L'utilisation des drones gagne les arts du cirque. Après le cinéma, qui s'en sert maintenant pour filmer des plans aériens, voici que le Cirque du Soleil explore leur potentiel pour la scène dans un court métrage diffusé sur YouTube.

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Sparked a été discrètement mis en ligne par le Cirque du Soleil le 22 septembre dernier. 

On y voit un électricien travailler paisiblement dans son atelier jusqu'à ce qu'un fusible saute. Une dizaine d'abat-jour s'allument alors et se mettent à voler dans l'espace, au-dessus de la tête de l'artisan médusé. À la suite de ce ballet aérien, rythmé par la musique de Danny Elfman et dans lequel l'homme interagit avec les objets volants, les abat-jour retrouvent leur position d'origine.

Évidemment, l'abat-jour est l'habit de camouflage des drones - petits engins munis de quatre moteurs alimentés par une pile. Leur plan de vol est programmé par ordinateur. « Chaque mouvement est calculé par une courbe de vol, précise l'un des concepteurs du Cirque, Benjamin Dupont. Ils sont capables de s'adapter à ce qui se passe autour d'eux, pour ne pas entrer en collision avec d'autres engins.»

À ce jour, le film de cinq minutes a été vu plus de 525 000 fois sur YouTube. Dans les jours qui ont suivi sa mise en ligne, le projet du Cirque a été repéré par des médias électroniques comme Slate et The Huffington Post ou carrément relayé par des chaînes télé, notamment à l'émission Daily Planet à Toronto, selon la chef des relations publiques au Cirque, Chantal Côté.

Le projet du Cirque du Soleil a été réalisé en partenariat avec Variety Studios et l'Institut de technologie suisse ETH, établi à Zurich (l'équivalent du MIT à Boston), qui a fourni la technologie, les drones, les programmeurs et l'espace. Le film réalisé par Who's Mcqueen s'est fait très rapidement : conception au printemps, suivie de la fabrication des accessoires, du tournage et du montage pendant l'été.

«Ça nous a permis d'évaluer le potentiel de cette technologie dans une performance live, indique Benjamin Dupont, responsable de la scénographie. Le tournant, pour moi, a été de voir la chorégraphie des drones parfaitement synchronisée avec les mouvements de l'artiste. Sur le plateau de tournage, lorsque les abat-jour se sont posés à la fin de la performance, tout le monde a applaudi!» 

PHASE EXPLORATOIRE

Selon Chantal Côté, il n'est pas encore question d'intégrer cette technologie à un spectacle du Cirque. «Il s'agit d'un laboratoire d'exploration », insiste-t-elle. N'empêche, le Cirque admet que la réalisation de ce film a révélé le fort potentiel de cette technologie.

La prochaine étape du Cirque consistera à créer une interaction plus intime avec l'artiste, de manière à « soutenir une performance acrobatique », détaille Benjamin Dupont. Le concepteur, employé de la division des projets de recherche du Cirque, donne l'exemple d'un numéro d'anneaux chinois dans lesquels les acrobates s'élancent en plongeant.

«Nous pourrions imaginer une série de drones formant un cercle qui flotte dans l'espace et dans lequel les artistes pourraient plonger pour faire leur numéro, précise-t-il. Au lieu de ramasser les anneaux et de les replacer ailleurs dans une autre configuration, les drones pourraient reformer un cercle automatiquement. Les possibilités sont infinies...»