À partir du 14 avril, le Royal Winnipeg Ballet fera revivre Toulouse-Lautrec, La Goulue, le French Cancan et le Paris de la Belle Époque sur la scène de la Salle Wilfrid-Pelletier, grâce à Moulin Rouge - Le Ballet.

Le Moulin Rouge est synonyme de jolies filles et de French Cancan. Les débuts du mythique cabaret du quartier Montmartre, à Paris, sont associés à jamais à des artistes mythiques. Qui eût cru que le faste et le drame du Moulin Rouge du tournant du XXe siècle puissent un jour être recréés... dans les froides plaines du Manitoba!

En 2008, le Royal Winnipeg Ballet désire créer un ballet énergique et haut en couleurs pour lancer sa 70e saison. Le directeur artistique de la compagnie, André Lewis, songe à un ballet inspiré du Moulin Rouge. Mais voilà, n'utilise pas qui veut le nom et l'image du cabaret!

«Nos équipes sont très sollicitées par des entreprises qui veulent utiliser notre image, explique Fanny Rabasse, attachée de presse du Moulin Rouge. Or, nous ne souhaitons pas donner la marque Moulin Rouge sous licence pour des spectacles vivants parce que nous ne voulons pas créer de confusion avec notre coeur de métier: le spectacle du Moulin Rouge à Paris qui est unique et d'une qualité inégalable.»

Jorden Morris et les créateurs de Moulin Rouge - Le Ballet acceptent alors que la direction du cabaret de Paris ait un droit de regard et de modification sur le synopsis du ballet, ses costumes et ses décors. Lorsque la permission est enfin octroyée, l'équipe du Royal Winnipeg Ballet a déjà un an et demi de travail de conception de fait! «Le Moulin Rouge a apprécié que j'utilise essentiellement la musique de compositeurs français du tournant du siècle (Massenet, Ibert et Debussy, etc.) et que j'intègre à l'histoire des artistes qui ont fait les beaux jours du cabaret, comme la Môme Fromage et La Goulue», explique Jorden Morris.

Moulin Rouge - Le Ballet raconte l'histoire de Nathalie, une blanchisseuse qui devient danseuse au Moulin Rouge, et de son amoureux Mathieu, un peintre, protégé de Toulouse-Lautrec. Selon Morris, la tension dramatique du ballet repose sur ces ingénus, lancés dans la tourmente de la faune bigarrée et sulfureuse qui fréquente le Moulin Rouge. «Il fallait créer un contraste, un drame au coeur de la fête. Au final, ce milieu avalera ces jeunes tout rond!», avoue le chorégraphe.

«Nous avons accordé notre bénédiction au Royal Winnipeg Ballet parce que le spectacle était dans un genre de spectacle vivant totalement différent du nôtre, soit le ballet classique, explique Fanny Rabasse. Le synopsis se devait aussi de respecter les valeurs du Moulin Rouge, tout en ne s'inspirant que de l'histoire du célèbre cabaret et non pas des autres oeuvres créées autour du Moulin Rouge comme le film de Baz Luhrmann.»

«C'est le premier ballet auquel Le Moulin Rouge accorde le privilège d'utiliser son nom et son image», précise Jorden Morris, qui s'est par ailleurs rendu à Paris, consulter les riches archives photographiques du Moulin Rouge. «C'est fascinant de voir à quel point certaines choses sont demeurées inchangées. Les spectacles auxquels on assiste aujourd'hui au Moulin Rouge sont actuels et vivants, mais à l'arrière-scène, les artistes se faufilent encore dans les mêmes couloirs étroits et les crochets sur lesquels ils accrochent leurs costumes sont ceux des débuts! Il n'y a eu rien de plus inspirant que de m'imprégner du lieu et de ses histoires.»

Recréer costumes et décors d'époque représente un défi de taille pour l'équipe de conception de Moulin Rouge - Le Ballet. L'autre? Danser le French Cancan sur pointes! «Ce n'est pas une transposition évidente, explique Jorden Morris. Le cancan se danse en bottillons, tellement plus stables et adaptés aux transferts de poids nécessaires aux battements et aux tours de cette danse que les pointes. Mais nos ballerines y sont parvenues, à force d'expérimenter!»

_______________________________________________________________________________

Moulin Rouge - Le Ballet, du 14 au 16 avril, à Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Info : (514) 842-2112.