Un an après sa première escale à Montréal, la compagnie australienne Circus Oz est de retour avec son nouveau spectacle de cirque musical But Wait... There's More!, qui mettra en vedette une douzaine d'interprètes. La Presse s'est entretenue avec le directeur artistique de la troupe, Mike Finch.

Ça leur a pris 35 ans avant de se produire à Montréal. Mais avant même la fin des représentations de leur spectacle From the Ground Up, présenté à la TOHU l'an dernier, Mike Finch s'était engagé à revenir ici cette année avec son nouveau spectacle. Mieux, la troupe établie à Melbourne espère maintenant venir au Québec tous les deux ans.

«Oui, nous nous sommes beaucoup concentrés sur l'Europe, explique le directeur artistique de la troupe. On se disait qu'il y avait déjà beaucoup de cirque à Montréal. Mais quand la TOHU nous a invités, on est venus. Et il s'est passé quelque chose. Le public a bien réagi. On a eu l'impression d'un vrai dialogue culturel entre Melbourne et Montréal. On aimerait bien venir aux deux ans pour maintenir cet échange.»

Mike Finch estime d'ailleurs que Montréal et Melbourne suivent des trajectoires parallèles dans le monde du cirque contemporain. «Nous avons une école de cirque semblable à la vôtre. Circus Oz a aussi un centre d'entraînement qui n'est peut-être pas aussi gros que celui du Cirque du Soleil, mais qui est important. Et puis, il y a plein d'initiatives de cirque à Melbourne.»

Même s'il s'agit d'un nouveau spectacle, avec un nouveau titre, Mike Finch se plaît à dire que le Cirque Oz est un collectif qui peaufine le même spectacle depuis 36 ans. «Tous les trois ans, nous présentons une nouvelle version de notre spectacle, mais il y a toujours une certaine continuité. Évidemment, comme il y a toujours de nouveaux artistes qui se joignent au groupe, le spectacle change. Cette année, la moitié de la distribution est nouvelle.»

La consommation

Cette nouvelle version a été créée il y a moins d'un an à Melbourne. Le titre (But Wait... There's More!) est une référence aux spectacles de cirque où l'on harangue le public pour lui dire qu'il y a d'autres numéros à venir. Mais c'est aussi un clin d'oeil aux infopubs où l'on nous vend des trucs complètement débiles en nous disant: «Attendez, il y a plus encore...»

Le thème de la consommation sera récurrent dans ce spectacle où les numéros individuels et collectifs se chevaucheront. «C'est le fil rouge de la pièce, confirme Mike Finch. Nous avons décliné ce thème de différentes manières. On le verra aussi dans le jeu clownesque des interprètes et dans les textes que nous avons écrits en québécois. Justement pour établir des liens avec le public.»

Comme dans leur spectacle précédent, le thème de la diversité sera présent.

«Nos interprètes sont tous australiens, mais il y a aussi des artistes autochtones. Il y a toujours autant d'hommes que de femmes, mais les rôles ne sont pas du tout stéréotypés. Les femmes font des portés, par exemple. Nous sommes assez féministes en ce sens...»

Personnalité australienne

Circus Oz se targue d'avoir une signature tout australienne, une identité culturelle assez claire. À quoi reconnaît-on les Australiens?

«Je crois que les artistes de cirque australiens ont une présence très physique sur scène. Il y a aussi une irrévérence et une autodérision très australiennes. Ceux qui se prennent trop au sérieux se font remettre à leur place. Nos performances ne sont pas lisses. On ne vise pas nécessairement la précision et la perfection; on est beaucoup là pour s'amuser et interagir avec le public.»

Un autre trait distinctif de Circus Oz: la musique. Deux musiciens partageront la scène avec les interprètes, qui eux aussi joueront à certains moments de la représentation. «Il y a quelque chose du groupe rock excentrique, nous dit Mike Finch. C'est vraiment du cirque musical.» Le directeur artistique nous promet que les genres musicaux seront variés, passant du rock ou du hip-hop à la valse.

La force du groupe

Deux des segments marquants du spectacle, selon Mike Finch, sont des numéros de groupe. «Il y a un numéro de trapèze volant et de mât chinois où les 10 interprètes virevoltent dans une espèce de tempête qui évoque notre consommation frénétique. Je trouve intéressant de voir s'exprimer les personnalités individuelles des interprètes sur le même appareil.»

Les autres disciplines que l'on verra: jonglerie, hula-hoop, unicycle et vélo acrobatique, et un autre numéro d'anneaux chinois où les anneaux sont formés avec de la fumée. «On a hâte de vous présenter cette nouvelle mouture, dit Mike Finch. Surtout que, paraît-il, il fait assez chaud ces jours-ci à Montréal...»

À la TOHU, du 5 au 15 mars.