Premier grand coup de coeur de la saison théâtrale pour la pièce Septembre, superbement écrite et jouée par Evelyne de la Chenelière.

C'est la rentrée à l'école. Elle se passe une journée après le 11 septembre, mais n'est pas pour autant exempte de petits et de grands bobos, de petits et de grands drames.

Une mère doit interrompre son travail à la maison pour aller chercher sa fille, qui a mal au ventre, à l'école. Dans la cour de récréation, elle observera les enfants et leur imaginera une vie, des plaisirs et des malheurs, comme seule une mère peut le faire.

Une mère qui navigue entre les écueils des « il faut », des « on dit » et des « ne pas ». Une mère qui se souvient du meilleur de son enfance et qui imagine le pire du présent.

Une femme au coeur en alerte qui a toujours « peur de se tromper » et qui a, pourtant, tout compris de la vie des nombreux exclus des cours d'école, de la fillette honteuse de sa mère alcoolique jusqu'au plus faible des garçons, victime de taxage.

La mise en scène sobre de Daniel Brière met l'accent sur un texte juste et sensible, parfois incandescent de poésie.

« C'est tout de suite qu'il nous faut décider de notre malheur, car, plus tard, être malheureux passera inaperçu », dira une fillette solitaire. 

Brière accorde cette belle partition avec de magnifiques projections et une bande constituée de la voix de l'interprète et des effets sonores d'Alexander MacSween.

L'impuissance d'une mère

Avec comme décors un mur entièrement couvert de post-it et une clôture métallique amovible, Evelyne de la Chenelière joue admirablement certains des élèves, mais surtout toutes ces mères angoissées, qui voudraient être plus, tellement plus, pour leur enfant. 

Jusqu'à se faire marcher sur le corps pour que le fils devienne un petit caïd comme les autres. Jusqu'à imaginer que le pire pourrait arriver dans cette école ouverte à tous les « oiseaux vengeurs ». 

En ces temps difficiles dans nos établissements scolaires, Evelyne de la Chenelière ne critique personne, ne dénonce rien. Elle écrit en lettres rouges l'impuissance d'une mère devant les abysses de douleur de l'enfance ainsi que les menaces réelles ou imaginaires à la tendre, mais nécessaire innocence.

Septembre, c'est toute la beauté d'un coeur de mère qui noue la vie à partir de tressaillements invisibles.

Septembre. Écrit et joué par Evelyne de la Chenelière. Mise en scène de Daniel Brière. À l'Espace libre jusqu'au 3 octobre.