À partir du 23 février, Les 7 doigts de la main présenteront Loft pendant six mois au cabaret Chamäleon de Berlin. La Presse s'est entretenue avec Gypsy Snider, metteure en scène de la nouvelle mouture de cette pièce à l'origine de la formation des 7 doigts.

Raconter l'histoire de Loft, c'est bien sûr raconter celle des 7 doigts de la main.

C'était il y a 10 ans, dans le loft de Samuel Tétreault. Avec Shana Carroll, Sébastien Soldevila, Gypsy Snider, Patrick Léonard, Isabelle Chassé et Faon Shane, ces sept artistes de cirque un peu bohèmes ont eu envie de créer ensemble un spectacle à dimension humaine.

Sans savoir exactement dans quoi ils s'embarquaient, ils ont retiré leurs costumes de saltimbanques - plusieurs d'entre eux travaillaient pour le Cirque du Soleil -, pour créer ce spectacle contemporain et théâtral, fortement inspiré de la danse.

«C'est un spectacle sur sept amis qui habitent ensemble dans un loft, raconte Gypsy Snider. C'était bien sûr notre histoire. Mais c'était très symbolique pour nous de faire du cirque dans un lieu quotidien. Tout ce qu'on a fait après s'inscrit dans cet esprit d'intimité.»

Depuis sa création en 2002, Loft a été présenté un peu partout dans le monde avec ses 7 doigts d'origine. Mais la croissance fulgurante de la troupe, qui compte maintenant plus d'une centaine d'artistes sur ses spectacles La vie, PSY et Traces, a forcé les fondateurs à former une nouvelle équipe d'interprètes pour poursuivre l'aventure de Loft.

Cette nouvelle équipe, la troisième depuis la création, est toute jeune; ils sont tous dans le début de la vingtaine. Deux Américains, deux Anglais, deux Canadiens et un Allemand sont les sept nouveaux colocataires du loft. Ils répètent depuis le 10 janvier, autant dire depuis hier matin.

Le scénario de ce nouveau Loft est le même que celui de 2002, mais il a été adapté aux interprètes. «Ça fait longtemps qu'on voulait le refaire avec une nouvelle équipe, ajoute Gypsy Snider. On est restés dans le même univers, mais la musique a été changée, on a revu les chorégraphies et remplacé des numéros. On s'est adapté aux jeunes interprètes.»

On s'en souvient, les spectateurs étaient invités à rentrer dans le «loft» par la porte d'un frigo. Ils traversaient la scène, croisaient les artistes qui étaient tous là, en sous-vêtements, puis ils allaient s'asseoir dans leurs sièges. «On passe de l'univers du spectacle à celui du quotidien. C'est un antispectacle qui devient un spectacle», précise Gypsy Snider.

Parmi les numéros aperçus lors du premier enchaînement de la troupe, le week-end dernier: tissu, trapèze ballant, sangles aériennes, équilibre, etc. Ainsi que plusieurs chorégraphies collectives. La Russo-Canadienne Anna Kitchenko (qui fait un numéro d'équilibre et de contorsion très inventif) et l'Américain Jacob Stein Sharpe (jonglerie et diabolo) sont particulièrement éblouissants.

«C'est très émouvant de voir ces jeunes-là s'approprier le langage de Loft», confie Samuel Tétreault. «Ce qui est touchant, c'est de voir la complicité qui se crée entre eux, ajoute Gypsy Snider. C'est un travail de groupe, et c'est un peu notre marque.»