On ne trouvera pas de pièce plus classique que Le barbier de Séville. La comédie de Beaumarchais, jouée pour la première fois il y a 240 ans est une intrigue amoureuse spirituelle, qui, à l'époque, était considérée comme une critique en règle de classe bourgeoise.

Aujourd'hui, la pièce à quiproquos fait sourire, mais elle a perdu à peu près toutes ses dents. On en convient, c'est un défi de taille que de revisiter ces pièces françaises quelque peu surannées, mais d'autres y sont à peu près parvenus. On n'a qu'à songer à Marie Tudor de Victor Hugo, qu'avait mis en scène Claude Poissant.

Le metteur en scène Daniel Paquette nous livre un Barbier... divertissant, mais sans grande originalité ni audace. Sage, en somme.

La performance des acteurs est inégale, même si, visiblement, le jeune public qui a assisté à la première a semblé apprécier les joutes verbales pittoresques entre maîtres et valets. Si Beaumarchais et ses serviteurs contemporains leur ont donné un peu le goût du théâtre, on peut parler de victoire, malgré nos réserves.

Le comte Almaviva tombe amoureux d'une certaine Rosine, jeune orpheline promise à son vieux tuteur, le docteur Bartholo. Lorsque la belle rencontre son soupirant, elle met tous ses espoirs en lui. Le jeune valet Figaro, barbier à ses heures, faisant preuve d'ingéniosité, aidera son ancien maître Almaviva à conquérir Rosine.

Daniel Paquette mise sur les ressorts comiques de la pièce. Car pour se rapprocher de la belle Rosine (Madeleine Péloquin), le comte Almaviva multipliera les déguisements. Tantôt en jeune bachelier, tantôt en soldat, tantôt en maître de chant... Des numéros où le jeune Kevin Houle, un peu plat dans le rôle du comte, ne manque pas de pétillant.

Le metteur en scène a également voulu donner une couleur musicale à la pièce, conçue à l'origine comme un opéra comique. Les chansons, interprétées par les personnages principaux de la pièce, lui donnent des airs de comédie musicale kitsch. Tant qu'à explorer cette avenue, les créateurs auraient pu pousser le bouchon encore plus loin.

L'ingénieux décor d'Anne-Marie Matteau est conçu de manière à nous montrer la captivité de Rosine, que l'on voit dans ses appartements, tantôt de l'extérieur, tantôt de l'intérieur. Madeleine Péloquin joue bien la belle ingénue. Son tuteur, interprété par Roger Léger, a quelque chose de caricatural, mais bon, son personnage est bourru et jaloux. C'est ce qu'il joue. On ne le lui reprochera pas.

Les deux comédiens les plus surprenants sont Carl Péloquin, dans le rôle de Figaro, et Daniel Desparois, qui interprète avec truculence le personnage de Don Bazile, prêt à toutes les trahisons pour une bourse d'argent. À eux deux, ils parviennent à donner un peu de couleurs à ce Barbier un peu pâle, qui aurait gagné à être joué avec plus de folie!

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Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 1er avril