Un vilain virus l'avait forcée à reporter ses trois spectacles sur le sol canadien, l'automne dernier, mais Amy Schumer était vendredi soir dans un Centre Bell bien plein pour honorer son rendez-vous montréalais.

D'entrée de jeu, ce qui frappe, c'est cette foule plutôt également composée de femmes et d'hommes, et l'on se demande : combien de femmes humoristes peuvent remplir ainsi, non pas un comedy club ou une salle de spectacle, mais un aréna ? Très peu. Et cela tient à la puissante présence d'Amy Schumer sur scène, d'une aisance et d'un « cool » incroyables. De toute évidence, elle a ça dans le sang.

Bien sûr, la taille de la salle fait perdre cette intimité à laquelle nous sommes habitués lorsque nous allons voir un show d'humour, et la plupart des spectateurs devaient regarder l'un des deux grands écrans pour suivre toutes ses mimiques qui font partie de son talent comique. Mais cela n'enlevait rien à son pouvoir d'attraction, puisque Schumer se permet à peu près tout. 

S'il y a un mot qui peut coller à cette humoriste, c'est bien celui d'empowerment, difficilement traduisible. 

Schumer donne réellement du pouvoir aux femmes, sans rien enlever aux hommes, dont elle se moque plutôt gentiment, comme de sympathiques petites bêtes dont l'enthousiasme érectile l'émeut, au fond. Entre autres parce que, selon elle, ils se foutent un peu de l'apparence et veulent juste entrer leur pénis quelque part...

RÉCITS PAILLARDS

Pratiquement toutes ses blagues visent en bas de la ceinture et font friser les oreilles chastes. D'ailleurs, elle fait l'éloge de ce bas où l'on doit aller une fois de temps en temps, homme ou femme, et c'est l'occasion pour elle de parler de son vagin - « chatte » plutôt, si l'on réfère au mot « pussy ». Non, ça ne sent pas toujours la rose - « et c'est OK », dit-elle, bien qu'elle admette que peu de femmes aiment se faire embrasser après un cunnilingus. Sa question préférée pendant une baise ? « Où est-ce que je peux venir ? » Les options ne sont pas légion, mais ça lui donne envie de demander au gars s'il est un American sniper et s'il peut viser sa main en mouvement !

Que s'est-il passé depuis sa première expérience à Montréal, en 2007 ? « Je suis devenue riche, célèbre et humble », a lancé celle qui s'est fait connaître par son émission Inside Amy Schumer, le film Trainwreck et un livre, The Girl With the Lower Back Tattoo. Elle a eu un chum, ce qui complique la vie, puisque ça signifie avoir un témoin quand on pète au lit. Elle a vieilli aussi et constate qu'elle a moins de fun lorsqu'elle a un black-out, tout en adorant encore l'alcool. Quant à l'apparence, elle s'en moque un peu, balance-t-elle. 

« J'avais l'air stupide quand j'ai suivi un régime parce que ma face restait de la même dimension. » 

- Amy Schumer

L'humoriste montre sans problème sa petite bedaine sur grand écran et la foule l'applaudit, ainsi qu'une photo ratée d'elle en bikini qu'elle compare à la photo de la blonde parfaite de Bradley Cooper, son fantasme, l'homme qui, selon elle, fait « mouiller tous les orifices » (même les oreilles).

Son personnage de scène, complètement décomplexé et libre, fait d'Amy Schumer plus qu'une humoriste. C'est une femme dans laquelle énormément de femmes peuvent se reconnaître, c'est une coach, c'est une « chum de brosse » et c'est, au bout du compte, une véritable libératrice. La seule chose qu'on trouve dommage, c'est la brièveté de son show, qui était précédé d'une assez longue première partie.