Samuel Charlton et Reuben Hosler se sont connus à l'école de cirque Circomedia, à Bristol, en Angleterre, il y a huit ans. Ils avaient respectivement 17 et 15 ans. Ni l'un ni l'autre n'avait fréquenté l'école avant. Par choix. Comment passaient-ils le temps? «Comme n'importe quel enfant en vacances», répond Samuel Charlton.

Candides et flegmatiques, voilà des mots qui décrivent bien ces deux oiseaux rares adeptes d'accrosport. Sam, l'athlétique, deux fois champion national de judo; Reuben, l'agile, formé très jeune en gymnastique et au piano. Après avoir touché à plusieurs disciplines, dont le trapèze et la jonglerie, ils ont décidé de faire équipe. Sam est porteur, Reuben voltigeur. Tout ça est affaire de constitution.

Ensemble, ils ont décidé de poursuivre leur formation en main à main à l'École nationale des arts du cirque de Rosny-sous-bois, en France, où ils ont été suivis par le Polonais, Ryszard Zaplata pendant deux ans. Après quoi, ils auraient pu commencer à travailler en Europe, mais les deux jeunes Anglais ont entendu parler de l'École nationale de cirque de Montréal. La perspective d'être formés par Sébastien Soldevila, un des cofondateurs des 7 doigts de la main, spécialiste de main à main, les a poussés à parfaire leur formation ici. Ce qu'ils ont acquis à Montréal? «La technique, répond Sam. On a un niveau technique très fort, qui nous permet de repousser les limites de notre discipline.»

Au fil des mois qui ont précédé la présentation de leur numéro final, Sam et Reuben ont mis au point plusieurs figures uniques, comme un salto arrière avec vrille et des rotations sur bras, difficiles à exécuter. Impossible de ne pas capter cette complicité qui unit les deux jeunes hommes pince-sans-rire.

Samuel a bien résumé sa relation à la fois simple et fraternelle avec Reuben, dans une courte présentation faite à l'École, le mois dernier : «Il y a huit ans, nous étions deux adolescents qui s'amusaient à faire des acrobaties. Nous sommes maintenant deux hommes... qui s'amusent à faire des acrobaties.»

La danseuse et chorégraphe Estelle Clareton a été leur conseillère artistique pendant deux ans. Son plus grand défi?: «Les pousser à définir leur univers, à clarifier leurs intentions, à prendre des décisions pour être en lien avec le public.»

«Ils ont un rapport fraternel intéressant, poursuit Estelle Clareton. C'est comme si leurs corps étaient faits pour se rencontrer. J'aime leur simplicité, leur humour fin, très british, Ils ne jouent pas les surhommes. Ils ont un lien d'égal à égal avec le public.»

Jérôme Le Baut a travaillé avec le duo pendant un an. La tâche principale de ce spécialiste de main à main - il avait un numéro dans Saltimbanco et Quidam, du Cirque du Soleil -, a consisté à parfaire leur apprentissage. «Leur grande force, c'est qu'ils ont une base très solide et une très bonne compréhension l'un de l'autre», dit-il.

Deux jours après la fin des représentations du spectacle des finissants à la TOHU (le 12 juin), Sam et Reuben se joindront au Cirque Éloize, où ils participeront à la nouvelle création de Jeannot Painchaud, dont la première aura lieu en août, au Festival des arts de la scène d'Helsinki, en Finlande. Ils tourneront pendant deux ans avec Éloize.