« C'est horrible. C'est probablement l'expérience la plus difficile que j'ai vécue dans ma vie. D'avoir à appeler un ami pour lui annoncer que son fils est décédé. Ç'a été extrêmement difficile », a confié le PDG du Cirque du Soleil, Daniel Lamarre, en commentant la mort du fils de Gilles Ste-Croix, Olivier Rochette.

Le technicien de scène de 42 ans est mort mardi soir dans le chapiteau du Cirque après avoir été heurté par une nacelle télescopique qui a basculé peu avant la représentation de Luzia, à San Francisco. Le fils de Danielle Rochette et du cofondateur du Cirque du Soleil Gilles Ste-Croix travaillait comme monteur depuis 20 ans.

« Dans les heures qui ont suivi, j'ai pris le premier avion pour San Francisco pour offrir tout le soutien à l'équipe de Luzia, qui est extrêmement bouleversée par ces événements », a indiqué Daniel Lamarre, joint en Californie. Les représentations de Luzia sont suspendues jusqu'à nouvel ordre, a-t-il précisé.

« Ce que j'ai dit aux 150 employés de l'équipe là-bas, c'est que ce n'est pas à moi ou à la direction du Cirque de décider à quel moment ils vont remonter sur scène, c'est à eux. En ce moment, ils sont entourés par des psychologues spécialisés dans ce genre de situations. C'est eux, avec nos employés, qui nous diront lorsqu'ils seront prêts à reprendre le spectacle. »

Les circonstances de l'accident qui a coûté la vie à Olivier Rochette sont encore nébuleuses. Une enquête est menée à la fois par la police de San Francisco et l'Agence américaine de prévention des blessures au travail (OSHA). Le Cirque collabore de façon « très transparente » avec les autorités américaines, a assuré M. Lamarre.

« Ce qu'on sait pour l'instant, c'est que la nacelle [qui permet aux techniciens de travailler en hauteur] a basculé et percuté Olivier. Ce n'est pas un bris d'équipement, c'est la façon dont la manoeuvre a été faite qui est à l'origine de l'accident, a indiqué le PDG du Cirque. C'est au moment où elle glissait vers l'arrière-scène qu'elle a basculé. »

Daniel Lamarre veut d'abord comprendre ce qui s'est passé avant de procéder à quelque changement que ce soit. « On a des mesures de sécurité extrêmement strictes et rigoureuses, donc on va suivre l'évolution de l'enquête et on verra. On est toujours ouverts à mettre en place des améliorations et des recommandations. »

PLUS DE SPECTACLES, PLUS DE RISQUES

« Depuis 15 ans que je suis au Cirque du Soleil, c'est la première fois que je vis en si peu de temps autant d'accidents, a confié Daniel Lamarre, faisant référence entre autres à l'accident de mercredi soir (au Centre Bell), ainsi qu'aux accidents de Lisa Skinner (dimanche dernier à Brisbane, en Australie) et Karina Silva-Poirier (le 20 octobre à Orlando).

« Ce qu'il faut savoir, c'est que lorsque je suis arrivé au Cirque, on avait trois spectacles permanents et quatre spectacles de tournée, poursuit Daniel Lamarre. Aujourd'hui, on a 9 spectacles permanents et 11 spectacles de tournée, alors c'est sûr que le volume d'activité fait augmenter le niveau de risque. »

Une question demeure : les artistes de cirque prennent-ils aujourd'hui trop de risques ? Est-ce qu'ils ne ressentent pas une pression pour en faire toujours un peu plus ?

« Je pense qu'on essaie au contraire de limiter le niveau de risque, de mettre des courroies de sécurité si on sent qu'un numéro est trop risqué, on est très vigilants sur ces questions de sécurité, se défend Daniel Lamarre. Ce n'est pas la voie qu'on suit. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, archives LA PRESSE

Les représentations de Luzia sont suspendues jusqu'à nouvel ordre.

Concernant l'accident survenu mercredi soir au Centre Bell, où un acrobate d'Ovo a subi une blessure mineure au dos en exécutant un numéro de trampoline, Daniel Lamarre tient à mettre les choses en perspective.

« Ça fait sept ans qu'on présente ce spectacle partout dans le monde, et on n'a jamais eu d'accident sur ce spectacle. Je ne veux pas banaliser les choses, mais hier, ce qui s'est produit, c'est qu'on n'a pas voulu prendre de chance. On a préféré mettre fin au spectacle et immobiliser notre artiste. Une demi-heure après son arrivée à l'hôpital, il est ressorti sur ses pattes et il est correct. Mais on a fait ce qu'il fallait faire. »

Est-ce que le Cirque a l'intention de prendre des mesures de sécurité additionnelles immédiates sur ses spectacles ? Rajouter des harnais, des filets, etc. ? Quelles leçons tirer de cette semaine catastrophique ?

« Je pense qu'il faut regarder tout ça avec beaucoup de modestie, d'ouverture d'esprit et évaluer les situations au cas par cas, a-t-il répondu prudemment. Quand je regarde l'ensemble des quelques situations fâcheuses qu'on a vécues récemment, chaque cas est différent. Donc, on fait notre propre analyse à l'interne, on écoute les experts externes qui ont des choses à nous dire et on va apporter toutes les améliorations qu'on peut pour mieux assurer la sécurité de nos artistes. »

Sept accidents ayant touché le Cirque

30 novembre 2016

Ovo (Montréal)

Un jeune artiste de 27 ans fait une chute durant un numéro de trampomur. Heureusement, il s'en tire avec une blessure mineure au dos.

29 novembre 2016

Luzia (San Francisco)

Le technicien de scène Olivier Rochette meurt après avoir été heurté par une nacelle télescopique.

27 novembre 2016

Kooza (Brisbane)

Lisa Skinner, 35 ans, fait une chute de cinq mètres pendant son numéro de cerceau aérien. Elle subit une fracture cervicale.

20 octobre 2016

La Nouba (Orlando)

Karina Silva Poirier fait une chute pendant qu'elle répète son numéro de tissu aérien. Elle a subi de multiples fractures au crâne. On ne sait pas encore quelles seront les séquelles de cet accident.

23 février 2016

Zarkana (Las Vegas)

Un acrobate fait une mauvaise chute en pleine représentation. L'artiste s'en est tiré avec des blessures mineures.

22 février 2016

Love, The Beatles (Las Vegas)

Une artiste de cirque fait une chute de 20 pi durant une répétition générale. Elle a finalement survécu à sa chute et s'en est tirée sans séquelles.

29 juin 2013

 (Las Vegas)

Sarah Guyard-Guillot meurt en pleine représentation après avoir fait une chute de 94 pi (plus de 27 m) après que le câble retenant son harnais eut cédé.