Le guide créatif du Cirque du Soleil, Jean-François Bouchard, a présenté vendredi à C2 Montréal une maquette interactive du nouveau théâtre immersif que le Cirque fait construire à Hangzhou, en Chine. Un théâtre construit dans le cadre d'un immense projet immobilier qui doit notamment attirer 200 000 nouveaux résidants, un centre des arts et un cinéma IMAX.

La présentation a été faite en présence du directeur de création Neilson Vignola au cours d'une conférence du Cirque sur le « futur du divertissement ».

À l'automne 2015, le Cirque avait dévoilé à La Presse les premières esquisses en 3D du théâtre qui accueillera son spectacle permanent à partir de novembre 2018. Un théâtre tout en longueur érigé dans le hangar d'une ancienne gare de triage de Hangzhou avec des gradins divisés en deux îlots mobiles permettant aux 1400 spectateurs de se déplacer sans quitter leur siège.

C'est ce plan que le Cirque a mis en oeuvre depuis. Et que son partenaire chinois XTD (qui travaille sur l'ensemble du complexe immobilier) construit en ce moment.

Concrètement, on parle de deux îlots de 700 sièges, pouvant chacun à la fois pivoter sur lui-même à 360 degrés et se déplacer de gauche à droite. Parfois, les îlots se feront face (il y aura une scène au milieu avec un plateau tournant) ; parfois, ils seront côte à côte (face à une grande scène) ; parfois, ils s'éloigneront l'un de l'autre ou alors ils se placeront dos à dos (pour faire face chacun à une petite scène de côté).

Chaque fois, les spectateurs en mouvement auront un point de vue différent sur ces quatre scènes de dimensions différentes.

THÉÂTRE MULTIPLATEFORME

Des passerelles seront également construites au-dessus des gradins, a précisé Neilson Vignola, qui travaille maintenant au contenu du spectacle avec le metteur en scène Hugo Bélanger, qui vient de monter la pièce Harold et Maude chez Duceppe.

Des projections vidéo seront également conçues de manière à envelopper le spectateur. Trois haut-parleurs par fauteuil seront aussi installés.

Bref, un terrain de jeu que les créateurs du Cirque ont hâte d'exploiter. 

« C'est un théâtre multiplateforme qui fait à la fois office de cinéma, de scène à l'italienne, de manège et de jeu vidéo. »

- Jean-François Bouchard, du Cirque du Soleil

« Il n'y a rien de tel qui existe ailleurs, donc toute la mécanique de scène est à penser et à faire. Je pense que c'est un outil formidable », explique Jean-François Bouchard.

Le théâtre sera donc immersif, mais y aura-t-il de l'interactivité avec les spectateurs ? « La possibilité est là, on peut toujours solliciter les spectateurs, mais, dans ce projet-ci, le but n'est pas de faire bouger le spectateur puisque c'est le théâtre qui les fait bouger, a indiqué Jean-François Bouchard. Comment ? À quelle fréquence ? On va essayer de surprendre le spectateur. »

UN MARCHÉ CAPITAL

Dans une entrevue accordée récemment à La Presse, Daniel Lamarre avait dévoilé le thème principal de la pièce : « Ce sera un spectacle sur le thème de l'Ouest qui rencontre la Chine », avait précisé le PDG du Cirque, qui a dû tirer des leçons de l'expérience du spectacle Zaia, présenté à Macao de 2008 à 2012.

Le Cirque du Soleil attend ce moment depuis longtemps. Sa vente au consortium mené par TPG Capital et l'arrivée de l'actionnaire chinois Fosun (qui détient 20 % des titres du Cirque) avaient justement pour but de lui permettre de percer ce marché. D'ici là, le Cirque présentera son spectacle Kooza le 1er octobre à Shanghai, à Pékin, puis dans cinq autres villes chinoises.

Toruk sera également présenté en Chine à la fin de 2018, peu après le lancement de la nouvelle création de Hangzhou. On saura alors si le Cirque a mis la main sur le Saint-Graal.

Photo fournie par le Cirque du Soleil

Jean-François Bouchard, guide créatif du Cirque du Soleil