Phénoménale Micheline Bernard jouant le rôle d'une dame indigne dans la pièce Des promesses, des promesses, de l'Écossais Douglas Maxwell!

C'est rare. Aussi vite et fort et convaincant. Dès son entrée sur scène, Micheline Bernard séduit, ravit. Dès qu'elle ouvre la bouche, on est conquis.

On voudrait être les élèves de cette Miss Brodie qui n'est plus dans sa prime jeunesse. Enseignante à la retraite, elle a accepté de faire de la suppléance dans une classe où arrive une jeune Somalienne dont le mutisme dérange son entourage.

L'école accepte qu'un rituel ait lieu pour «exorciser» en quelque sorte la fillette de 6 ans, ce qui fait exploser la fière enseignante d'expérience. «Pas dans ma classe», s'écrit-elle.

Le texte de Douglas Maxwell est une construction maîtrisée de bout en bout, finement ciselée, dramatiquement et psychologiquement. Il est très bien rendu dans la traduction de Maryse Warda et la mise en scène de Denis Bernard.

Celui-ci connaît son stradivarius, Micheline Bernard, et n'a qu'à la laisser jouer chacune des notes claires, précises, drôles ou émouvantes de cette ode à l'amitié entre une dame indigne et une jeune fille renfermée.

Miss Brodie est une femme qui tient ses promesses dans un monde où les hommes mentent comme ils respirent, dans une société où les accommodements raisonnables deviennent les cauchemars de petites filles et où la religion fait toujours des ravages chez les ignorants.

Miss Brodie croit toujours aux promesses de l'école qui offre aux enfants tout ce qu'ils doivent savoir dans un lieu où ils sont à l'abri des agresseurs de toutes sortes.

Miss Brodie, c'est Micheline Bernard, suave, savoureuse, sensuelle. Frêle et forte à la fois. Qui ose montrer d'un doigt mince, mais résolu, les grossièretés des uns et les lâchetés des autres.

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Des promesses, des promesses de Douglas Maxwell. Mise en scène de Denis Bernard. À La Licorne jusqu'au 19 novembre.

Photo Suzanne O’Neill, fournie par la production