L'année qui s'amorce sera charnière pour les Grands Ballets canadiens de Montréal. Alors que la programmation 2017-2018 a été dévoilée cette semaine, La Presse en a profité pour rencontrer Ivan Cavallari, le nouveau directeur artistique, et Alain Dancyger, directeur général, pour savoir ce qui attend l'institution qui célèbre ses 60 ans d'existence cette année.

Nouveau directeur, nouvelle direction

Ivan Cavallari affiche ses couleurs dans cette première programmation à titre de nouveau directeur artistique de la compagnie. «Je prends énormément de risques pour l'année prochaine, car c'est une année dédiée à la création de nouvelles pièces. Il faut absolument créer un répertoire nouveau pour avoir une identité unique», avance ce dernier. Trois nouvelles créations seront donc présentées. D'abord, un programme double autour de la musique de Stravinski (L'Oiseau de feu et Sacre du printemps) avec deux voix chorégraphiques prometteuses, soit l'Américaine Bridget Breiner (une ancienne partenaire de M. Cavallari, lorsqu'il était danseur) et Étienne Béchard (du Béjart Ballet Lausanne). «Étienne a une fraîcheur et une jeunesse dans sa façon d'aborder la chorégraphie, ce qui lui donne la chance de pouvoir développer une idée propre, sur une musique qui a été tellement déjà utilisée, Le sacre du printemps», croit M. Cavallari. À ces deux créations s'ajoute Vendetta-storie di Mafia, un ballet narratif inspiré par la mafia, par la chorégraphe en vue Annabelle Lopez Ochoa.

Place à la musique

Les danseurs de la compagnie seront également en vedette en ouverture de saison, dans un programme double dansé sur la musique Stabat Mater de Pergolèse (chorégraphie du Roumain Edward Clug, avec lequel M. Cavalleri espère collaborer dans un avenir rapproché) et la Symphonie No 7 de Beethoven, du regretté chorégraphe allemand Uwe Scholz. Des oeuvres qui seront interprétées en direct par l'Orchestre des Grands Ballets. La musique occupe d'ailleurs une place de choix dans cette nouvelle saison; en plus de l'Orchestre qui jouera le répertoire musical de quatre des sept oeuvres présentées, M. Cavallari a aussi mis au programme une soirée qui célèbre la rencontre entre la musique et la danse. Soirée des étoiles: Dance Me to the End of Love, sera à la fois un hommage à Leonard Cohen, qui verra quelques-unes de ses oeuvres chantées par les Petits chanteurs du Mont-Royal, et une soirée dédiée à la danse avec des danseurs étoiles provenant de compagnies renommées du monde entier, qui se joindront aux Grands Ballets sur scène.

L'adieu français de Gradimir

Du 9 au 17 mars, les Grands Ballets seront présentés au Théâtre National de Chaillot. Une tournée d'au revoir pour Gradimir Pankov, qui dirige la compagnie depuis 1999. Pour cette ultime représentation d'adieu, ce dernier a choisi une de ses pièces préférées, La jeune fille et la mort, créée pour la compagnie en 2015 par Stephan Thoss. «C'est une année charnière pour nous et à Paris, ce sera un des grands événements culturels dans l'année des "anniversaires" - du Canada, de Montréal... Et ce sera aussi notre 60anniversaire! Et c'est touchant pour Gradimir, car ce n'est pas seulement sa dernière tournée avec nous, mais de sa carrière», souligne Alain Dancyger, directeur général. Le tout sera célébré par une grande réception le soir de la première en compagnie d'invités de marque, dont l'ambassadeur du Canada à Paris, Lawrence Cannon, et des membres du gouvernement français.

Le grand déménagement

C'est véritablement une année charnière pour les Grands Ballets, qui déménageront leurs pénates de leurs locaux quelque peu vétustes de la rue Rivard au nouvel Édifice Wilder, en plein coeur du Quartier des spectacles, à la fin mai. Un vent de fraîcheur pour l'institution, qui profitera désormais d'un espace de 80 000 pi2 et de sept nouveaux studios (soit quatre de plus qu'actuellement). «On crée un nouvel univers complètement intégré, qui nous permettra de développer notre mission, soit le bien-être de l'individu», explique M. Dancyger. Ainsi, une division loisir sera inaugurée en septembre avec des cours pour adultes (danse classique et contemporaine, pilates, yoga...), alors qu'un café et un restaurant seront inaugurés. Quant à l'École supérieure de ballet du Québec, elle occupera désormais tout l'édifice de la rue Rivard et concentrera son offre sur les cours pour enfants et adolescents. «Il va y avoir un renforcement de nos relations, avec l'objectif de mieux soutenir et intégrer la relève professionnelle de chez nous», ajoute le directeur général.

L'envol de la danse-thérapie

Les Grands Ballets ont créé le tout premier centre dédié à la danse-thérapie au monde en 2013, qui sera intégré au nouvel espace dans l'Édifice Wilder. «L'originalité du centre, c'est une fédération d'expertises, de gens qui travaillent ensemble pour l'amélioration du bien-être de l'individu par les bienfaits que procure la danse», expose M. Dancyger. Le centre connaît un grand succès : près de 25 projets sont en cours, réunissant quelque 50 partenaires et couvrant différentes pathologies, dont les maladies infantiles, les troubles d'apprentissage et l'oncologie. La compagnie profitera de son passage à Paris pour promouvoir cette approche avec deux événements, dont une Journée de réflexion sur les arts et la santé. Les Grands Ballets ont également annoncé que le tout premier symposium international sur la danse-thérapie se tiendra à Montréal au printemps 2018. «Nous voulons exposer notre vision holistique de la danse, soit promouvoir tous ses bienfaits, de quelque nature que ce soit», conclut M. Dancyger.

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