Créée en 2005 pour les Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) par la chorégraphe néerlandaise Didy Veldman, Toot est de retour sur scène, à partir de jeudi au Théâtre Maisonneuve, dans le cadre d'un programme double mettant également en vedette Danz d'Ohad Naharin.

Toot est une critique drôle et cinglante de l'aliénation des individus dans les sociétés modernes à travers un univers clownesque, recréé grâce à une scénographie mobile de Miriam Buether.

Perruques extravagantes, maquillage appuyé, visages enfarinés. Les 15 danseurs des GBCM se transforment en une petite société de personnages clownesques, illustrant le caractère triste et absurde de l'homogénéisation des identités.

«Le clown est dans l'histoire le seul à pouvoir dire la vérité au roi. En mettant les danseurs dans la peau de tels personnages, je pouvais toucher à des sujets comme la guerre de manière légère, tout en ayant cet aspect plus sombre que peuvent avoir les clowns», explique la chorégraphe.

Toot se déroule sur une trame musicale partagée entre une composition du Balanescu Quartet et la Suite no 2 pour orchestre de jazz de Dmitri Chostakovitch. L'histoire et la musique constituent le point de départ de la réflexion derrière le processus de création de Didy Veldman.

«Chostakovitch est un compositeur russe de l'ère soviétique. À l'époque, le régime n'aimait pas ce qu'il faisait et il a été taxé de conformisme. Ça m'a inspirée et j'ai voulu aborder cette manière de devoir faire des concessions et de se conformer, tant au sein de la société qu'en tant qu'individu», explique Didy Veldman.

La chorégraphe néerlandaise, qui collabore avec les GBCM depuis 13 ans, pose un regard critique sur la société: quel rapport entretiennent l'individu et le groupe? Comment perçoit-on la guerre?

«J'ai voulu comprendre comment la société perçoit la guerre alors qu'elle n'est jamais vraiment en contact direct avec elle: par exemple, notre rapport aux armes est très étrange, surtout à travers les jeux vidéo. Plus tu tues de personnes, plus tu gagnes», précise Didy Veldman, qui est en train de mettre sur pied sa propre compagnie de danse.

Naharin en cinq temps

Applaudi l'an dernier à Montréal avec Hora, Ohad Naharin, directeur de la compagnie israélienne Batsheva Dance Company, nous revient avec Danz, une pièce créée sur mesure pour les danseurs des Grands Ballets canadiens de Montréal (GBCM) en 2008 et revisitée pour l'occasion. Il s'agit du deuxième collage créé par le chorégraphe pour les GBCM après Minus One, en 2002. «Cela fait plus de 20 ans que je revisite des sections de mon travail pour ma compagnie, en marge de mes nouvelles créations. Quand Gradimir Pankov (directeur des GBCM) m'a appelé pour que je travaille avec ses danseurs, j'ai créé ce collage», explique Ohad Naharin.

Le public montréalais découvrira donc une nouvelle version de Danz, collage de séquences choisies à partir de cinq oeuvres chorégraphiques créées entre 1992 et 2007. En plus de scènes tirées de Mabul (1992) et Moshe (1999), on y trouve des extraits de Three (2005), de Telophaza (2005) et de Max (2007), sur une mosaïque de musiques aussi diversifiées que celles de Beethoven, Brian Eno ou des créations de Maxim Waratt (pseudonyme d'Ohad Naharin).

«J'avais envie de mettre au défi les danseurs avec autre chose et que ce soit un peu différent. J'ai donc remplacé les deux premiers segments d'origine. Danz s'ouvre maintenant sur de la musique africaine et se poursuit avec différentes couches, à la fois électro, pop et classique», explique le chorégraphe qui présentera dans quelques semaines The Hole, sa nouvelle création interprétée dans un octogone au sein de son studio de Tel-Aviv.

________________________________________________________________________

Danz & Toot, du 14 au 23 mars au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.