L'émotion était palpable mercredi soir à la fin de cette «dernière première montréalaise» de Rain, comme une pluie dans tes yeux, qui prendra fin le printemps prochain.

La douzaine d'interprètes de la troupe Éloize a savouré chaque seconde de l'ovation qui a suivie cette performance magistrale d'un peu plus de deux heures. Certains artistes ont même essuyé des larmes d'un revers de main sous la pluie qui continuait de s'abattre sur la scène.

Écrit et mis en scène par Daniele Finzi Pasca, qui a aussi créé Nomade (2002) et Nebbia (2007), Rain est sans doute le spectacle d'Éloize ayant connu le plus de succès. Créé en 2004, il a été vu depuis par plus de 750 000 spectacteurs dans le monde.

Il y a beaucoup de douceur, de poésie et d'humour dans ce spectacle à la fois musical et acrobatique, qui explore les thèmes de l'enfance et de la liberté. Le metteur en scène suisse-italien y a construit des tableaux magnifiques, où les interprètes sont en constante interaction avec le public. Un des atouts de Rain.

N'ayons pas peur des mots, le maître de piste, Ashley Carr, est irrésistible. L'artiste d'origine anglaise a une présence et un charisme qui fait mouche. Jongleur et manipulateur, il a tôt fait de nous charmer avec son numéro de valise. On le retrouve également dans des numéros humoristiques d'hommes forts et de planche sautoir.

La musique composée par Maria Bonzanigo, complice de longue date de Finzi Pasca, et Lucie Cauchon, est la lie du spectacle. Piano, accordéon, violon et violoncelle s'amarrent parfaitement aux différents numéros. Grâce aux deux musiciens, Jocelyn Bigras et Benoît Landry, mais aussi aux acrobates, qui passent de la jonglerie à la clarinette, du tissu à la trompette, de la barre russe aux cymbales!

Les numéros marquants de la soirée? Celui de la contorsionniste Valérie Doucet, qui chante en même temps qu'elle multiplie la déconstruction de son corps, mais avec une beauté et une douceur exceptionnelles. On la retrouve d'ailleurs dans un autre numéro comique, où elle se fait enfermer dans une valise. Et encore en duo avec Émilie Grenon Emiroglou, dans une démonstration de «femmes fortes». Très drôle.

Le numéro de tissu aérien à cinq, dans la pénombre, fait son effet. Comme le duo masculin de main à main, impressionnant. Anna Ward est également remarquable. En plus de participer à la narration de ce récit nostalgique, elle participe au numéro de Roue Cyr, de trapèze et de tissu, en plus d'incarner avec une présence troublante le rôle de cette femme-enfant marginale.

La pièce se termine sous des trombes d'eau, avec des numéros plus humoristiques où la troupe y multiplie les jeux d'enfants. Avec cette parodie d'un numéro de nage synchronisée et ce match de soccer dans la flotte, où l'on a finalement qu'une seule envie: monter sur scène pour jouer, nous aussi.

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Au Monument-National jusqu'au 30 décembre.