Sur la scène du Théâtre La Chapelle, Dany Desjardins est un peu comme chez lui. Après y avoir présenté Shitoi & Dordur (2007), All villains Have a Broken Heart (2008), On air (2009) et POW WOW (2011), le danseur et chorégraphe est de retour avec Winnin', un solo dans lequel il brouille les cartes tout en démontrant qu'il a plus d'une corde à son arc.

Que ce soit sous la direction de Dave St-Pierre, Marie Chouinard, George Stamos ou Virginie Brunelle, Dany Desjardins s'est rapidement forgé un nom comme interprète. Et il n'a pas non plus tardé à briller grâce à ses talents de chorégraphe.

Mais ce qu'on ignore de Dany Desjardins, c'est son côté geek totalement assumé, qu'il se plaît à faire ressortir dans ses créations.

Passionné de mangas, d'animation et de jeux vidéo, le jeune chorégraphe collectionne les figurines et est accro à la science-fiction.

«J'adore tout ce qui est fantastique, autant l'univers de Tolkien que l'art japonais. Ça me nourrit dans mon univers de tous les jours, mais aussi dans ma danse. Dans Winnin', le discours textuel est très geek, tout comme l'esthétique générale et la musique», explique Dany Desjardins, affectueusement qualifié de dork par certains collègues.

«Dans mes mouvements, il y a toujours cette nostalgie de vivre dans le monde de la réalité, alors qu'on voudrait être dans la fantaisie», ajoute-t-il. Le chorégraphe désire d'ailleurs se tourner vers un public friand de références à des films comme Star Wars dans sa prochaine création, pour ainsi laisser son côté geek librement s'exprimer.

Jeux de pouvoir

C'est en mars dernier que Dany Desjardins s'est attelé à la création de Winnin', contraction de winning, ou gagner en français, un terme emprunté au vocabulaire slang des chansons rap et hip-hop américaines pour exprimer la suffisance.

Après avoir créé POW WOW pour quatre interprètes féminines, le danseur est de retour en solo, pour mieux brouiller les anticipations de son public.

«J'avais envie d'explorer cette notion de pouvoir que l'artiste peut avoir sur le spectateur, mais aussi que le public a sur le performeur. L'un n'est rien sans l'autre! explique Dany Desjardins. Pour briser tout ça, j'arrive sur scène avec un sentiment d'hyperconfiance, en m'autoproclamant dans cette suffisance. C'est un peu comme si je disais au public: «Je fais ce solo-là, on a ce rapport de pouvoir et on le sait» », ajoute-t-il.

S'il désire déboussoler son public, c'est également par souci de sans cesse se réinventer que Dany Desjardins s'est aventuré dans une telle démarche créative.

«Je ne m'en rends pas compte, mais si je fais une sorte de rétrospective de mes créations, j'utilise toujours un peu la même structure, la même courbe dans mes spectacles. Alors, dans Winnin', je me mets aussi un peu au défi», précise le danseur, qui a cette fois choisi de sortir des références à la danse house, au wacking ou encore au voguing tout en introduisant une dimension plus théâtrale à son solo.

«Je voulais donner plus de voix au danseur que je suis et que le corps soit représenté dans toutes ses formes d'expression. Il y a encore une fois cette référence au gagnant dans le fait de vouloir montrer que je sais tout faire: chant, danse, texte, etc.», explique Dany Desjardins.

Le danseur amorcera prochainement une résidence avec le chorégraphe David Pressault pour Le journal d'Eros, puis enchaînera à l'automne avec Situation, le nouveau spectacle de George Stamos.

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Du 9 au 13 décembre au Théâtre La Chapelle.