Mamma Mia! était de retour à la Place des Arts, mardi, pour la troisième fois en moins de quatre ans.

Présentée partout dans le monde depuis 13 ans, cette comédie musicale a déjà attiré 50 millions de spectateurs et généré des recettes de plus de 2 milliards de dollars. C'est Benny Andersson et Björn Ulvaeus, deux membres d'ABBA, qui ont eu l'idée de créer une comédie musicale inspirée des paroles des chansons du mythique groupe des années 70.

Comment expliquer que mardi soir, malgré les irrésistibles chansons d'ABBA, la magie des grosses productions de Broadway, où la comédie musicale est présentée depuis une décennie, n'ait pas été au rendez-vous?

La large scène de la salle Wilfrid-Pelletier n'aura jamais paru aussi vide, et les décors en carton-pâte de la production deux fois milliardaire laissent penser que peu des recettes ont été réinvesties dans le spectacle au cours des dernières années. Même chose du côté des costumes défraîchis. Et que dire de l'absence de sous-titres français...

Il faudra attendre la fin du spectacle pour sentir la magie de Broadway et des nombreux chanteurs et danseurs, interprétant Voulez-Vous puis, en rappel, Dancing Queen. On y retrouve bien sûr l'intrigue drôle, simple, mais efficace qui tisse entre elles les chansons d'ABBA - comme I Have a Dream, Chiquitita, Super Trouper, S.O.S. ou encore Money Money Money, toujours aussi enlevées - racontant l'histoire d'une jeune fille élevée dans une île grecque par une mère émancipée et rebelle qui ne lui a jamais dévoilé l'identité de son père. À la veille de son mariage, elle décide d'inviter à la cérémonie trois anciens amants de sa mère qui seraient potentiellement la figure paternelle qu'elle recherche.

Mais ce qui vient en premier lieu gâcher notre plaisir, c'est le ton surexcité emprunté par Sophie et ses amies, mais surtout la fausseté avec laquelle chantent à plusieurs reprises l'interprète de Sky (Happy Mahaney), le jeune fiancé, ou encore Sam Carmichael (Christian Whelan), un des ex-amants de la mère de la mariée. Précisons qu'il ne s'agit ni de la distribution de Broadway ni de celle qui avait charmé le public montréalais en 2008.

Il se pourrait que la distribution de Mamma Mia! , à l'affiche à la salle Wilfrid-Pelletier jusqu'à dimanche, ne soit pas ce qu'on appelle «l'équipe A». La version de Mamma Mia! présentée mardi soir manque d'envergure et déçoit profondément la fan de comédie musicale, de son adaptation cinématographique et d'ABBA qu'est l'auteure de ces lignes. Cette pièce aurait bien besoin de retrouver le vent de fraîcheur qui a fait son succès planétaire.