Alors que le Cirque du Soleil prépare ces jours-ci son premier spectacle permanent en Chine, la troupe montréalaise Les 7 doigts s'apprête elle aussi à faire une entrée en force dans ce marché de 1,4 milliard d'habitants grâce à un protocole d'entente signé cette semaine à Pékin.

Les 7 doigts ont conclu un accord avec la China Performing Arts Agency (CPAA), un organisme du ministère de la Culture, qui prévoit la coproduction d'un tout nouveau spectacle et la création d'un autre qui pourrait s'installer en résidence en Chine. L'entente prévoit aussi de faire tourner des spectacles existants de la troupe de cirque dans les théâtres de la CPAA.

« Nous sommes enthousiaste quant au grand potentiel de cette entente avec l'agence principale du ministère de la culture et du tourisme en Chine », a indiqué à La Presse Nassib El-Husseini, directeur général des 7 doigts.

Cette entente fait partie des 23 accords et contrats récoltés au terme de la première mission commerciale des industries créatives canadiennes en Chine. Plus de 60 sociétés et organismes ont pris part à ce voyage dirigé par la ministre du Patrimoine canadien Mélanie Joly, dont le Cirque du Soleil, Cavalia, la maison de production montréalaise Item 7 et le Cirque Éloize.

« On s'attendait à des ententes d'une valeur de 110 millions et on a finalement récolté 125 millions, a affirmé Mélanie Joly, jointe hier en Chine. Beaucoup de pourparlers ont été entamés, et ça va se poursuivre. »

APRÈS NETFLIX

Si elle a connu un automne tourmenté en raison de son entente controversée avec Netflix, qu'elle a eu bien du mal à défendre, la ministre Joly se dit persuadée du bien-fondé de sa stratégie d'exportation des industries culturelles. Elle a annoncé un budget de 125 millions sur cinq ans à cette fin en septembre dernier.

« On a décidé de se concentrer surtout sur la Chine parce qu'on savait qu'il y avait un potentiel immense pour nos industries créatives, au moment même où la classe moyenne chinoise consomme de plus en plus de contenus culturels et diverses expériences artistiques », a-t-elle avancé.

Mélanie Joly a effectué une première visite en Chine en janvier 2017 pour se familiariser avec le marché, et elle a reçu son homologue chinois Luo Shugang à Ottawa en février dernier à l'occasion de la première réunion du Comité mixte Canada-Chine sur la culture.

La ministre dit avoir adopté « une approche très systématique » dans son analyse du marché chinois. Quatre secteurs en particulier recèlent selon elle un bon potentiel commercial pour les entreprises canadiennes : les arts de la scène, les musées, l'audiovisuel et le jeu vidéo. Elle soutient par ailleurs avoir abordé la question des droits de l'homme et de la violation des droits de propriété intellectuelle avec son homologue Luo Shugang cette semaine en Chine.

UNE SÉRIE TRADUITE EN MANDARIN

Parmi les autres retombées de cette mission, le plus grand éditeur canadien de livres pour enfants, Kids Can Press, a ratifié deux ententes pour traduire une de ses séries à succès en mandarin et pour distribuer des versions anglaises de ses ouvrages en Chine. « C'est clair qu'il y a une demande chinoise considérable pour des contenus canadiens », a affirmé à La Presse la présidente du groupe, Lisa Lyons Johnston.

Avant cette mission en Chine, Mélanie Joly a effectué la semaine dernière un arrêt de quelques jours en Corée du Sud pour se familiariser notamment avec le phénomène de la K-Pop. Cette initiative a été ridiculisée par l'opposition conservatrice à Ottawa et par plusieurs commentateurs.

PHOTO ARCHIVES LE SOLEIL

La ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly