Il y avait de la fébrilité dans l'air hier matin dans le grand chapiteau du Vieux-Port, quelques minutes avant le dévoilement de la 35e production du Cirque du Soleil confiée à Michel Laprise.

Le Cirque avait convié les médias dans son quartier général à 11h11 pour leur présenter de longs extraits de sa nouvelle création Kurios, cabinet des curiosités. Des segments de près de 30 minutes d'un spectacle d'une durée totale de deux heures censé «arrêter le temps» afin de nous permettre de rêver mieux.

La Presse a ainsi pu voir le numéro d'ouverture du spectacle où les personnages de Kurios font leur entrée en scène à bord d'une locomotive. Chacun représente certaines des grandes innovations du XIXe siècle, dont l'homme-accordéon, la télégraphiste de l'invisible et l'homme-soufflet, symbolisant les premiers appareils photo.

Parmi eux, on retrouve le personnage central de Kurios, un chercheur «persuadé qu'il existe un monde dissimulé, invisible, où sommeillent les idées les plus folles et les rêves les plus grandioses». Les personnages qui débarquent dans son monde «bouleverseront son quotidien en y insufflant un soupçon de poésie».

C'est dans cet univers évoquant tous les objets épars que l'on retrouvait dans les «cabinets de curiosités», ces ancêtres des musées, que les 46 artistes de Kurios font leur apparition, dans un ballet acrobatique de groupe baptisé «chaos synchro» où les chorégraphies prennent le pas sur les acrobaties. Un choix qui semble se confirmer dans la facture d'ensemble.

L'esthétique n'est pas sans rappeler le très beau spectacle Iris que le Cirque a présenté à Los Angeles pendant deux ans. Cinq des artistes de Kurios en sont d'ailleurs issus.

Le metteur en scène Michel Laprise s'est dit «ému et triste» à l'idée de voir partir sa troupe en tournée après avoir décrit les derniers mois comme «de grands moments de bonheur». Il a indiqué en être à l'étape du «peaufinement». Que ce soit pour les transitions, le rythme du spectacle et la musique, composée par Raphaël Beau et le duo Bob & Bill.

Dans un deuxième extrait, nous avons pu voir un duo impressionnant de «cadre russe» où un porteur juché sur une plateforme fait virevolter sa partenaire qui multiplie les saltos. Les interprètes de ce numéro sont ukrainiens, tout comme la moitié de la distribution qui forme un important contingent originaire de Russie, de Biélorussie et d'Ukraine.

Les personnages fantasques ne sont jamais très loin, on parle ici des «habitants d'une autre dimension», des bibittes qui ressemblent à des abeilles baptisées les kurios.

Enfin, on a pu voir un très chouette numéro de rola-bola, une discipline d'équilibre où un acrobate colombien multiplie les figures d'adresse sur une planche déposée sur un échafaudage de cylindres et de boules. Cet interprète, qui fait une entrée remarquée à bord d'un petit avion à hélice, fait aussi des figures sur une structure en mouvement, puis en hauteur.

Michel Laprise a indiqué avoir fait l'économie d'appareils acrobatiques trop encombrants. Certains d'entre eux, comme dans le numéro de rola-bola, servent en effet à plusieurs fins. Dans ce cas-ci, il apparaît d'abord sous la forme d'un avion, puis d'une structure volante dans laquelle l'artiste exécute une partie de son numéro.

Kurios sera présenté dans le Vieux-Port de Montréal à partir du 24 avril. À Québec à partir du 24 juillet et à Toronto à partir du 28 août. Le spectacle ira ensuite en Californie, puis ailleurs aux États-Unis.

Photo: David Boily, La Presse