Il y a trois choses importantes à savoir sur A Little Nightmare Music des musiciens-humoristes Aleksey Igudesman et Hyung-ki Joo, présenté mercredi soir dans le cadre du Festival de musique de chambre de Montréal.

La première, c'est qu'il s'agit avant tout d'un spectacle d'humour basé sur la musique, et non d'un concert où l'on aurait saupoudré des blagues pour détendre l'atmosphère. La deuxième, c'est que ce n'est pas une soirée où l'on rira à se rouler par terre, mais on y aura néanmoins beaucoup de plaisir car ce duo, unique en son genre, vaut vraiment le déplacement. Et la troisième, c'est que ces types sont complètement fous... et surdoués.

Il faut l'être pour combiner intelligemment autant de virtuosité, de créativité et de références culturelles en une seule soirée. On va de Mozart à la science-fiction en passant par le jazz, pour finir sur la chanson I Will Survive modifiée façon russe.

La recette semble simple, mais on devine l'énorme travail en amont. On prend une pièce connue, on la déconstruit, on en recolle les morceaux à sa façon et on la superpose à une autre apparemment incompatible mais qui semble tout à coup avoir de singuliers liens de parenté.

Ainsi, une symphonie de Mozart se voit combinée au thème de James Bond... et cela fonctionne! Le tout dans une succession de mises en scène cocasses et de pots-pourris endiablés. C'est du bonbon pour les mélomanes, mais aussi une source d'étonnement continuel pour qui aime la musique en général, pas seulement classique.

Le duo joue habilement avec les clichés du monde musical, caricaturant les manies des concertistes ou le sentimentalisme outrancier de certaines chansons populaires. Les numéros sont toujours amusants mais leur effet comique, variable. Si certains sont effectivement hilarants, quelques-uns tiennent presque du spectacle pour enfants ou de la farce facile de cabaret et font simplement sourire.

Comme points forts de la soirée, on retient ce piano à la voix robotisée dans lequel il faut glisser une carte de crédit et entrer un mot de passe pour pouvoir jouer, ou ce désopilant violoniste extra-terrestre qui reproduit sur son instrument la voix suraiguë du thème original de Star Trek pendant que ses antennes bougent dans tous les sens. Il y a là du matériel digne d'un Festival Juste pour rire.

Toutefois, certaines blagues sont prévisibles et le pianiste Hyung-ki Joo force trop la note dans les mimiques et le cabotinage à la Jerry Lewis.