Après Plywood en avril dernier, Espace libre redonne la parole aux jeunes avec un Ma(g)ma parfois brûlant, mais plutôt difforme.

Les deux pièces se ressemblent dans le fond comme dans la forme : une jeunesse désoeuvrée, inquiète de passer à l'âge adulte qui s'exprime beaucoup plus par le corps que par les mots.

À l'entrée en salle, un enfant joue, seul. Il sera rejoint par des hommes menaçants qui roulent les mécaniques. L'enfant fuit devant la montée d'une violence potentielle, quoique silencieuse.

Après une démonstration de virilité primaire, une femme viendra « calmer » le jeu au son de l'Ave Maria de Schubert. Femme idolâtrée par des hommes soudainement en pâmoison.

L'ensemble de la distribution, une quarantaine de jeunes hommes et femmes, jouera ensuite le rituel de la séduction et de la sexualité débridée avant de tomber dans une torpeur que l'enfant du début tentera de secouer.

La finale frénétique se fera au son d'une énumération d'actions qui se termine brusquement par un seul mot, « être », un état qui semble impossible à atteindre par cette jeunesse angoissée, qui ne veut pas vieillir.

L'ATTRAIT DU VIDE

Des jeunes sans mot, sans but non plus. Laissés à eux-mêmes, nageant dans l'avoir et le paraître. Comme dans Plywood, le propos est simple, voire mince. Les quelques textes, plutôt mièvres.

Les corps parlent à l'unisson ou non, dans des chorégraphies originales et bien dirigées. C'est la principale force de ce spectacle qui compte également une trame sonore captivante.

Mais que reste-t-il entre l'innocence et la violence ? L'attrait du vide, semblent répondre les artisans de ce spectacle, qui viennent à la fois du théâtre, de la danse et de la musique. 

Mieux vaut s'enterrer vivant plutôt que de continuer, alors ?

C'est l'époque, diront certains. Ce n'est pas le manque de sens qui dérange ici autant que l'absence de volonté d'en chercher de nouveaux.

Au tout début, les concepteurs font défiler sur un écran central une liste de remerciements qui vont de Dolan à Cioran et Castellucci - on sent l'influence du créateur italien, sans les moyens, dans la pièce -, en passant par Walt Disney et Debussy.

Tant de références, mais trop peu à dire pour l'instant. On attendra la suite...

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À Espace libre jusqu'au 10 septembre

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Ma(g)ma

De Castel Blast

Mise en scène et chorégraphie d'Olivia Sofia et Léo Loisel

Photo Jules Bérard, fournie par Espace libre

La distribution du spectacle Ma(g)ma