L'objectif de la nouvelle direction du Cirque du Soleil, racheté le mois d'avril dernier par le fonds d'investissement américain TPG Capital, est d'augmenter la croissance, a affirmé son PDG Daniel Lamarre. Selon lui, les changements récents à la tête du Cirque sont « normaux et positifs ».

M. Lamarre réagissait à un reportage diffusé par Radio-Canada hier qui annonçait les départs du chef de l'exploitation du Cirque du Soleil, Charles Décarie, responsable de tous les spectacles du Cirque, ainsi que du directeur des finances Éric Marceau (prévu le 31 mars prochain). Les deux hommes auraient pris la décision de quitter l'entreprise de leur propre chef.

« Dans un contexte de changement, c'est normal que certaines personnes soient mal à l'aise, estime M. Lamarre, qui répond maintenant de ses gestes à un conseil d'administration présidé par l'homme d'affaires montréalais Mitch Garber. Ce sont des ajustements à l'interne. Pour être honnête, on essaie d'avoir un fonctionnement administratif plus léger pour que notre argent aille dans nos nouveaux spectacles. »

« On n'est pas dans un climat où on abolit des emplois et où on resserre les budgets à outrance. On est dans un contexte où on va produire trois nouveaux spectacles cette année, dont un à Broadway, où on a plusieurs projets pour 2017-2018, où on s'apprête à faire notre entrée en Chine », dit Daniel Lamarre.

« On est donc dans un mode de croissance et de création d'emplois. Les gens devraient se réjouir ! », conclut M. Lamarre.

Charles Décarie, qui travaillait au Cirque depuis 15 ans, sera remplacé par le financier Jonathan Tétreault, qui a d'abord été embauché au mois de novembre dernier comme directeur des affaires. M. Tétreault, qui sera également responsable des spectacles du Cirque et de ses filiales, dirigeait jusqu'à récemment le cabinet-conseil McKinsey & Company.

« Ce qu'il faisait chez McKinsey, c'était d'aider les organisations à bien déployer de nouvelles stratégies d'affaires, précise Daniel Lamarre. C'est exactement ce que je dois faire ! Je dois déployer de nouvelles stratégies sur de nouveaux marchés. Il faut mettre les choses en perspective. Ce n'est pas un gars de finance comme lui qui va changer les spectacles existants ! »

« ENVIRON 450 NOUVEAUX EMPLOIS »

Les départs de Charles Décarie et Éric Marceau s'ajoutent à celui de Diane Quinn, qui était vice-présidente principale responsable des opérations créatives et artistiques. Faut-il s'attendre à d'autres départs ou mises à pied ? « Avec nos spectacles Toruk, Luzia et Paramour, on crée environ 450 nouveaux emplois, répond-il. C'est possible qu'il y ait d'autres départs dans deux semaines, six mois ou un an, mais si on fait le résultat net, on crée davantage d'emplois en création et en production. »

Les spectacles actuels du Cirque sont-ils tous rentables ? Se pourrait-il que le Cirque mette fin à certaines productions parce qu'elles ne rapportent pas suffisamment d'argent ? « On est en croissance. Je ne vais pas me couper un bras et m'inventer des spectacles ! répond Daniel Lamarre. En ce moment, tous nos spectacles sont rentables. On a vendu un nombre record de 95 000 billets pour notre spectacle Toruk à Montréal. À Toronto, on a dépassé nos objectifs de vente. »

« On va réussir en affaires dans la mesure où on va produire les meilleurs spectacles, poursuit-il. Ça n'a rien à voir avec la finance. Ça a tout à voir avec [le Guide créatif] Jean-François Bouchard, par exemple, qui n'est pas exposé à l'aspect affaires de l'entreprise et qui jouit d'une pleine autonomie. Je le répète, notre vrai défi est créatif. Il est dans le contenu. »

Pour l'instant, la croissance du Cirque est positive, estime Daniel Lamarre. « Il y a toujours un danger quand il y a un changement de propriété, mais jusqu'à présent, la direction nous dit : faites plus de spectacles ! C'est positif, non ? Si j'ai un dollar à investir demain matin, je ne vais pas l'investir dans l'administration, je vais l'investir dans une idée de spectacle. Cette vision-là est partagée par Mitch Garber.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Daniel Lamarre