Tout le milieu du cirque s'est donné rendez-vous à la TOHU cette semaine pour assister aux deux spectacles de fin d'année des finissants de l'École nationale de cirque de Montréal. Une cuvée 2012 particulièrement douée pour les numéros aériens.

Le défi de l'École est énorme: créer un spectacle en moins d'un mois, à partir des numéros de fin d'année de chacun des 24 finissants... Les metteurs en piste ne se bousculent pas au portillon. Comme le veut la tradition, deux groupes de finissants ont été formés, appuyés par des élèves de deuxième année.

Le premier spectacle, Génération 2.0, a été confié à Anthony Venisse, celui-là même qui met en scène les Minutes Complètement cirque depuis deux ans. Le thème exploré: celui d'une génération branchée, un peu superficielle, bien ancrée dans le virtuel, qui peine à quitter le monde de l'enfance et à entrer dans le «vrai» monde.

Plusieurs bons flashes traduisent cet univers finalement un peu sombre, comme ces lumières bleutées qui scintillent dans les paumes des mains des interprètes, symbole de leur virtualité. On signalera aussi la présence d'un DJ et de deux funambules, qui créent un certain effet. Mais les numéros peinent à s'accrocher à ce fil conducteur, pourtant prometteur. Et les transitions, inégales, donnent des moments de flottement.

Cela dit, les performances des finissants qui se succèdent n'en sont pas moins époustouflantes, en particulier celles de Lauren Joy Herley à la corde lisse, de Sebastian Kann au cerceau ou encore de Bridie Hooper aux sangles, dans un numéro explosif. Je ne nommerai pas tous les autres, mais ils maîtrisent parfaitement leur discipline.

La flèche au coeur

Le deuxième spectacle, mis en piste par la danseuse et chorégraphe Estelle Clareton en tandem avec le directeur de création de l'École, Howard Richard, est minutieusement chorégraphié. Chacun des numéros a sa place. Tout est parfaitement lié par des transitions à la fois originales et pertinentes. Pourtant, le thème s'annonçait plus obscur et plus abstrait: la renaissance d'un groupe d'humains à la suite d'un drame...

Les performances acrobatiques sont toutes au point. La grande force de la mise en scène est d'avoir jouxté des numéros, comme celui de tissu et de sangles. Peu importe le numéro, le groupe n'est jamais très loin. On a l'impression d'assister à un tout cohérent, avec des personnages très attachants, comme ce clown-acrobate de deuxième année (Olivia Weinstein), à surveiller l'an prochain!

Plusieurs autres numéros sont remarquables, mais le clou du spectacle est sans conteste le duo de trapèze de Guilhem Cauchois et Sarah Tessier. Ce porteur d'origine française, doté d'une force prodigieuse, manie sa voltigeuse avec virtuosité. Une performance aussi marquante que celle de Rosalie Ducharme et Louis-David Simoneau, diplômés de 2010, qu'on a vus dans Totem, du Cirque du Soleil. On a comme l'impression qu'ils seront en demande, ces deux-là.

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Génération 2.0 et La flèche au coeur sont présentées en alternance jusqu'au 10 juin à la TOHU.