, ni prog, ni musique actuelle, donc. Faisons preuve de souplesse en évoquant une musique instrumentale ancrée dans notre époque. Et présentée ce soir dans le cadre de l'Off Festival de jazz de Montréal. Ce qui ne rend pas Miriodor forcément jazz, insiste Rémi Leclerc.

«Nous avons joué au Festival de musique actuelle de Victoriaville, au FIJM, ou dans d'autres festivals aux mandats différents. Le 10 juillet, nous ouvrirons pour le concert de Van Der Graaf Generator dans le cadre du prochain Festival d'été de Québec», fait-il observer.

Est-il besoin d'ajouter que la nouvelle matière est au programme. Quatre ans, en fait, ont été nécessaires à la création d'Avanti!. Une telle musique de recherche ne fait pas vivre son homme, d'où la longueur du processus de gestation...

«Certains membres du groupe ont d'autres emplois pour faire vivre leur famille. Pascal, par exemple, ne fait de la musique qu'au sein de Miriodor, il gagne sa vie autrement - traducteur chez Wal-Mart. Nicolas Masino, lui, enseigne l'histoire de la musique. Comme Bernard Falaise, j'ai décidé que la musique serait un métier à temps complet», explique Rémi Leclerc, ajoutant que le quartette emploie souvent une section de vents - Marie-Chantal Leclair et Pierre Labbé, saxophones, Maxime Saint-Pierre, trompette.

Quoi qu'il en soit, les concepts de ce classique de l'instrumental québécois ont le temps de bien mijoter.

«Pour notre septième album, on appréhendait une répétition. Aurait-on encore quelque chose à dire? Resterait-on collés sur nos albums récents, Parade et Mekano? Finalement, non. Pour ce projet, Bernard Falaise a eu davantage le mandat de la réalisation. Or, il est très audacieux dans ses choix. Il nous connaît bien, il peut d'autant plus nous surprendre avec des idées aussi brillantes que déroutantes.

«Finalement, le processus de composition s'est avéré dynamique. On y a vécu plus d'échanges. Au résultat, les pièces de cet album sont longues. On a ainsi poussé plus loin le développement de chaque structure, de chaque forme. On a imaginé plusieurs façons de présenter un même élément, on a travaillé davantage sur les textures, les timbres, les couches de son. On a fait des choix pour se bousculer, ça se manifeste même dans les photographies de la pochette.

«Vous pouvez alors décider d'écouter notre «film» jusqu'à la fin.»

Dans le cadre de l'Off Festival de jazz de Montréal, Miriodor se produit aujourd'hui, 17h, au Cheval Blanc.